Algérie - Revue de Presse

«Ennousour» joue du Shakespeare à Bechar


Hamlet vient de Tindouf Décidément, les troupes théâtrales du Sud n’en finissent pas d’étonner le public béchari. Après le passage très remarqué de la troupe d’Adrar qui a présenté, l’été dernier, «Edarawiches», voilà que la troupe «Ennousour» de Tindouf remonte vers le Nord en faisant escale à Bechar avec «Hamlet» de William Shakespeare, adaptée en arabe par l’Irakien Jabra Ibrahim Jabra.A Tindouf, le théâtre ne chôme pas. Une autre troupe nommée «El Melka» a été couronnée au dernier festival du théâtre professionnel pour sa présentation de la pièce de Samuel Beckett «En attendant Godot». Mercredi dernier, sur les planches de la maison de la culture de Béchar, «Ennoussour» ont joué un tour de force et non des moindres en s’attaquant de front à ce qu’il y’a de difficile dans le théâtre shakespearien, «Hamlet». Ce n’est pas pour rien qu’André Suarès réunit «Hamlet, avec Timon, Macbeth, le roi Lear, le noir Othello»: ces «Titans se dressent sur l’horizon et portent le ciel de la tragédie». Cette pièce fait aussi partie du triptyque «Hamlet, Othello, Macbeth» qui caractérise la «période sombre» de william Shakespeare. L’œuvre présentée est une adaptation de l’Irakien Jabra Ibrahin Jabra, mise en scène par Abdelhalim Zribiî. C’est là que le proverbe «Traduire c’est trahir» trouve pleinement son sens. Le texte original a été purgé, bourré de contresens, d’approximations douteuses, de formules embarrassées et autres erreurs. Cependant la mise en scène est à saluer quand on sait que Shakespeare n’a pas conçu ses pièces selon la structure en actes et en scènes. Autre changement dans la distribution. La pièce de Shakespeare compte pas moins d’une cinquantaine de personnages, celle présentée par la troupe «Ennousour» est basée sur quatre. Le coup de force évoqué revient au fait qu’une tragédie qui se déroule dans la froideur d’un château danois soit transposée à la chaleur du grand sud algérien. Dépaysement des lieux, du climat et des mœurs. La pièce «Hamlet» est un régicide à double détente qui frappe d’abord le roi légitime puis cet autre roi usurpateur revêtu de tous les signes de la légitimité. Hamlet, balancé entre le «être ou ne pas être», l’absurde et le néant, part en quête de la justice et de la vérité. Bien plus que la vengeance et la justice, la vérité est l’objet de la recherche d’Hamlet. C’est très consciemment que Shakespeare a fait de lui le héros, le saint et le martyr de la vérité. Boughennama Ismaïl, Benhadid Idris, Amari Zohra et Ismaïl Ahmed qui se sont montrés capables de taquiner la tragédie, regrettent, faute d’effets spéciaux, de ne pouvoir explorer à fond la scène où le spectre du roi assassiné révèle à Hamlet l’identité de son assassin. Messaoud Ahmed
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