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"L'Algérie a tourné le dos aux principes convenus à Ifri"



A l'occasion de la célébration de la Journée du moudjahid coïncidant avec la date de la tenue du congrès de la Soummam, ce militant et moudjahid de la première heure qui a abandonné ses études secondaires pour se consa-crer à la cause nationale, nous parle de ses souvenirs de cette guerre atroce et les sacrifices consentis pour que vive l'Algérie d'aujourd'hui. Une Algérie regrette-t-il, qui a tourné le dos aux principes de la plate-forme de la Soummam. Si Ouali Aït Ahmed exprime aussi sa tristesse de l'ingratitude des Algériens envers la femme algérienne qui a payé un lourd tribut pour l'indépendance et surtout la poursuite de la guerre après les effets dévastateurs sur les maquis de l'ALN par l'opération Jumelle qui a décimé les deux tiers des effectifs des moudjahidine. Nous l'avons surtout laissé parler.L'Expression: 60 ans après la tenue du congrès de la Soummam, que représente aujourd'hui pour vous cette date'Ouali Aït Ahmed: Merci à votre journal. Permettez-moi, puisque vous me donnez l'occasion de m'exprimer dans votre journal, d'axer ma discussion surtout sur le rôle d'Abane Ramdane dans l'organisation de cette rencontre qui a façonné la révolution. Permettez-moi aussi de remettre un peu les choses à leur vraie place. D'abord, je tiens à faire savoir que c'est grâce à la ténacité des moudjahidine, à leur tête Si Amirouche que le congrès de la Soummam a pu se tenir. Après «l'incident du mulet» qui a contraint les organisateurs à revoir le lieu du congrès qui devait se tenir initialement à la Kalaâ des Béni Abbès, c'est Amirouche Aït Hamouda qui a dit que le congrès aura lieu et qu'il se chargeait de son organisation. Sa stratégie était de dérouter les positions ennemies pour faire diversion sur le lieu qui abrite le congrès à Ifri. Puis, je tiens aussi à apporter les preuves que c'est Abane Ramdane qui a été l'architecte de la Révolution, malgré les supputations de ses détracteurs «posthumes». La ronéo qui a servi à l'impression de l'appel du 1er-Novembre 1954 lui appartient et c'est lui qui a instruit Fernane Hanafi de la ramener de sa maison à Alger vers Tizi Ouzou. C'est une fois la machine à Oued Aïssi que trois militants d'Aït Abdelmoumen l'ont acheminée vers la maison d'Ali Zamoum.Est-ce que son rôle se limitait à l'organisation'Non, justement! Abane se chargeait même de cadrer les principes généraux. Les idées qui ont structuré l'hymne national, c'est lui qui les a transmises à Moufdi Zakaria. Pour Abane, la révolution était au sein de notre société alors que la guerre se faisait contre le colonialisme.La révolution était dirigée contre les archaïsmes et tout ce qui a fait des Algériens un peuple colonisable, mais la guerre avait pour but la libération de tout un peuple du joug colonial. Abane défendait le fait que celle-ci ne soit pas une guerre de religion.Pouvez-vous nous parler du rôle de la femme dans l'organisation du congrès de la Soummam'Pas spécialement spécifique, mais permettez-moi de retracer un peu le processus d'évolution de ce rôle à travers différentes étapes de la guerre d'indépendance. D'abord, je tiens à dire que les Algériens de l'après-l'indépendance sont ingrats envers la femme algérienne. Au début, la femme algérienne devait porter le secret de l'activité militante et armée du mari ou du fils au sein de la petite famille. Un rôle difficile, mais dont les effets ne sont pas encore palpables. C'est après le congrès de la Soummam que la femme hérite d'un rôle plus grand. Les maquis se structuraient et nécessitaient des techniques d'intendance.La femme devait alors assurer le ravitaillement des maquis en nourriture, habillement et autres nécessités. Le travail était délicat car si une femme se faisait arrêter, c'était le supplice de la torture qui l'attendait. Les moudjahidine dispersés en petits groupes attaquaient des positions ennemies grâce aux renseignements obtenus par les femmes justement et transmis par des moyens géniaux.Pour conclure, cette aimable discussion permettez-moi de dire que seul le retour aux principes de la Soummam pourra amener l'Algérie au développement souhaité par les martyrs qui ont donné leurs vies.L'Algérie à laquelle rêvaient nos martyrs était une Algérie algérienne. Je me la représente comme un arbre dont le tronc était justement l'Algérie de tous les Algériens.Les amazighophones et les arabophones ne sont que des branches de cet arbre. Vive l'Algérie! Vive les martyrs!


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