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"La langue arabe classique n'est native de nulle part et sa socialisation est donc impossible"





"Il faut aller vers un bilinguisme positif avec le couple berbère et maghribi, qui est dit aussi la daridja, qui sont les deux langues natives des Algériens, et même de tout le Maghreb", a plaidé le linguiste algérien et auteur de plusieurs ouvrages, Abdou Elimam, lors d'une conférence qu'il a animée, hier, à l'université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou.Pour ce linguiste natif d'Oran, "il était temps de réfléchir ensemble sur une perspective qui lie les sorts de ces deux seules langues de ce pays", car a-t-il expliqué, "elles constituent un patrimoine millénaire et elles se reproduisent depuis des siècles, quels que soient les pouvoirs et les puissances". Pour lui, même si ces deux langues, le berbère et le maghribi, sont restées étanches l'une à côté de l'autre, il n'en demeure pas moins qu'elles ont le même univers imaginaire et qu'elles pourraient surtout avoir un impact important sur l'émancipation identitaire, culturelle et psychologique des populations des pays du Maghreb. Tout en soulignant que le Maghribi est à très faible contenance arabe puisque, a-t-il ajouté, elle est constituée à 60% de substrat punique, le conférencier, qui intervenait devant une poignée d'universitaires à l'auditorium que les étudiants ont appris depuis belle lurette à tronquer contre des bains de soleil à l'extérieur, a considéré que "la langue arabe classique n'est native de nulle part et que sa socialisation est donc impossible". Elle est même source d'échec, notamment scolaire, a-t-il jugé, lui qui considère que l'arabisation n'a ramené que des coquilles vides.Pour étayer son analyse, le chercheur en linguistique a cité plusieurs études scientifiques montrant l'importance des langues natives dans la réussite scolaire. Il a cité, entre autres, une étude de recherche de la Banque mondiale qui a prouvé la réussite de 70% de ceux qui ont débuté leur scolarité dans les langues natives. Il cite, également, une étude qui a mis clairement en évidence l'échec scolaire en arabe classique en Palestine. Concernant le cas Algérie, Abdou Elimam cite une enquête effectuée par les Américains durant les années 1962 et 1963 et qui ont préconisé vivement de prendre en considération les langues natives en Algérie. Aujourd'hui encore, a-t-il insisté, aller vers un bilinguisme berbère-maghribi est une nécessité historique.Samir LESLOUS
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