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Anbat Abderrezak. Président de l’Association des retraités de l’éducation de Blida «Dans notre métier, on est enseignant jusqu’à la mort»



Anbat Abderrezak. Président de l’Association des retraités de l’éducation de Blida «Dans notre métier, on est enseignant jusqu’à la mort»




- Pourquoi avoir créé cette Association des retraités du secteur de l’éducation?

Le retraité, n’étant plus sur le terrain, est oublié par le secteur dont il a dépendu pendant plus de trente ans. Ni ses anciens responsables ni les syndicats ne se soucient de ses problèmes. Ecarté par la force des choses, il a intérêt à se prendre en charge. Il n’y a qu’un retraité pour ressentir ce que les autres retraités endurent.

- Quels types de problèmes rencontrent les retraités du secteur?

Les retraités sont souvent malades: diabète, tension… Ils ont passé toute leur vie professionnelle sous la pression. La prise en charge n’est pas toujours assurée. Nos droits ne sont pas respectés.

Quand vous vous présentez aux œuvres sociales et qu’on vous répond que, parce que vous êtes retraité, vous n’avez pas droit à tel ou tel avantage, vous vous sentez trahi.

Ce sont justement les retraités qui ont le plus cotisé, ils doivent pouvoir bénéficier des mêmes avantages que ceux qui travaillent encore, si ce n’est plus! Dans notre métier, on est enseignant jusqu’à la mort, on continue à vous appeler «cheikh» jusqu’à la fin.

- Que faites-vous, concrètement?

En attendant d’avoir les moyens d’atteindre notre vitesse de croisière, nous faisons du social… Nous rendons visite à nos collègues malades. Ça les réjouit. L’un d’entre eux nous a dit, la dernière fois: «Vous venez de me donner la preuve que je suis encore vivant!»

- Et pour ce nouveau départ?

Aucune aide d’où que ce soit! Nous n’avons, comme seule rentrée, que les cotisations des membres, et c’est loin d’être suffisant. Nous attendons que les autorités locales, la wilaya, nous aident, sinon, nous ne pourrons jamais décoller.

- Quelles sont vos priorités?

Certains de nos collègues sont menacés d’expulsion de leur logement de fonction qu’ils ont occupé pendant toute leur carrière.

Madame la ministre a déclaré que le problème va être étudié au cas par cas...

Oui, mais sur le terrain, ce n’est pas aussi facile. Tenez, nous avons, à Boufarik, deux cas, un directeur d’établissement et un gestionnaire, au CEM Bendar, ils n’ont pas bénéficié d’un autre logement, et la tutelle leur a signifié d’évacuer les logements de l’établissement.

Où vont-ils aller? Autre chose: les enfants d’enseignants ont droit à des manuels gratuits, dès que le fonctionnaire prend sa retraite, ce droit disparaît… pour certains responsables trop zélés.

- Vos souhaits?

Que les retraités soient représentés au niveau des œuvres sociales, par exemple. Le local qu’on nous attribué ne nous permet pas une totale autonomie, nous ne pouvons l’utiliser que le samedi pour ne pas gêner les élèves de cet établissement pendant les jours de classe.

Nous espérons un autre plus adéquat et plus fonctionnel: un bureau et une salle de réunion, par exemple au niveau de Dar El Mouâlim, qui n’est plus utilisé.

Pourquoi ne pas ouvrir une «branche» au niveau du ministère de l’Education nationale, les retraités, avec leur capital expérience, peuvent donner un sacré coup de main à l’école. En aidant bénévolement l’école à progresser et leurs jeunes collègues à s’aguerrir dans le métier, ils se sentiront encore utiles et vivront mieux leur retraite.

Un dernier mot?

Nous appelons toutes les wilayas à nous emboîter le pas. A plusieurs et unis en fédération, nous pourrons couvrir tout le territoire et aider même dans les endroits les plus reculés du pays, là où on a besoin de nos services.


Mohammed Rahmani

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