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Devant de nombreux points de vente du lait en sachet il devient presque banal de voir des files interminables de clients prendre leur mal en patience pour décrocher 2 sachets, parfois même 1 seul, «pour contenter tout le monde», déclarent certains commerçants. Il n'est pas rare aussi d'entendre des pères de famille dire «je me suis procuré quelques sachets en sortant de la mosquée après la prière d'El Fadjr». D'autres encore avouent : «Moi, je n'ai pas ce genre de souci puisque tel commerçant est un ami ou un proche, tous les jours, j'ai mon quota qui m'attend.»Ce qui devient banal aussi c'est que en plusieurs endroits à travers plusieurs communes de la wilaya, le sachet est vendu au marché informel en grande quantité, quotidiennement et toute la journée. Par exemple à Miliana, au vu et au su de tous on le trouve à 35 DA voire plus alors que son prix officiel, produit soutenu, est à 25 DA, soit un bénéfice net de 10 DA par litre, un bénéfice que ne réalisent ni l'entreprise qui le produit, ni le distributeur, ni même le commerçant honnête qui paie ses impôts. A propos de détaillants, nombre d'entre eux imposent la vente en concomitance à raison de deux sachets de lait avec un sachet de petit lait, de lait caillé ou d'un lot de yaourts en faisant valoir aux clients que cette pratique leur est imposée par le distributeur, lequel fait à son tour valoir que c'est l'usine qui impose elle-même cette pratique.
Cependant, selon l'enquête que nous avons menée, les produits dérivés imposés ne sont pas fabriqués par l'unité Giplait mais par d'autres unités industrielles, ce qui innocente Giplait de cette pratique interdite.
Cependant, toujours selon nos informations, certains, pas tous heureusement, se livrent à cette pratique car la marge bénéficiaire que dégagent ces produits dérivés est 10 à 15 fois supérieure à celle que dégage la vente du lait.
A noter que le prix/usine du sachet de lait d'un litre est fixé à 23,20 DA et que le distributeur agréé le revend à 24,10 au détaillant. On signalera que nombre de ces distributeurs conventionnés avec l'unité de production, dont le nombre varie entre 140 et 150, trouvent que cette tarification n'est pas du tout équitable du fait que la même marge bénéficiaire est accordée à celui qui sert les détaillants de Arrib même (où se trouve l'usine) que celui qui sert les détaillants de Bathia à 100 km de l'usine par tous les temps ou Tarik-Ibn-Ziad, où celles situées à l'extrême est et sud-ouest de la wilaya.
Est-ce donc que l'offre est devenue insuffisante ' C'est sans doute un des facteurs de cette tension, car selon les informations que nous avons pu récolter auprès de différents services, l'unité Giplait de Arrib a une production moyenne de croisière de 295 000 l/j avec une dotation de poudre de lait octroyée par le groupe Giplait de 800 tonnes/mois. Ce sont des quotas ciblés et calculés sur la base d'une étude du marché qui prend en compte chaque commune, une étude qui fait ressortir que les besoins de la wilaya sont estimés entre 160 et 180 000 l/j, même s'il semble que le facteur augmentation de la démographie n'a pas été pris en compte.
En principe, la production mise en vente devrait suffir largement à toute la population de la wilaya et serait même excédentaire. Mais il faut savoir que l'unité de Arrib contribue à alimenter aussi 4 autres wilayas, à savoir Chlef, Médéa, Tipasa et Blida. Par ailleurs, en réaction aux difficultés à se procurer le lait en sachet, les consommateurs se rabattent sur le lait en poudre conditionné mais beaucoup de ceux qui ont opté pour cette alternative se sont heurtés à la hausse de son prix, à raison de 290 DA la boîte de 500 g ; en plus, dit-on, d'une odeur désagréable qu'on lui prête et de son goût qui n'est pas apprécié, selon les affirmations de certains.
Pour réguler le marché, la DCP (Direction des contrôles des prix), en réponse à 72 plaintes de citoyens en a solutionné 67 d'entre elles, selon un communiqué de cet organisme. Les éléments de la DCP ont procédé à 867 interventions qui ont abouti à l'établissement de P-V et la saisie de 3 413 sachets de lait, la fermeture par mesure administrative d'un commerce avec l'autorisation du wali ainsi que la dénonciation de 4 conventions avec différents distributeurs pour diverses infractions à la réglementation en matière de commerce.
Cependant, malgré les sanctions, il est aisé de constater que la vente de produits dérivés du lait, non seulement ne régresse pas mais au contraire elle se généralise et se banalise au grand dam des instances de régulation des prix, avec du lait vendu à 30, 35 et même 40 DA le sachet. Au bout de la chaîne c'est le consommateur qui en fait les frais.



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