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Beaucoup d'argent pour rien



Les citoyens de Bouira ne comprennent toujours pas pourquoi le centre d'imagerie médicale de l'hôpital Mohamed Boudiaf ne fonctionne pasA maintes reprises l'administration de wilaya s'est réfugiée derrière l'argument du manque de spécialistes en radiologie.
Parce que chacun peut s'y rendre à n'importe quel moment de son existence, les structures de santé relevant du secteur public sont sujettes au moindre couac, à la colère et à la vindicte populaire. L'Etat et ce n'est un secret pour personne a investi beaucoup d'argent dans la dotation en équipements et en réalisation de structures. L'impact sur le citoyen et sa prise en charge laissent à désirer. Où réside alors le décalage entre les deux donnes qui se contredisent' En abordant le sujet, même les professionnels de la santé font le même constat. A l'ère de la vitesse, de l'informatique, des inventions de plus en plus précises, nos structures de santé avancent à pas de tortue. Le décor et l'allégeance aux supérieurs ont fini par devenir une règle. Les citoyens de Bouira ne comprennent toujours pas pourquoi le centre d'imagerie médicale de l'hôpital Mohamed Boudiaf ne fonctionne pas. Doté d'un scanner, ce centre n'assure pas une activité normale. Certes et à maintes reprises, l'administration de wilaya s'est réfugiée derrière l'argument du manque de spécialistes en radiologie. Pour étayer cette thèse, on n'hésite pas à avancer que le problème est d'ordre national. La parade est vite trouvée par le citoyen qui se demande pourquoi parler d'un scanner quand les conditions pour un bon fonctionnement ne sont pas réunies. Un scanner ce n'est pas seulement un gros appareil, dans de beaux locaux. C'est surtout une équipe hautement qualifiée, tout un personnel puisque la structure est classée établissement sanitaire spécialisé comme le stipule l'organigramme portant classification des établissements établi en 2007 mais qui est resté lettre morte. On ne devait acquérir le matériel qu'après avoir prévu le personnel. Un centre de cette envergure nécessite au moins trois radiologues permanents pour pouvoir assurer un fonctionnement permanent et surtout les gardes qui restent le maillon faible au niveau de la structure publique. Récemment et coïncidant avec la nomination d'une nouvelle directrice de la santé et de la population, un exécutif a été dédié au secteur. Tout le monde s'est accordé à dire que l'impact sur le citoyen reste minime au regard des sommes et budgets consentis jusque-là. Parmi les grands projets réalisés nous citerons la réhabilitation de l'hôpital de Sour El Ghozlane qui a coûté 13 milliards 500 millions de centimes; le centre d'hémodialyse de la même ville pour 9 milliards, des polycliniques à Bouira, Oued El Berdi, Bordj Okriss... pour Bouira l'EPH Mohamed Boudiaf conformément à la décision 07/140 du 19 mai 2007 portant réorganisation du secteur de la santé, compte un laboratoire central d'analyses, un centre de transfusion sanguine, un service de radio-scanographie, un service d'épidémiologie, un service d'hémodialyse doté de 22 générateurs, un service de médecine légale, une pharmacie et un service du Samu et récemment ouvert un service d'oncologie. Cette structure, qui couvre plusieurs communes, a fait l'objet d'un important marché pour la réalisation de six blocs opératoires, d'une remise à niveau du service des urgences pour ne citer que ces deux grandes opérations. Malgré cet effort, cette volonté de se rapprocher du citoyen en réalisant les structures dans les coins les plus éloignés, il reste que la demande continue à être plus importante que l'offre et il n'est pas rare de voir une famille faire des kilomètres pour aller consulter un médecin.
L'hôpital de Aïn Bessem à titre d'exemple couvre 17 communes de la région ouest de la wilaya. S'agissant toujours des points noirs soulevés lors de la réunion, le retard accusé dans la réalisation de deux importantes structures que sont les hôpitaux de M'Chedallah et celui de Bordj Okriss. Là le premier responsable a été catégorique et a instruit la directrice pour «mettre le paquet» et faire de ces structures une priorité absolue. Même remarque pour l'EHS mère et enfant de Bouira qui vient de faire l'objet d'un dégel. «Il ne faut plus temporiser au risque de retomber dans la même erreur du passé qui a coûté l'annulation du projet», commente un responsable du secteur. Dans le registre des dysfonctionnements dus surtout à l'existence d'un service d'accueil et d'orientation, le service des urgences. A ce niveau les responsabilités sont partagées par l'administration mais aussi par les patients. Le manque de moyens et le déséquilibre engendré par ce manque, comparativement au flux et aux sollicitations quotidiennes. Le service des urgences pour sa part tourne et est la scène au quotidien d'altercations entre les malades et les personnels. Toutes les portes de ce service portent les stigmates de patients qui perdent leur sang-froid quand ils se présentent pour tel ou tel bobo. Le manque de personnel paramédical reste le justificatif le plus en vue présenté par les responsables. La charge de travail qui pèse sur ceux en poste reste immense. Le comportement des citoyens aussi n'est pas toujours correct. Chaque malade qui se présente au service est souvent accompagné par plusieurs personnes qui s'agglutinent devant les accès, obstruent les couloirs et «deviennent l'espace d'un moment des médecins en promulguant des conduites à suivre». Les personnels manquent de tact et ne savent pas recevoir les malades. Au lieu de sourire à la face des malades, les soigneurs affichent une mine renfrognée et n'hésitent pas à nier la présence de toute personne qui leur adresse la parole. Les médecins, les infirmiers travaillent dans des conditions lamentables quand les patients pour leur part crient au scandale. Pour ne pas cracher dans la soupe, reconnaissons que les pouvoirs publics ont fait des efforts colossaux en matière de réalisation d'équipements. Des opérations de réalisation, de rénovation, de réhabilitation sont inscrites çà et là avec un souci d'équilibre et la volonté aussi de toucher le maximum de citoyens. Un autre service souffre et embarrasse tout le monde. Il s'agit de l'EHS maternité doté de 64 lits. Un Etablissement hospitalier spécialisé est par définition une structure pourvue de son personnel spécifique. Actuellement, de simples généralistes assurent les gardes. Même si Bouira, dans le cadre de l'investissement particulier, s'est dotée de trois cliniques privées qui pallient le manque, tous les malades n'ont pas les moyens financiers pour se diriger vers ces structures privées. Là aussi le ministère de tutelle est désigné du doigt parce qu'il n'a pas appliqué le fameux texte décidé par l'Exécutif et approuvé par les parlementaires en 2007. En attendant des jours meilleurs, les Bouiris espèrent toujours voir un CHU ouvrir ses portes dans une ville devenue une périphérie d'Alger et traversée sur 100 km par l'autoroute Est-Ouest.



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