Algérie - Agroalimentaire

Biskra - LSudaco ambitionne de devenir une technopole de la datte




Biskra -  LSudaco ambitionne de devenir une technopole de la datte




Seule et unique entreprise publique algérienne activant actuellement dans l’exportation des dattes et de ses produits dérivés, Sudaco SPA est une rescapée du plan de restructuration des biens de l’Etat, initié dans les années 1990, qui a vu le démantèlement de dizaines d’unités de production industrielle et d’entreprises. Elle était rattachée à l’Office national de la datte (OND), lui-même issu de la restructuration de l’Office des fruits et légumes d’Algérie. (OFLA) qui possédait 7 unités de conditionnement et d’exportation de dattes implantées dans les principales zones phœnicicoles du pays. Située à Biskra, en bordure de la gare, la Sudaco couvre actuellement 5 ha, avec des ateliers de travail, des entrepôts frigorifiques d’une capacité de 5.000 m3 et un bloc administratif.

Elle emploie 120 personnes, dont 75 saisonniers, qui sont en majorité des jeunes filles, «car celles-ci sont les seules à pouvoir méticuleusement et patiemment nettoyer, trier et agencer les dattes dans les barquettes», relève Youcef Ghemri, PDG de la Sudaco, qui déplore au passage le déficit en main-d’œuvre qualifiée. Il ambitionne de recruter et de former 130 autres employées afin d’augmenter son volume de traitement des dattes.

«Avec l’augmentation des quantités de dattes produites, la Sudaco a du travail pour toute l’année, contrairement aux opérateurs privés», nous apprend-il. Une trieuse de dattes perçoit seulement 16.000 DA par mois. Un salaire qui ne risque pas d’attirer grand monde, notera-t-on.

Un produit encore sous-exploité

La datte, succulente baie des régions arides, est un produit miraculeux du Sud algérien.

«Encore sous-exploitée», relève notre interlocuteur.

L’Algérie en a produit la saison écoulée environ 900.000 tonnes, dont 50% de Deglet nour dans la commune de Tolga et les oasis environnantes. Sudaco a la capacité de traiter 5.000 tonnes de dattes par an et d’en exporter autant principalement vers les marchés d’Europe de l’Ouest et de l’Est, les Amériques et l’Asie.

En plus du conditionnement et de l’exportation des dattes, la Sudaco possède une chaîne de fabrication de pâte de datte. Un produit issu de la datte, prisé par certains clients étrangers, qui l’utilisent pour la confection de pâtisseries, de gâteaux et de friandises fourrées, tandis que les entreprises algériennes activant dans l’agroalimentaire le délaissent royalement, selon le PDG de la Sudaco.

Le marché mondial peut absorber 700.000 tonnes de dattes par an, et les besoins en dattes augmenteront exponentiellement chaque année, selon les perspectives tracées par les spécialistes. L’Algérie a des potentialités certaines dans ce domaine et a un rôle à jouer dans l’approvisionnement du marché international de la datte, de laquelle un incroyable éventail de produits de grande consommation peut être extrait.

Ayant acquis une expérience certaine et un savoir-faire en matière de production de dattes et de ses produits dérivés, la wilaya de Biskra et tout le sud du pays recèlent des potentialités sans limites dans ce domaine, reconnaît-on. Seulement, toutes ces compétences sont éparpillées et souffrent d’un manque de coordination et de collaboration. La réunion dans un même espace de tous les intervenants de la filière dattes, producteurs, spécialistes universitaires et chercheurs en agronomie, commerçants et exportateurs, donnerait à ce fruit la place, l’importance et la valeur qui lui reviennent réellement dans l’économie nationale et internationale.

Pour une technopole de la datte

Pour rassembler toutes ces compétences travaillant chacune de son côté dans les instituts de recherche en agronomie et de développement des zones arides, l’université et sur les exploitations agricoles, une idée trotte dans la tête de notre interlocuteur. Celle de convaincre le conseil d’administration de la Sudaco, les autorités locales de Biskra, le ministère de l’Agriculture et celui des Finances, d’unir leurs efforts pour créer une technopole dédiée à la datte à Biskra.

Cette structure serait bâtie sur les immenses terrains de la Sudaco et renfermerait tout ce qui concerne la datte, son histoire et sa culture en Algérie, en passant par les nombreux produits que l’on peut en extraire avec les procédés validés et le matériel utilisé, dans des ateliers de conditionnement modernes et sophistiqués et des laboratoires de recherche afin d’affiner les variétés et de définir les meilleures conditions de conservation.

Il faudra aussi créer une plateforme logistique qui n’existe pas encore pour pénétrer de nouveaux marchés et offrir ces produits aux marchés africains, asiatiques et européens.

«30% des dattes jetés au rebut sont bonnes pour l’industrie de la transformation, qui sont un produit calorifique et nutritif mangé à l’état brut ou consommé sous forme de sirop, de jus, de farine pour les enfants, de yaourt ou de fruit confits ou fourré d’amande, de noix ou de cacahuètes. Il est inconcevable de voir des étrangers s’intéresser à nos produits, alors que les industriels nationaux ne semblent pas encore avoir pris conscience des enjeux et des possibilités offertes par les dattes», se désole Youcef Ghemri, en ajoutant que pour lui c’est «une aberration que l’Algérie soit classée 10e au rang des pays exportateurs de dattes, alors que la France et la Tunisie, ne possédant pas un patrimoine aussi important que celui de l’Algérie, la devancent de loin.»

Un fait qu’il voudrait voir s’inverser pour replacer l’Algérie dans le trio de tête des pays producteurs et exportateurs de dattes.

Hafedh Moussaoui

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