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Captive sans éclats de Habib Tengour inaugure la collection Masrah d'




Captive sans éclats de Habib Tengour inaugure la collection Masrah d'
L'écrivain et poète algérien Habib Tengour interroge la mémoire douloureuse des années quatre-vingt-dix dans Captive sans éclats, un texte de théâtre paru aux éditions Apic, mettant en scène le huis clos d'un couple stérile sous la menaceimminente d'une attaque terroriste. À l'intérieur d'une maison d'un «gros bourg de l'Ouest algérien dans les années 1990», Djohra et Miloud, un vieux couple sans enfant, ont recueilli dans une chambre une jeune fille, échappée du maquis, dont ils ignorent l'identité et les circonstances de la fuite et que les ravisseurs sont sur le point de retrouver en attaquant le village. Àtravers le dialogue qui s'installe entre les deux personnages principaux, l'auteur évoque plusieurs réalités sociales de l'époque, comme l'influence sur les mentalités du discours religieux extrémiste de certains imams, à l'exemple de cheikh Bou-Azza, véritable maître à penser de Miloud, ou encore les traumatismes liés à la Guerre de Libération, encore vifs dans la mémoire meurtrie de Djohra. Ainsi, le lecteur assiste à la longue agonie de Miloud qui, peu à peu, sombre dans la folie et découvre la puissance du désir maternel de Djohra, prête à tout sacrifier pour cette jeune fille qu'elle voit comme «un don de Dieu». Ce texte de 37 pages, à la fois concis et puissant, a la particularité de ne jamais donner la parole à la victime ni même de la faire apparaître à aucun moment, un choix esthétique qui augmente la tension dramatique de la pièce. Rencontré par l'APS lors du dernier Festival national du théâtre amateur de Mostaganem (24-31 août), Habib Tengour a fait part de sa volonté de «laisser une grande part de suggestion» en choisissant de ne pas montrer ni faire parler la fille dans sa pièce.Cette absence d'image et de parole de la victime n'enlève rien, selon lui, à ladimension «cathartique de la pièce», écrite dans un souci «de travail de mémoire» qui «passe par le quatrième art, capable d'exorciser les douleurs de cette époque», a-t-il estimé. Terminée en 2012, Captive sans éclats sera mise en scène en français et en arabe par la troupe mostaganémoise El-Moudja, sous ladirection de son fondateur Djilali Boudjemâa, a indiqué l'auteur. Captive sans éclats est, par ailleurs, suivie de L'impromptu de Tigditt, une pièce comportant des allusions au théâtre traditionnel El-Halka, écrite en hommage au grand dramaturge algérien Ould Abderrahmane Kaki. Cette pièce sur le militantisme des hommes de théâtre algérien durant la colonisation française, relate les échanges entre un metteur en scène et ses comédiens sur une place de Mostaganem, ville natale de l'auteur et de Kaki. Elle évoque également, durant ces échanges, le procès, en novembre 1951, de nationalistes algériens dont le père de l'auteur faisait partie. La parution de ces deux textes inaugure, en outre, la collection de textes de théâtre Massrah des éditions Apic.


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