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Casbah / Un métier en voie de disparition



Casbah / Un métier en voie de disparition
Artisan?n Les ébénistes d'art, dont foisonnait autrefois La Casbah, sont aujourd'hui menacés de disparition face à l'engouement des Algériens pour le mobilier et la décoration intérieure modernes.La Casbah comptait des ébénistes-nés, qui transformaient le bois en ?uvres d'art, dont aucun foyer n'était dispensé. Aujourd'hui, la menuiserie d'art traditionnelle est devenue «un métier rare» qui n'est pas reconnu à sa juste valeur, a déclaré le menuisier, artisan ébéniste, Khaled Mahiout. «C'est un métier chargé d'histoire. Il reste intimement lié à l'architecture de La Casbah et au mode de vie de ses habitants. Il propose aussi des approches esthétiques affinées au fil des temps par les dépositaires de ce savoir-faire». Mahiout dira que La Casbah «n'avait point besoin d'artisans étrangers à sa demeure», car elle disposait de tous les métiers d'art et du savoir-faire nécessaires à la vie de la population casbadjie, comme les ébénistes, les ferronniers, les dinandiers et autres. Il citera, non sans amertume, les nombreuses familles ébénistes que comptait la ville antique, dont Hamine Moumna et fils, Abdelkader Bentchoubane, Hamid Qabtane (spécialisé dans la miniature et le style hispano-mauresque) et Hassan Damardji, fabriquant des tribunes des mosquées de la ville et de la zorna (instrument de musique traditionnel) de Boualem Titiche. Khaled Mahiout exerce son métier dans son atelier juché sur les hauteurs de La Casbah. Il tente de préserver cette part de patrimoine en l'inculquant aux amateurs, étant convaincu que La Casbah d'Alger ne peut retrouver son prestige d'antan si la pérennité de ce métier n'est pas assurée. Il évoque avec beaucoup de nostalgie les vieilles maisons de La Casbah, de véritables musées, dit-il, où vivaient les familles avec modestie et générosité et où le bois s'imposait en souverain. Il évoque aussi le bon vieux temps, où les familles fêtaient une nouvelle naissance en offrant au nouveau venu un berceau, «eddouh», fait de bois blanc et rouge et symbolisant dans les m?urs algériennes la vie et la continuité.De nombreux noms de meubles, a-t-il rappelé, ont disparu du lexique algérois, comme la «rechichqa», une sorte de patère fixée à l'entrée d'une pièce pour maintenir l'embrasse du rideau de porte ou «lizar el bab» et qui sert aussi à suspendre les vêtements. «Il y a aussi les cadres des photos familiales, habilement décorés, les moucharabys (balcons formant avant-corps devant les fenêtres et fermés par un grillage) qui permettaient aux femmes de voir sans être vues, s'évitant quelque regard impudique». Khaled continue malgré tout à cultiver son savoir-faire en confectionnant de temps à autre des tables à l'ancienne. «La vie moderne a entraîné une rupture avec le raffiné chez l'Algérien qui penchait autrefois naturellement vers tout ce qui est purement artisanal et le voici à présent très enclin aux choses éphémères», regrette l'artisan. Khaled a refait de nombreux modèles en restant fidèle aux originaux, à l'instar de la porte de Djamaâ El Kebir, dont il a réalisé une copie conforme au mo-dèle vieux de six siècles. Il travaille actuellement sur un modèle de paravent, ou «essetra», auquel il imprime le style néo-mauresque.La menuiserie d'art traditionnelle chez les Mahiout est un legs familial. Le grand oncle paternel a laissé son empreinte sur des monuments emblématiques de la capitale, comme la Grande-Poste, le Palais du peuple et l'hôtel El-Djazaïr.



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