Algérie - Fêtes Religieuses

Célébration du «S’boue» à Timimoun : La fête dans la tradition




Célébration du «S’boue» à Timimoun : La fête dans la tradition
Durant cette fête religieuse, tous les saints locaux sont évoqués. Une véritable relation est établie au niveau cérémonial entre deux éléments : le baroud (danse du baroud) et la haddra (groupe avec bendir) ; deux groupes distincts, mais qui se retrouvent mêlés pour la circonstance. Une ambiance particulière au cours de laquelle on chante à la gloire du Prophète (QSSSL).

Le grand pèlerinage du «S’boue» débute par un imposant rassemblement sur la place principale de Timimoun, marquant ainsi le coup d’envoi des cérémonies du Mawlid Ennabaoui. Les différents archs et zaouïas de la région s’identifient et se regroupent. La localité de Timimoun a sa propre tradition pour célébrer le «Mawlid Ennabaoui Echarif». Si dans d’autres régions du pays, l’occasion se célèbre le jour même de la naissance du Prophète (QSSSL), Timimoun le fait depuis des siècles le septième jour. D’où l’appellation donnée à la fête : «S’boue» (le septain). Ce moment festif est une tradition bien indéniable et bien ancrée. La célébration du «Mawlid Ennabaoui Echarif» est organisée par deux régions bien distinctes. Adrar, Timi et Bouali se partagent la cérémonie de la fête destinée à la nativité du Prophète (QSSSL). Timimoun et ses environs fêtent le « S’boue» où beaucoup de personnes affluent de partout, même de pays limitrophes. La ville séduit et offre à ses visiteurs le meilleur des souvenirs qui ne peut être expliqué que par sa beauté fascinante et ensorcelante qui lui a permis d’être classée parmi les villes les plus prisées du désert algérien. Les hommes s’activent dans la préparation de la poudre des fusils et des tenues vestimentaires qu’ils porteront à cet effet ; les femmes, de leur côté, après avoir moulu les grains de blé, préparent le couscous et le repas, car les convives seront nombreux. Si la wilaya d’Adrar célèbre El-Mawlid Ennabaoui Echarif le premier jour, Timimoun lui vole la vedette le septième jour. Cette région est très appréciée pour sa vaste palmeraie et la féérie de ses sites. Les gens s’y donnent rendez-vous pour fêter comme il se doit cet événement religieux. Depuis plus d’une semaine, les habitants s’affairent sans relâche au nettoyage de la cité. Les femmes les réceptionnent et sans répit, dans une ambiance colorée et fraternelle, roulent ce fameux couscous très apprécié dans la région et par les visiteurs occasionnels. Dans les mosquées, les versets du Coran sont psalmodiés du crépuscule au lever du soleil et une grande «Fatiha» regroupe l’ensemble des fidèles à l’aube afin d’invoquer le Pardon et la Bénédiction divine. L’un des moments où s’exhale le mieux la foi profonde des habitants du Gourara.

Une tradition ancestrale
La célébration du S’boue a eu lieu, comme le veut la tradition, le dernier mercredi du mois de janvier. Les préparatifs de cette cérémonie ont débuté depuis une semaine pour accueillir les milliers de visiteurs des différentes régions. Sitôt ce rituel achevé, les gens déambulent dans les ruelles de Timimoun devenue étroite pour contenir cette grappe humaine. Ils sont venus de partout, du Nord, du Sud, et parfois même de l’étranger. Les citadins sont parés de leurs plus beaux habits où le blanc domine, la tête recouverte d’un long turban appelé «chèche», qui les protège des rayons ardents du soleil. Les femmes portent des tenues brillantes (izar) et se font belles pour la circonstance par l’application d’un maquillage traditionnel où le «k’hôl» et le «meswek» mettent en relief leur beauté. Le henné est omniprésent, et tous (hommes et femmes) s’enduisent les mains en guise d’ornement. Le but est de se retrouver au courant de l’après-midi dans un endroit à 2 ou 3 km de la ville appelé «Houfrat ouled Belkacem». Pas une place de libre. Puis, tout le monde attend l’arrivée des tribus locales brandissant l’étendard (Sendjak), et celle qui parviendra à le planter avant les autres bénéficiera du droit d’être élue tribu de l’année et remettra en jeu cette précieuse couronne l’année suivante. Un spectacle à ne pas rater. Les youyous fusent de partout agrémentant cette ambiance.
Des troupes folkloriques constituent l’attraction principale de cette journée. Sous un rythme enivrant et effréné qui vous fait chavirer, des chants sont fredonnés en éloge à Allah et à son Prophète (QSSSL). Dans des gestes magnifiques, arborant de belles gandouras d’un blanc immaculé, des hommes dansent, armés de fusils. Leur danse dure et soulève l’engouement de la foule. Puis, soudain, dans un éclair étourdissant, la poudre tonne dans un immense tas de poussières sous les applaudissements nourris de spectateurs abasourdis. Cette joie et cet enthousiasme qui se lisent sur les visages rassurent, et dans un élan de solidarité générale, chacun est heureux, oubliant, pour un instant, les soucis et les tracasseries de la vie quotidienne pour se laisser bercer et emporter par ce rythme qui déferle inlassablement. Une pause est marquée pour déguster et savourer le couscous. Un vrai délice. Assis à même le sol, formant des groupes de 8 ou 10 personnes, les convives s’installent. Dans un ordre immuable, lait, dattes et melfouf défilent. Puis arrive le couscous couronné de viande et de légumes, et sitôt le couvercle soulevé, quelqu’un se saisit de la viande et commence une répartition équitable par petites boulettes. Salade, fruits et limonade clôturent ce repas. Puis vint le moment tant attendu, celui de siroter les trois verres de thé qui vous râpe la langue. Le spectacle reprend l’après-midi et les «galals» se font entendre au loin ; la foule est ravie. Cette manifestation religieuse et socioculturelle nous change de l’ordinaire. La fête se prolonge tard dans la soirée par des parades de danse où les hommes se livrent un combat en croisant le fer (épées de fabrication artisanale), parfois des gourdins les remplacent sous le rythme saccadé des bendir et des aghlal. «La fête débute la veille du S’boue», nous raconte cette femme venue spécialement d’In Timouchent, «au quartier de Timassine, à quelques encablures du chef-lieu de la daïra», précise-t-elle. Un premier rassemblement des habitants représentant les ksour limitrophes se tient, en effet, au sixième jour du Mawlid, à la zaouïa de Sidi- Ahmed-Benyoucef de Timassine.

Soleil et générosité
Dans des gestes immémoriaux, des hommes dansent. Leur danse dure et soulève l’engouement de la foule. Baptisée «sara», cette magnifique danse attire de nombreux curieux qui bravent le froid, et chacun se réchauffe comme il peut et n’ose quitter cette place où se déroule ce somptueux spectacle. Des paroles à l’intention de notre Prophète (QSSSL) sont omniprésentes. Dans la journée, le mercure ne se montre guère clément, et les premiers rayons solaires vous réchauffent et vous rappellent la dure réalité et la féérie du Sud algérien, mais ils vous réchauffent aussi le cœur rempli d’une grande générosité. Les rites de courtoisie ont une valeur permanente et hospitalière. L’appel est lancé pour le développement et la réhabilitation du tourisme dans la région qui véhicule l’âme de toute une population et conjugue l’esthétique qui fait toute la valeur du produit historique de la région, parce qu’il est l’expression vivante de toute une société et qui la distingue des autres. Comme de coutume, le rassemblement se tient entre les deux prières de l’Asr et du Maghreb. Le grand rassemblement de l’ensemble des zaouïas, ksour et tribus de différents walis (saints) de toute la région se déroule, cependant, à la «Hofra», où se trouve la célèbre zaouïa de Sidi Elhadj Belkacem. L’accès par véhicule aux alentours de la zaouïa de Sidi Ahmed Benyoucef était difficile, à telle enseigne que les visiteurs ont préféré abandonner leurs automobiles plus loin et poursuivre le chemin menant à la zaouïa à pied. Des foules humaines déferlent sur le lieu rendant la circulation impossible. Des dispositions particulières ont été prises pour permettre l’accueil des visiteurs et des participants aux cérémonies. Selon un descendant du wali et cheikh de zaouïa. «Avant, les visiteurs passaient la nuit ici avant de se rendre le lendemain à la zaouïa du cheikh Belkacem. Mais, explique-t-il, depuis quelque temps, le rituel a changé, les visiteurs quittent l’endroit juste après la prière du Maghreb.» Il nous raconte que «c’est grâce au cheikh Hadj Belkacem, qui a regroupé les notables de la région et les chefs d’autres zaouïas et imams, qu’une rencontre historique a eu lieu à la zaouïa de Benyoucef. Le lendemain, ils se sont rendus à la Hofra». Les «zouar» glissent leurs dons (souvent de l’argent) dans la grande caisse conçue pour la circonstance. «Ce fonds sert aux actions de bienfaisance que la zaouïa entreprend tout au long de l’année», selon le cheikh de la zaouïa. Le grand «pèlerinage» du «S’boue» débute par un imposant rassemblement sur la place principale de Timimoun, marquant ainsi le coup d’envoi des festivités du Mawlid Ennabaoui. Les différents archs et zaouïa de la région s’identifient et se reconnaissent dans ce regroupement qui se fait au centre-ville. Les délégués des groupes brandissent des étendards où l’on peut distinguer chaque tribu. Des chants et danses folkloriques animent la ville pendant plusieurs minutes. Le regroupement du chef-lieu se termine par «Douâa», et la lecture de «sourate Fatiha» et trois coups de baroud tirés collectivement.
S. O.
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