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Chômeurs de Laghouat




Chômeurs de Laghouat
Jugés pour la énième fois mardi passé, deux chômeurs, placés sous mandat de dépôt la semaine dernière, ont été condamnés à 18 mois de prison dont six mois fermes.Il s'agit de Mohamed Reg, 33 ans, dit Manchon en raison de son handicap à la main gauche, et de Brahim El Eulmi, 42 ans, qui lui, est responsable d'un foyer et père de deux enfants. Le premier, libéré fin juillet 2016, a été accusé d'«obstruction au travail de la police» et condamné à 18 mois de prison ferme. Quant au deuxième, après avoir participé à un rassemblement de soutien à Mohamed Reg, il a été accusé avec six autres chômeurs, dont Belkacem Khencha, d'«attroupement non armé» et d'«avoir porté des pancartes pouvant influencer les décisions de la justice».Ces derniers, libérés fin juillet 2015, ont tous purgé une peine de six mois de prison ferme. Mais depuis, rien n'a changé pour les chômeurs de Laghouat où manifester est considéré un délit. «C'est un acharnement. Les autorités veulent casser l'ancienne dynamique et en finir définitivement avec les mouvements de protestation à Laghouat, dénonce l'avocat et défenseur des droits humains Noureddine Ahmine.Désormais, toute action est systématiquement réprimée et expose ses organisateurs à la prison, ce que l'on ne voit pas dans d'autres wilayas.» Le président de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (Laddh), Salah Dabbouz, tire la sonnette d'alarme sur ce qui se passe à Laghouat et qualifie les condamnations d'«abus de pouvoir». «Il y a une volonté de déstructurer la société.Le pouvoir veut casser toute dynamique constructive pouvant constitué un contre-pouvoir, dénonce-t-il. Sous prétexte d'alléger leur peine, les autorités exigent des militants de refuser l'assistance des avocats de défense des droits de l'homme. N'est-ce pas un chantage '» Lors de leur première condamnation en 2015, les chômeurs de Laghouat «ont été aussi confrontés aux mêmes tentatives» exposées par maître Dabbouz. Ces derniers, qui avaient accepté au début, ont fini par revenir sur leur décision.Cette fois, ce n'est plus le cas. Les proches des deux détenus affirment qu'«ils ont fini par céder», au grand regret de maître Ahmine, lui-même résidant à Laghouat et l'un des avocats qui ne les a jamais abandonnés. «Les avocats défenseurs des droits de l'homme ont pour habitude de dénoncer toutes les atteintes et les abus du pouvoir pendant les audiences. Cela gêne énormément les juges car ces affaires sont reprises par la presse. Ces mêmes avocats font aussi des rapports qu'ils envoient aux instituions internationales comme l'ONU.Mais cela ne semble pas du goût du pouvoir, qui n'a comme solution que de nous écarter de tous les procès des droits de l'homme, s'indigne le président de la Laddh. La justice algérienne n'est pas indépendante. Elle est au service du pouvoir.» Le scénario de Laghouat n'est pas vraiment fini.Le leader du mouvement dans la région, Belkacem Khencha, passe désormais ses journées entre le tribunal et la cour. Il encourt en ce moment une condamnation à six mois de prison ferme pour des propos tenus dans une vidéo diffusée sur YouTube où il réitère son soutien à Reg. Khencha ne compte plus les amendes. Aujourd'hui, elles dépassent, selon lui, les 300 000 DA.

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