Algérie - Sujets chauds

Communiqué d’Ali Benouari à propos de la chute du prix du baril: “La réalité rattrape les dirigeants algériens”



Communiqué d’Ali Benouari à propos de la chute du prix du baril:   “La réalité rattrape les dirigeants algériens”




“La chute des cours du pétrole brut, si elle se prolonge, peut avoir de redoutables conséquences pour notre pays et pour notre peuple. Durant la dernière campagne présidentielle, j’avais été l’un des seuls à attirer l’attention sur le mauvais usage des dividendes de la manne pétrolière. Mon programme prévoyait d’en réorienter drastiquement l’affectation vers des investissements destinés à pérenniser le développement à long terme, notamment dans les domaines cruciaux de l’emploi et de la formation des jeunes, de l’agriculture, du tourisme, des énergies renouvelables... Je n’ai pas été entendu, pas plus que les experts qui corroboraient ces craintes, et le pouvoir a continué de faire comme si la volatilité des cours du pétrole n’était qu’un fantasme d’opposants de mauvais augure, utilisé pour critiquer le pouvoir. Aujourd’hui, la réalité rattrape les dirigeants algériens.”

Lorsqu’un pays réalise 97% de ses recettes à l’exportation et 40% de son PIB avec les hydrocarbures, il est extrêmement vulnérable.

Si les cours se stabilisent au niveau actuel, le budget de l’État risque de ne pas pouvoir être bouclé. En effet, les experts internationaux s’accordent à considérer que l’équilibre budgétaire du pays exige que les cours du pétrole se situent aux alentours de 110 dollars le baril, alors qu’il est à moins de 65 dollars et continue de baisser.

Le ministre des Finances a indiqué, lundi 1er décembre, que “le gouvernement dispose des mécanismes à même de faire face à ce genre de situation”, citant notamment les importantes réserves de changes (193 milliards de dollars en juin 2014) et le Fonds de régulation des recettes (FRR).

Mais ce dernier ne cesse de se réduire — 55 milliards de dollars contre 70 milliards en 2013 — et ne peut constituer une solution à long terme.

Jusqu’ici, la manne des hydrocarbures a permis au pouvoir en place de financer la paix sociale (augmentations de salaires accordées à certaines professions-clés, subventions aux produits alimentaires et énergétiques…).

Qu’en sera-t-il demain?

Les leçons de 1988 n’ont pas été tirées et, une nouvelle fois, c’est le peuple qui va payer, très cher, l’addition. L’Europe ne peut pas laisser se dérouler un tel désastre annoncé et la France continuer de faire semblant de croire à la démocratisation du pays.

L’Algérie est le pays le plus important de la rive sud de la Méditerranée. Personne n’a intérêt à son effondrement, qui sera d’un effet immédiat sur ses voisins maghrébins et, par un effet domino, sur toute la rive sud, déjà passablement déstabilisée par ce qui se passe à ses frontières Est, de la Tunisie à la Syrie.

Le grand dessein euroméditerranéen tournera alors au cauchemar pour l’Europe, déjà déstabilisée elle-même sur son flanc oriental. On se rendra mieux compte, alors, à quel point l’Algérie est un État-clé, dans un monde rapetissé à l’extrême.
La Méditerranée, qui séparait autrefois deux mondes dissemblables, protégés l'un de l'autre, est devenue une sorte de “Rio Grande”, pour le meilleur comme pour le pire.

Les dernières préoccupations exprimées par l’Union européenne à l’égard de la nécessité d'une transition démocratique pacifique dans notre pays prennent, dès lors, l'aspect d'un doux euphémisme.

Ali Benouari

Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)