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Deglet Nour de Tolga
Deglet Nour de Tolga, est un délice naturel dont les caractéristiques dépassent les simples vertus d'une datte aussi succulente soit-elle. Comme tout produit de terroir, il renvoit en fait à toute la richesse de la région. Des caractéristiques typiques du sol, du climat en passant par le savoir-faire des agriculteurs et leurs art de l'irrigation, cette Deglet Nour de la région de Tolga mérite à elle seule un labelle qui tarde de voir le jour.Le 4 novembre dernier, l'Algérie a lancé officiellement le label «Origine Algérie garantie», le but étant de faire bénéficier les produits nationaux d'une meilleure visibilité sur les marchés internationaux, ainsi que leur protection. L'un des produits phares de l'agriculture algérienne, la Deglet Nour de Tolga, est un produit du terroir qui attend toujours une valorisation à la hauteur de sa réputation. Dans l'étude intitulée «Les produits du terroir en Algérie : état des lieux, enjeux et efficacité des stratégies de développement (cas des dattes deglet Nour de Tolga», Mlle Abdelaoui Imane, étudiante à l'université de Biskra, a déterminé les composants essentiels du terroir de Tolga (Biskra) et vérifié leur impact sur la spécificité de la Deglet Nour.«Les produits du terroir résultent d'un ensemble d'interactions entre les communautés humaines et l'espace géographique», précise-t-elle au début de son travail. «La Deglet Nour est un véritable produit de terroir qui ne peut être reproduit ailleurs. Les conditions climatiques assez particulières et le savoir-faire développé patiemment depuis des siècles font de la Deglet Nour, notamment celle de la région de Tolga, un produit de qualité par excellence. Face à ce constat et à la forte concurrence qu'exercent des pays comme la Tunisie, l'Irak et l'Iran, une nouvelles stratégie de développement s'impose», explique Mlle Abdelaoui.En termes de spécificités, cette datte de Tolga naît dans un sol typique caractérisé par une faible salinité et la présence d'une croûte gypseuse. L'eau d'irrigation étant alcaline avec des valeurs de conductivité électriques variant entre 2. 3 et 7 ds/ m. S'agissant du climat, la région de Tolga se distingue par un climat à température moyenne plus élevée en été et de faibles précipitations irrégulières. Le taux d'humidité étant faible, avec un indice thermique idéal pour la production qualitative et quantitative de Deglet Nour.Suivant une technique empirique, en effectuant un sondage auprès des agriculteurs de la région, l'étude révèle les pratiques culturales locales pour un meilleur rendement du produit. Ainsi, pour répondre à la spécificité du sol, il est recommandé de le «défoncer» avant toute plantation pour que le système racinaire puisse se développer dans les meilleures conditions, le printemps et l'automne étant les meilleurs périodes de plantation. Pour ce qui est de la densité de plantation, les agriculteurs opèrent un écartement entre deux palmiers variant de 7 à 10 mètres selon la taille de l'exploitation.«La distance entre les palmiers est la cause principale de la forte densité de plantations constatée dans certaines palmeraies dans la daïra de Tolga. La distance considérée raisonnable est de 9 mètres sur 9 mètres. Dans notre région d'étude et après l'enquête réalisée, la densité de plantation est comprise entre 100 et 180 pieds/hectare en moyenne», note l'étude qui précise que, selon les agriculteurs, la densité des plantations a un effet sur la qualité des dattes. Cette densité permet «le passage des rayons de soleil et garde une certaine humidité entre les palmiers. Elle favorise un microclimat. En revanche, le grand espacement provoque le desséchement des fruits», développe Mlle Abdelaoui.Labellisation En ce qui concerne l'irrigation, l'utilisation de la submersion est préférable, révèle l'enquête. La fréquence des irrigations varie en fonction des périodes : une fois par quinzaine pour les périodes sèches et une fois par mois pour les périodes humides. «Les agriculteurs enquêtés dans la région de Tolga arrêtent l'irrigation deux fois : la première fois au stade loulou (28 mai- début juin) et la deuxième fois 2 mois avant la récolte (août). Cette pratique a pour but d'éviter la chute du fruit et d'améliorer la qualité de la datte», instruit-elle.Grâce à aux savoir-faire culturaux des agriculteurs de la région et à la spécificité géographique de la région, la Deglet Nour de Tolga sort du lot. Elle est non seulement le meilleur produit phoenicicole du pays, mais sa notoriété a traversé les frontières. Par son poids, sa longueur, son caractère charnu et sa teneur en sucre qui sont les caractéristiques spécifiques pour les dattes, la Deglet Nour de Tolga, après analyse au niveau des laboratoires, présente une qualité supérieure, y compris par rapport aux autres Deglet Nour, en l'occurrence celles de Oued Righ et de Tunisie. Malgré cette aubaine, l'Algérie, qui consacre une superficie de culture phoenicicole de 160 000 ha répartie à travers 17 wilayas, n'exporte qu'entre 10 à 30 tonnes de dattes sur une production annuelle moyenne de 800 000 tonnes.Cette défaillance dans la mise en avant et la valorisation de ce produit agricole n'a pas empêché le consommateur algérien de reconnaître la bonne qualité de la Deglet Nour. Dans une partie de l'étude consacrée au consommateur, Mlle Abdelaoui constate que «les consommateurs algériens s'intéressent beaucoup à l'origine de la datte Deglet Nour. Et bien que la labellisation reste un concept nouveau pour certains, ils sont conscients de son importance et sont prêts à payer le prix pour garantir la qualité».La partie de l'étude dédiée à la consommation indique que 64% des sondés déclarent que la Deglet Nour de Tolga est leur datte préférée qu'ils qualifient comme «la reine de tous les cultivars». Selon l'échantillon pris par l'étude qui prend en considération la population locale en comparaison avec celle de la région d'Alger, 36% des sondés déclarent consommer moins de 5 kg de Deglet Nour par an et 31% en consomment entre 5 et 10 kg.Ce sont les habitants de la région algéroise, soit 46% des sondés, qui mangent moins de 5 kg par an. A Tolga par contre (46% des questionnés issus de la région) disent en consommer plus de 20 kg. Cela étant dit et malgré cette ferveur des consommateurs qui sont prêt à payer plus pour un produit reconnu, la valorisation des produits du terroir (Datte DN de Tolga) nécessite un engagement intersectoriel à travers des projets de développement et de sensibilisation sur l'importance de la labellisation pour la protection de notre patrimoine.Sur ce point, l'étude met en relief un projet de jumelage en collaboration avec l'Union européenne. «Ce projet en cours de réalisation et qui est dans une phase bien avancée aura sans doute des résultats fructifiants qui se répercuteront positivement sur les performances techniques et économiques de la filière dattes dans cette région. Comme il permettra aussi de valoriser nos produits de terroir, au début pour la Deglet Nour de Tolga, la figue de Beni Maouche et l'olive de Sig, dans la perspective d'introduire dans le futur d'autres produits dans ces programmes», conclut Mlle Abdelaoui.
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