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Entre évocation, anecdotes et souvenirs impérissables



Entre évocation, anecdotes et souvenirs impérissables
La salle de l'ACB (Association de culture berbère) de Paris grouillait de monde en cette soirée du 15 février, pour rendre hommage à la hauteur de l'inoubliable personnage que fut et restera le défunt journaliste Kheireddine Ameyar.Il n'était pas question de le pleurer, mais plutôt de "l'évoquer dans la joie et la bonne humeur", avec le sourire et même des rires, au souvenir de ses nombreux gags et plaisanteries à n'en plus finir. Ce moment émouvant de partage et d'évocation a été organisé à l'initiative du journaliste Arezki Metref, en présence de l'auteur et ami du défunt Nourredine Saâdi, ainsi que de sa fille Maya Ameyar. Tour à tour, et avec la complicité des présents : ses amis, collègues et voisins, les intervenants sont revenus sur la trépidante vie personnelle et le riche parcours professionnel de ce personnage flamboyant, truculent, drôle, charismatique, imposant, droit, engagé, militant, aimant, entier..., des qualificatifs qui revenaient constamment et que tout le monde partageait s'inspirant à chaque fois d'une anecdote ou d'un moment qui s'y référaient. Car il faut savoir que la vie et le parcours du défunt Ameyar étaient parsemés de ces petites histoires pimentées, de ces anecdotes truculentes qui faisaient pétiller les yeux et scintiller la voix de cet homme "ivre de poésie, ivre d'amour pour son pays" et toujours à l'affût du meilleur. L'évocation de son long parcours journalistique nous fait découvrir une plume de talent qui a beaucoup fait pour que la presse écrite évolue et gagne en qualité. Pour lui, il n'était pas question de ce style médiocre d'écriture qui se contente de donner l'information sans se préoccuper des vocables utilisés ou du style de la phrase employé ; il fallait toujours des tournures poétiques et un style recherché. Entre la radio, El Moudjahid, Algérie Actualités, La Nation et ensuite La Tribune qu'il a fondé en 1994, Kheireddine Ameyar en a formé plus d'un dans ce métier de journaliste. On lui doit beaucoup dans l'amélioration et surtout la revalorisation de la page culturelle d'un journal qu'il estimait être capitale, et sa rigueur primordiale. Il avait lui-même un style poétique, lyrique, de belles et longues phrases où souvent le subjonctif trouvait sa place. "Une plume remarquable qui aurait fait de lui sans doute un auteur remarquable", comme le confirme sa fille Maya qui rappelle le souvenir de cet éditeur Philippe Sollers qui suppliait son papa de terminer son roman Maaoula, lui promettant de le publier. Et dans cet hommage, il a été question aussi de Maaloula, ce récit inachevé qui raconte l'histoire de ce village syrien, si riche d'histoire mais si oublié de la mémoire ; cette entaille qui laisse une grave cicatrice ; et pour Kheireddine Ameyar ce fut "une faille qui va s'ouvrir, s'ouvrir jusqu'à l'anéantir en ce 9 juin 2000". Des extraits de ce texte furent lus par Ghenima Amour pour en dégager toute la poésie cachée. Cet hommage a aussi permis d'évoquer quelques amis du défunt dont Djaad, Balhi, Benyekhlef, Benhamadi, Chenenou, Azibi, Korichi... ; son parcours politique de militant, sa vie humble de "chaâbi", proche du peuple et des souvenirs des quartiers populaires de la Casbah, de Bab El-Oued, de la caserne de Cherchell, des soirées entre copains, des lieux communs que fréquentaient les intellectuels de l'époque où cogitaient les belles idées du soir, pour les voir concrétisées le lendemain. Et malgré la tragédie de son brusque départ, Maya Ameyar, au nom de toute sa famille, dit merci à ce papa fabuleux et inoubliable, symbole du respect et de la droiture ; un homme qui a su semer en ses enfants les graines de l'amour du pays et la volonté d'un combat continu et éternel contre la médiocrité, graines qui seront à leur tour transmises à ses petits-enfants qui comprendront un jour le sens de ce sacrifice.De Paris : Samira Bendris
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