Algérie - 08- La guerre de libération

Evènements d’Algérie, Abane Ramdane : Béni oui-oui, Soummam et néo colonialisme




Evènements d’Algérie, Abane Ramdane : Béni oui-oui, Soummam et néo colonialisme
Je ne suis pas historien. En tant qu'ancien chouf, (vigile) au profit du FLN, j’ai partiellement connu les : « Evènements d’Algérie » (1954-1962) de l’intérieur pour les avoir : frontalement, longuement et cruellement subis pendant plus de quatre années, de décembre 1956 jusqu’à novembre 1960. J’ai été témoins de l’infiltration et du retournement des rangs des nationalistes algériens de mon secteur, zone IV de la wilaya IV, arrière pays de Gouraya, département d’Orléanville à l’époque, actuellement de Tipaza, par les services du 2ème bureau du 22ème RI (régiment d’infanterie), dirigés par le lieutenant Jean Lacoste, basés au Bois Sacré, dans une résidence d’Eté du gouverneur général d’Algérie. Je suis un passionné de l’histoire d’un conflit si pudique qu’un demi-siècle après son douloureux terme, il n’ose toujours pas décliner son nom. Après avoir lu d’innombrables ouvrages, approchés de nombreux : anciens moudjahidines, des bergers, des fellahs, des choufs d’autres régions d’Algérie, qui m’ont affirmés qu’ils ont eux aussi été témoins de faits en tout point semblables aux miens.



J’ai pu noter que des historiens de renoms, spécialisés des évènements d’Algérie, Benjamin Stora, Renaud de Rochebrune, Mohamed Harbi, ont repris à leur compte des légendes confuses, totalement incohérentes voire même diffamatoires. Harbi et Stora ont écrit que Chadli Bendjédid, le troisième président algérien, avait participé à la guerre d’Indochine en tant engagé dans l’armée coloniale. Or, selon le journal algérien Echchorouq, qui a récemment publié plusieurs articles consacrés au président disparu, qui démenti et les deux historiens se seraient reentis et corrigé leur erreur.



En guise de décolonisation de son empire africains, la France à débarqué ses administrateurs coloniaux, blancs, compétents et éclairés pour les remplacer par ses plus fidèles indigènes, nègres et basanés, ignorants, despotiques et aveugles. En 1962, lors de la décolonisation de l’Algérie, le seul corps constitué du pays était une armée composée de bric et de broc, encadrée par des convertis de la dernière heure au nationalisme et l’algérien et uns administration anarchique, confisquée par des roublards sans foi ni loi.



Après un demi-siècle d’un retrait hautement stratégique de la France d’Algérie, il résulte de son montage sophistiqué : l'indépendance et les libertés restent à conquérir, une gestion autoritaire, un bilan globalement catastrophique et la vérité historique reste à secourir de ses tabous, à rechercher et à écrire.



Des patrons de différents services coloniaux de renseignements, qui étaient en activité pendant les évènements d’Algérie : Roger Weybot, Henri Jacquin, Paul Aussaresses… par écrits, ont avoué qu’ils n’ont jamais manqué de Judas, d’indicateurs parmi les nationalistes algériens et qu’ils ont hissé leurs agents jusqu’au sommetde la hiérarchie adverse.



Contrairement aux affabulationsdes Khalfa Mameri, des Bélaïd Abane, des médias supplétifs d’un pouvoir félon et corrompu jusqu’à la moelle des os, qui sont longtemps restées sans contradicteurs,Abane Ramdane n’a sans doute pas eu son BAC au Lycée Duveyrier de Blida, ni appartenu au PPA/MTLD, ni à l’OS, ni à aucune autre courant politique nationaliste algérien avant son adhésion au FLN vers juillet 1955, ni travaillé à la mairie de Châteaudun du Rummel (Cheghoum al Aïd), ni fait un seul jour de prison pour des motifs avouables. Jusqu’à 1955, il n’avait aucune expérience professionnelle connue. Son père, qui lui reprochait d’être un peu trop paresseux, de vivre à son crochet, l’avait viré du domicile paternel sans préavis ni viatique consistant.



Donc, sans aucune expérience militante, ni politique, ni professionnelle, sans le sou, sans domicile fixe, sans aucune relation à Alger ni ailleurs, avec un bagage scolaire somme toute bien léger, par quel miracle Abane Ramdane s’était-il imposé à se aînés, à de vieux routiers de la politiques tels que : le docteur Lamine Debaghine, les pharmaciens Ferhat Abbas et Ben Khedda, les avocats Louanchi et Temmam, aux intellectuels Yazid et Dahleb ? Et de quel droit s’était-il permis de lancer des condamnations à mort, d’abattre tout messaliste conscientsans jugement, de pendre Ben Bella, de traité Krim Belkacem et Omar Ouamrane, qui lui ont mis le pied dans l’étrier de la révolution, d’Ighial (Bourricots ?) Au nom de quel morale Abane Ramdane s’était-il permis de condamner à mort la révolution en déclaré à ses deux supérieurs, à Krim et Ouamrane : « Vous avez déclenché la révolution dans l’impréparation, l’improvisation politique, vous méritez la mort ? » N’a-t-il pas sollicité le soutien politique et militaire de Bourguiba pour arrêter et réduire définitivement au silence, d'abattre 17 authentiques nationalistes algériens de la première heure installés en Tunisie, qui ont refusé de se soumettre à sa dictature ? De telles déclarations, si elles sont avérées, ne suffisent-elles à lever un coin du voile sur l’analphabétisme politique et le fanatisme d’Abane Ramdane ?



Ferhat Abbas, pharmacien de formation, a précisé dans son livre : « L’autopsie de la guerre d’Algérie » qu’il a rencontré un Abane Ramdane : « …Malade, ulcéreux, irascible…» A qui il avait conseillé d’abandonner la politique pour aller se faire soigner… » Dès son arrivée en Egypte en 1956, le Pharmacien de Sétif s’ouvre à son ami, au cheikh des oulémas, à Bachir al Ibrahimi « … J’ai constaté un grave différend qui oppose Abane Ramdane à Krim Belkacem et à Omar Ouamrane. Je crains pour la vie d’Abane … » Son homologue lui répond : « … il arrive souvent qu’un différend entre deux kabyles se termine par la mort de l’un d’eux. Fais en sorte qu’il n’en soit pas ainsi entre Abane et Krim… », conclu le cheikh. Le différend a été tranché par la mort tragique d’Abane Ramdane. Qui voudrait vivre dans un pays dirigé par un pareil despote aveugle, assoiffé de pouvoir et de sang ?



Quelques rappels historiques. Les évènements d’Algérie ne relevaient pas d’une guerre traditionnelle, qui aurait opposé : deux nations, deux Etats, deux administrations, deux armées, etc. Il s’agit d’un conflit qui a opposé, d’une part, une nation moderne, une super puissance mondiale, membre de l’OTAN, post industriel et électronique… à une poussière de tribus algériennes traditionnelles et instables. Il s’agit donc d’un conflit psychologique rondement mené par des machiavels coloniaux formés dans les plus grandes écoles de France et du monde. Leurs théories apprises dans les écoles ont été mises en pratique en Indochine avant d’être cruellement perfectionnées en Algérie. Ces machiavels étaient parfaitement conscients de la gravité de leurs crimes non pas de guerre mais de crimes contre l’humanité perpétrés par l’armée coloniale française en Algérie. Au moins 95% des combattants algériens ne savaient ni lire ni écrire. Ils n’avaient ni les moyens matériels ni temps de prendre des notes sur leurs activités. Dans de pareilles conditions, il est peu probable qu’ils aient laissé des archives objectives pouvant servir à l’écriture de l’histoire de : « Evènements d’Algérie." En face, archives et document sont manipulés à la base. Ils ne servent qu’à légitimer les odieux crimes coloniaux. Paul Aussaresses, dans son livre : « Je n’ai pas tout dit », a écrit : « A la survenance du terme de leur s missions, les agents de renseignements coloniaux détruisaient ou importaient leurs archibves avec eux. »



Il résulte de ces manipulations des archives et documents des « Evènements d’Algérie » est que des historiens de renom : Benjamin Stora, Renaud de Rochebrune, pour ne citer qu’eux, ont repris, que dis-je, plagié, sans aucun esprit critique, l’affaire Dinah, contée par Boumediene à Ania Francos et J. P. Séréni (Un Algérien nommé Boumediene). Dans l’un de leur ouvrages commun, Mohamed Harbi et Benjamin Stora ont faussement écrit que Chadli Bendjédid, avant de rallier le FLN en 1955, avait fait la guerre du d’Indochine comme engagé dans l’armée coloniale française. Si des historiens de la trempe de Harbi et Stora ont été induits en erreur c’est qu’ils ont dû consulter des archives travesties par des manipulateurs machiavéliques.



Pourquoi Abane Ramdane a-t-il dominé ses pairs ? En 1954, Ferhat Abbas et certains de ses proches lieutenants, des oulémas, des centralistes, des communistes, des européens dits « Libéraux » militaient encore pour l’assimilation ou une intégration totale dans une Algérie française. Tandis que Messali al Hadj et son parti, le PPA/MTLD, militait pour une indépendance totale. Pour Ferhat Abbas, sans doute faisait-il un pied-de-nez à Messali al Hadj, l’Algérie n’existait. Elle n’avait jamais existé. C’était une chimère. Il n’était pas pris à mourir pour une chimère.



Rappelons qu’en 1954, le processus de décolonisation était déjà achevé en Asie du sud-est, à Madagascar, au Moyen orient, au Levant (Syrie et Liban), Le Maroc et la Tunisie se trouvaient au seuil de leur indépendance. Le premier novembre 1954, un groupe d’algériens, tous issus du mouvement messaliste, sous la bannière du FLN, ont déclenché ce qui va devenir la révolution algérienne. Les critiques les plus virulentes de l’acte ne viendront pas des colons des plus ultras d’Algérie mais des oulémas, de Ferhat Abbas, des centralistes et des communistes algériens. Par la voix des ondes « Sawt al arab min Qahira », le cheikh des oulémas, Bachir el Ibrahimi avait traité les nationalistes algériens de : « Vaux riens à manipuler avec des pincettes. Et indirectement, de barbares qui tuent des femmes et des enfants, qui incendient les récoltes et arrachent les arbres fruitiers… Il avait appelé la ligue arabe de ne pas soutenir la révolution algérienne. Ferhat Abbas a comparé la violence du premier novembre 1954, qui avait fait 8 morts, 4 européens et 4 indigènes, à la violence coloniale qui a sévi pendant plus d’un siècle, qui avait fait des centaines de milliers de victimes, réduit l’écrasante majorité des algériens à la plus grande des ignorances à la plus profonde des misères. Pour les centralistes, qui sans doute s’étaient-ils concertés avec les communistes, le premier novembre 1954 était : « L’œuvre d’un groupe aventuriers égoïstes, sans lendemain » (Gilbert Meynier, l’histoire intérieure du FLN).



Le FLN était une organisation clandestine, rigoureusement cloisonnée. D’où sa force et sa faiblesse. Chaque responsable de zone était le maître à bord. Certains de ces chefs ont condamné à mort Ferhat Abbas et certains de ses proches, certains oulémas. Certains centralistes étaient doublement condamnés à mort, d’abord par le MNA (messaliste) et par le FLN. Certains de ces appels aux meurtres n’étaient pas restés lettres mortes.



Notons que dès 1954, la classe politique française était convaincue que la résolution du conflit algérien résidait sur le terrain politique. A la recherche de cette solution, le président du conseil de l’époque, Pierre-Mendes-France, avait nommé Jacques Soustelle, un libéral, gouverneur général d’Algérie. Il lui avait confié pour mission urgente de préparer la décolonisation de l’Algérie. Le nouveau gouverneur général sera assisté par : Vincent Monteil, Pierre Juillet, Germaine Tillon, etc. Le nouveau gouverneur général d’Algérie va tenter de créer un nouveau rassemblement politique essentiellement composé de bénis oui-oui : Abbassistes, oulémas, communistes, centralistes et européens dits libéraux. Parmi eux des condamnés à mort par le FLN. Or, sans militants nationalistes authentiques, cette alchimie ne pouvait pas prendre. Vincent Monteil va faire la tournée des prisons algériennes pour y recruter des nationalistes qui voudraient bien se joindre au nouvel attelage politique avec lequel la France était immédiatement prête à se mettre à table pour négocier, dans le dos du FLN, la décolonisation de l’Algérie en même temps que le Maroc et la Tunisie. Cependant, pour avoir trop sévèrement condamné le FLN au lendemain du premier novembre 1954, aucun des ces bénis oui-oui condamnés à mort par le FLN et/ou par le MNA, ne pouvaient prétendre à occuper la place de leader. Il fallait donc un nouveau venu, un joker.



Les centralistes : Ben Khedda, Louanchi, Temmam, Lahouel, Dahleb, Yazid… les : « Pachas », selon Messali et son proche entourage, avaient à leur actif le démantèlement définitif du PPA/MTLD, le discrédit de son fondateur et de ses lieutenants, qui n’avaient pris aucune part dans le déclenchement de la révolution, ils se font quand même curieusement arrêter. Les arrestations des centralistes, des opposants mortels à Messali al Hadj et ennemis déclaré de révolution de novembre avérés seraient-elles dues à une erreur policière ?



Vers avril 1956, la le fer de lance de la coalition d’Alger, les centralistes : Ben Khedda, Louanchi, Temmam, demandent à rencontrer Mohamed Khider, l’un des membres de la délégation extérieure du FLN à San Remo, Italie. Celle-ci accepte le principe d’une rencontre. Cependant, à la demande de Mohamed Boudiaf, c’est Ben Bella qui ira au rendez-vous de San Remo.



Le trio d’Alger, qui s’attendait à rencontrer Mohamed Khider, par eux jugé plus malléable, ils voient Ahmed Ben Bella se dresser massivement devant eux. « La3ba khesret » (jeu faussé). Après quelque hésitation, Ben Bella interroge : « De quoi s’agit-il ? » Benkhedda répond en bégayant :

«… La France est prête à entamer des négociations pour l’indépendance de l’Algérie. Le FLN, qui est passé à l’action violente, est devenu un obstacle à paix. Nous sommes venus pour vous inviter à le dissoudre et de vous rallier au nouveau Rassemblement… »



Ben Bella interroge à nouveau : « Abane Ramdane est-il d’accord ? » Oui ! Répond Ben Khedda.


Seul Abane Ramdane, qui n’avait pas pris part aux violentes diatribes contre le FLN au lendemain du premier novembre 1954, préalablement doté par les services coloniaux d’un dossier-fiction : possesseur d’un baccalauréat, de hautes fonctions au PPA/MTLD, à l’OS, séjours en prison, arrestation, une lourde condamnation, etc. Coché de très près par des bénis oui-oui algérois, notamment par les centralistes, Abane pouvait tenir par intérim le rôle de leader du nouveau rassemblement politique que Jacques Soustelle avait tenté de mettre sur pied. Notons que l’arrivée d’Abane Ramdane à Alger avait été précédée par l’arrestation, dans des conditions particulièrement mystérieuses, de Rabah Bitat. Donc la direction du FLN/ALN de la wilaya IV, de l’Algérois, se trouvait vacante. Est-ce par hasard ?



Suite au refus catégorique de la délégation extérieure du FLN de dissoudre le FLN et de rallier le nouveau montage politique, les services coloniaux vont monter un congrès du FLN en Algérie pour légitimer l’exclusion de la direction historique du FLN. En 1956,croire que le FLN puisse tenir congrès dans la vallée de la Soummam, dans l’une des zones des plus sécurisées d’Algérie, que le CCE puisse s’installer et diriger la révolution à partir d’Alger, relèverait d’une injure à l’intelligence et d’une profonde ignorance des secrets de « Evènements d’Algérie. » Vu que ce « Congrès » n’avait aucune légitimité, non-représentatif, et que la délégation extérieure du FLN l’avait légitiment contesté, les services coloniaux vont détourner l’avion de la délégation extérieure du FLN et livrer la révolution algérienne à des opportunistes de tout poil. Une fois les révolutionnaires authentiques mis hors, d’état nuire par les services coloniaux, la soummamistes, le CCE et le CNRA en tête, se sauvent piteusement d'Algérie pour aller confisquer la direction de la révolution laissées vacantes par l'arrestation rocambolesque de ses légitimes représentants, par leschefs historiques et légitimes du FLN.


Donc, avant même que l’ancre avec lequel la plate forme de la Soummam avait été rédigée ne sèche complètement, les plus fameuses de ses décisions, la « Primauté de l’intérieur sur l’extérieur » et du « Politique sur le militaire » seront violées par ses législateurs sans leur faire de bâtardes, ils vont fuir l'Algérie vers l’extérieur, pour y devenir colonels, grade suprême de la révolution, abandonnant derrière eux le seul historique, Larbi Ben M’hidi.



Seuls ceux qui méconnaissent les évènements d'Algérie et méprisent l'adversaire pourront croire qu'en 1956 un congrès du FLN pouvait se tenir dans la vallée d’Ighzer amokrane, dans l’une des zones des plus sécurisées d’Algérie, sans l’aval des services coloniaux. Jusqu’à preuve du contraire !
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