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Financement non conventionnel, informel, politique économique...: Les réponses du Premier ministre



Financement non conventionnel, informel, politique économique...: Les réponses du Premier ministre
En ouvrant le débat, hier, avec les chefs d'entreprise réunis à l'occasion de l'université d'été du FCE, Ahmed Ouyahia a répondu remarquablement aux préoccupations des patrons.
En effet, le premier ministre a accepté d'engager un débat franc et direct avec les responsables des entreprises membres du FCE autour de l'ensemble des questions économiques de l'heure. Dans un style de think-tank et dans un décor comparable aux débats économiques en vogue dans le monde comme celui du Davos, Ahmed Ouyahia s'est mis à la disposition des entrepreneurs pour noter et répondre à toutes les questions. Ils étaient au total une quinzaine à avoir pris la parole et à soulever des problèmes et des interrogations, certaines portant sur la politique économique du gouvernement, d'autres pour évoquer des difficultés de lancement de projets alors que d'autres ont profité de l'occasion pour alerter le chef de l'Exécutif sur la situation de crise dont laquelle vivent des filières entières d'activités. L'économiste, Mohamed Cherif Belimihoum, qui a dirigé en tant que modérateur les travaux de ce panel, n'a pas trouvé beaucoup de difficulté pour réussir cette séance qui a tenu plus d'une heure et demie de temps et durant laquelle ils étaient plusieurs personnes à vouloir s'adresser au premier ministre. Lors de ce débat, on retiendra plusieurs messages envoyés par Ahmed Ouyahia à la communauté d'affaires. S'agissant du lancement du financement non conventionnel, le premier ministre s'est montré catégorique et précis : «il ne s'agit plus d'un choix. En recourant au financement non conventionnel, le gouvernement a évité au pays l'arrêt cardiaque. L'Etat n'était pas en mesure de payer les salaires et les dettes qu'elle avait auprès des entreprises. Grâce à Dieu et aux décisions judicieuses du président de la République, nous avons évité le pire. Aujourd'hui, nous pourrons remettre les sous dans les banques pour assurer le financement des projets», a-t-il souligné avec un air d'assurance et de celui d'avoir pris la solution qui s'imposait à l'Etat. A propos du phénomène de l'informel dans l'économie nationale, Ahmed Ouyahia n'a pas montré aussi un signe d'inquiétude à ce sujet. «Nous ne sommes pas mieux que l'Italie qui est confronté à ce problème. Ce n'est pas une calamité en soi. Un jeune qui vend des pantalons à la rue Ben M'hidi à Alger ne cherche pas le profit. Il survie tout simplement. C'est plutôt le trafic dans le domaine fiscal et douanier qui inquiète les pouvoirs publics. Mais pour cela, il faut engager une bataille ensemble, pas uniquement l'Etat», a-t-il ainsi répondu. Toujours au chapitre des mesures de soutien aux entreprises, Ahmed Ouyahia invite les patrons à adhérer au programme de mise à niveau. «Depuis son lancement en 2007, des millions de dinars sont restés tels quels. Ce programme est toujours là», a-t-il relevé s'interrogeant sur le manque d'intérêt pour ce dispositif. Répondant à une question sur le foncier industriel, il dira que l'Etat est ouvert aux initiatives privées visant à participer à la réalisation et à la gestion des parcs industriels, citant à ce propos la proposition faite par les opérateurs de la wilaya de Sétif. «L'Etat tend sa main à toutes les bonnes initiatives. Nous vous invitons à nous soutenir et à travailler ensemble pour l'intérêt de notre pays. Aidez-nous et nous vous aiderons», a-t-il lancé à la direction de l'assistance. Et d'ajouter dans le même registre : «il est vital pour nous de réduire la facture des importations. Il y va de la souveraineté économique nationale. Nous sommes prêts à aller à la fermeture des frontières, même si ce mot va choquer certaines parties. Nos partenaires étrangers ne sont pas contre, car nous avons le droit dans le cadre des accords de libre échange d'appliquer des clauses de sauvegarde.» Clarifiant son propos, il a précisé que «le seul souci du gouvernement dans la gestion des importations est celui de ne pas priver le citoyen des produits essentiels».
«L'Etat se retirera dans 10 ans»
Dans ses réponses aux questions des patrons, Ouyahia a envoyé des messages politiques lourds de sens. D'abord, il s'est dit favorable à la naissance des lobbyings économiques algériens au niveau local et à l'étranger. «Je dis bienvenu au lobbys des opérateurs. Nous trouverons les points d'équilibre entre la collectivité et les intérêts du monde économique. Ce n'est pas un tabou», dira-t-il en effet. Il a confié que l'Etat se contentera de son rôle de régulateur de l'économie d'ici 10 ans. Il est clair, pour lui, que les transformations intervenant à l'échelle nationale et internationale vont accélérer la cadence de ce retour à la mission de régulation de l'Etat et l'implication de la sphère économique dans le développement du pays. Se montrant ouvert à prendre en charge l'ensemble des doléances soulevées, notamment par les patrons des compagnies d'assurances, entre autres, celles du PDG de Alliance Assurances, Hassan Khelifati et du patron de Macir Vie, Hakim Soufi, ainsi que du PDG du groupe Amimer Energies, le premier ministre a réitéré la disponibilité de l'ensemble des départements ministériels à étudier les demandes en question. Quant à l'instauration du paiement exclusif en chèque soulevé par le PDG du groupe Benamor, Ouyahia a estimé qu'il s'agit d'un effort que devra supporter les opérateurs et les institutions économiques avant de l'exiger pour le reste des intervenants. Quant aux conditions de financements et d'octroi d'avantages, il a ajouté que le gouvernement agira en fonction de l'impact et du rendement du projet. «Nous avons un réel problème de financement, il est clair qu'on ne pourra pas élargir notre système de soutien à tous les investissements. Il faudrait saisir cette réalité», a-t-il répliqué au promoteur d'un projet de fabrication de cannettes destinées aux industriels de boissons. S'agissant de la vision économique du gouvernement à long terme à l'horizon de 2050, il a reconnu qu'il est difficile de la concevoir en raison de la fragilité de l'économie nationale. «Nous sommes encore très liés aux fluctuations du baril de pétrole. Il suffit d'un conflit pour que les prix du baril atteignent les 120 dollars. Même avec cela, on ne pourra pas avoir une projection. On est aussi sous la menace du gaz de schiste américain qui va arriver sur le marché dans 5 ans. Humblement, il est très difficile de se faire des projections comme peut le faire la Chine qui dispose d'une économie très forte», a-t-il considéré. Globalement, le passage d'Ahmed Ouyahia à la tribune de l'université du FCE a permis de rassurer les patrons et d'esquisser un nouveau cap à franchir.
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