Algérie - Revue de Presse

Fonderies d'Oran Les travailleurs contestent la privatisation


Ça bouillonne dans l'Algérienne des fonderies d'Oran (Alfon). Les travailleurs de cette entreprise, la plus grande filiale du groupe Fondal, qualifient la privatisation de leur entreprise de «bradage» et lancent un appel au président de la République. «Nous ne sommes pas contre la privatisation, ceci étant un processus incontournable. Mais notre protestation est contre la manière avec laquelle la privatisation d'Alfon a été faite jusqu'ici. Nous lançons un appel pressant au président de la République pour stopper le bradage d'une entreprise publique en plein essor et la désindustrialisation d'un puissant segment de la fonderie en Algérie», lance le secrétaire général de la section syndicale d'Alfon, qui active sous la bannière de l'UGTA. Dans le procès-verbal d'une assemblée générale tenue, dernièrement par cette section syndicale, il est consigné: «les travailleurs ainsi que leurs représentants s'opposent catégoriquement, par tous les moyens utiles en leur possession, à cette option de cessation d'actifs au profit du repreneur (SCOA). Les travailleurs ont manifesté leur désaccord pour toute action allant dans le sens de la reprise de leur filiale. Ce dernier (le repreneur SCOA) n'ayant aucune expérience, connaissance ou qualité professionnelle dans le domaine de la fonderie comme stipulé dans le cahier des charges... Après un long débat manqué par nos confrères des différentes filiales, la coordination syndicale du groupe Fondal déclare leur solidarité avec les travailleurs d'Alfon. Ils dénoncent de ce fait la manière et l'opacité qui ont entouré cette opération, menée sans faire participer le partenaire social, dont le dossier se trouve toujours à l'étude, au niveau du conseil de la Participation (SGP)». Contacté, hier par téléphone, un responsable du SGP Transolb a affirmé que «suite à l'appel d'offres pour l'ouverture du capital d'Alfon, il n'y a eu qu'un seul soumissionnaire. L'évaluation de l'offre technique et de l'offre financière est en cours», soulignant, par ailleurs, qu'il n'y a aucune clause dans le cahier des charges (mis au point par un bureau d'études de Santander -Espagne-) qui stipule que l'appel d'offres est infructueux en cas d'un seul soumissionnaire. D'un autre côté, le même responsable fait savoir que la deuxième filiale du groupe Alfel, en l'occurrence Alfel, basée à Tiaret, l'offre présentée par le seul soumissionnaire, un opérateur égyptien, a été jugée irrecevable, alors que pour la troisième filiale, Alfet située à Tiaret, il n'y a eu aucune soumission. Selon une source au fait du dossier de privatisation d'Alfon, mais qui a requis l'anonymat, «le verdict qui fixera le sort d'Alfon et de ses 283 travailleurs sera prononcé le 31 janvier en cours». Selon les syndicalistes d'Alfon, «il n'y a pas de garanties suffisantes que le nouveau patron va maintenir l'activité, encore moins en ce qui concerne le renforcement de la productivité et l'expansion sur le marché ainsi que le développement des ressources humaines. Nous en doutons, d'autant plus que le postulant n'a rien à voir avec la fonderie». D'autres voix, au sein des travailleurs, s'élèvent pour dénoncer «les desseins mercantiles» qui entourent cette privatisation «aux contours flous». «Ce qui est convoité, ce ne sont pas la manufacture Alfon, ses outils de production et la marque déposée de ses candélabres et semelles de frein, mais c'est son parc immobilier, son foncier de 3 ha situé à Gambetta, y compris la salle des fêtes «Les Falaises», à un jet de pierre de Front de mer et à cheval entre les nouvelles tours du rond-point Zabana et le Sheraton. La démarche entreprise jusqu'ici nous laisse pressentir un démantèlement progressif, à coups de délocalisation et de compression d'effectif de l'usine Alfon, de notre fonderie ex-Ducros, qui date des années 1920». Et un syndicaliste d'ajouter: «nous ne faisons pas dans le socialisme, nous sommes convaincus que la privatisation est un processus irréversible. Notre revendication est légitime: nous voulons un industriel digne de notre entreprise industrielle. Alfon, qui détient un certificat Iso 9000, a un chiffre d'affaires de 370 millions de DA. Pour l'exercice 2008, ce chiffre d'affaires consistera en 52% réalisés par l'activité de la fonderie en fonte, 18% par la fonderie d'acier, 19% par la chaudronnerie, 4% par les produits non ferreux et 7% par l'activité de l'usinage mécanique. Cette répartition est faite sur la base de la demande exprimée de la part de nos clients, qui sont essentiellement les collectivités locales de tout le territoire national. C'est peu dire que notre entreprise est en bonne santé financière». L'Algérienne des fonderies d'Oran (Alfon SPA) est une filiale du groupe Fondal issue de l'ancienne appellation «Unité de Fonderie d'Oran (UFO)». Elle a été créée par C. Ducros et Brustlein, en 1221, sous l'appellation «Ateliers et fonderie Celestin» (AFCD). L'usine avait commencé par la confection de petites pièces unitaires forgées et, au fil des années, cet établissement a pris de l'ampleur pour aboutir à la fabrication de pièces d'armement et de tracteurs par le procédé de coulée (1926 à 1940). Avant l'indépendance, la société avait passé un contrat pour confectionner les pièces «Berliet» et après l'indépendance elle a continué à travailler sous le sigle de la société nouvelle des AFCD et fût nationalisée en 1974 sous le sigle de l'ex-Sonacome. Après la restructuration des entreprises, l'unité est passée sous l'égide de l'Entreprise nationale de fonderie (ENF SPA), issue de la Sonacome et de la SN-Métal. L'usine a gardé les mêmes activités, à savoir: la fonderie d'acier et de fonte, une mini-activité en fonderie d'aluminium et de bronze, une activité de réalisation d'outillages, l'usinage mécanique et les travaux de chaudronnerie et métalliques. Elle a été transférée, en 2000, sous le statut de filiale du groupe Fondal, tout en conservant les mêmes activités.


Après avoir lu l'article ces jours-ci et aussi votre commentaire, grande a été ma surprise de trouver le nom de Terrien. Je l'ai très bien connu puisque je travaillais moi-même dans cette entreprise jusqu'en décembre 1990. Désolé d'apprendre aussi son décès. Mes amitiés.
Varga André - retraité - Lyon, France

20/04/2022 - 538802

Commentaires

merci pour cet article. papa était contremaître avant l'indépendance à la fonderie Celestin Ducros, et il y est revenu jusqu'en 1974 son départ définitif pour la France. Votre article qui fait référence au passé de cette usine et montre son évolution et la bataille qu'elle mène aujourd'hui pour rester au premier rang lui aurait fait certainement plaisir. Mais il n'est plus là pour vous le dire alors j'ai pris le relais. Encore merci et bravo!
Geneviève TERRIEN - retraitée - STE GEMME, France

07/06/2016 - 300550

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