Algérie - Accidents et insécurité routière

Hassi Benabdallah (Ouargla) - 11 morts et plusieurs blessés: Drames de la route jusqu’à quand?


Hassi Benabdallah (Ouargla) - 11 morts et plusieurs blessés:  Drames de la route jusqu’à quand?




Cinq heures quinze minutes. Dans un bus de transport de voyageurs assurant la liaison entre Alger et Ouargla, étudiants, enseignants, élèves, commerçants, et citoyens qui étaient de retour à leur ville de résidence ou de travail ne se doutaient pas de la catastrophe qui les attendait à 60 km de Ouargla, alors que le jour commençait à poindre.

Hier, peu après 5h, un tragique accident de la route a eu lieu sur la RN56 entre Touggourt et Ouargla sur le territoire de la commune de Hassi Benabdallah. Alors qu’il se dirigeait vers Ouargla, à bord d’un bus de transport des voyageurs de la compagnie Remache assurant la liaison entre Alger et Ouargla, Moussa Benterzi, 56 ans, demeurant et travaillant à Ouargla, quitte une déviation lorsque, au bout d’une ligne droite et au début d’un virage, il entra en collision avec un camion semi-remorque transportant de la ferraille et circulant dans le sens inverse conduit par Abdelouaheb Mihoubi.

Lourde et longue intervention des pompiers

Le choc a été si violent que le camion semi-remorque, qui a percuté le véhicule, a fauché toute la partie avant du bus transportant une quarantaine de passagers. Après s’être renversé, le bus s’immobilisa sur le bas-côté de la route dans une scène d’horreur où les corps des victimes étaient visibles de loin gisant jusqu’à l’arrivée des premiers secours.

En totalité, 12 ambulances médicalisées de la Protection civile et de la direction de la santé ont été affectées à l’évacuation progressive des victimes décédées et vivantes qui ont pu être extraites du bus dont la tôle écrasée n’a cédé qu’après trois heures d’intervention des agents de la Protection civile qui ont également mobilisé 6 camions anti-incendie et d’intervention dans les accidents de la route. Le fracas des tôles, un bruit indescriptible qui a subitement déchiré le silence de ce paisible voyage nocturne mais aussi la voix de cette petite vieille qui aurait demandé à un certain moment au conducteur de diminuer de vitesse restent les souvenirs sonores de ce tragique voyage, où la sirène d’ambulance a sonné par douze fois… Les causes de l’accident n’ont pas encore été élucidées et font l’objet d’une enquête ouverte séance tenante par la Gendarmerie nationale.

Le drame des familles

A la morgue de l’hôpital Mohamed Boudiaf, les corps des onze victimes décédées avaient été formellement reconnus, les éléments de la Gendarmerie nationale ont pu constituer vers 14h un listing nominatif grâce à la récolte de la quasi-totalité des pièces d’identité. Des documents presque intacts qui ont été d’une grande aide dans l’attente de la venue des familles nombreuse à réclamer leurs morts, alors que le service de médecine légale leur demandait de patienter pour accomplir les formalités administratives et judiciaires. Une voisine du docteur Yahiaoui était en pleurs devant le barraudage de la morgue réclamant de voir son amie, le recteur de l’université de Ouargla, également choqué s’inquiétait du sort de cette même victime, jeune enseignante à l’université ainsi que deux autres étudiants originaires de Bou Saâda et Hadjout, également décédés. M. Naem, dont le frère et la nièce figurent parmi les morts de cet accident, s’est vite éloigné de la porte qu’on lui demandait de laisser libre et d’attendre comme les autres dans la cour de l’hôpital. Tel a été le lot commun de ces familles endeuillées en ce jour fatidique où elles attendaient le retour des vacances de leurs proches.

Les moyens de la morgue sont visiblement amoindris par les pannes, et les quatre armoires frigorifiques en marche n’ont pas permis de parer à tous les besoins en cette occasion où le nombre des morts dépassait allégrement le disponible. Une occasion rappelant tragiquement celle de Gassi Touil, il y a quelques années quand le service médico-légal de Ouargla, sous la présidence du docteur Mostefa Gaceb, avait accueilli 13 cadavres étêtés par un camion rétrochargeur. Les familles devront attendre lundi pour pouvoir inhumer leurs morts après réception des autorisations de mise en bière du parquet.

Du côté des rescapés, le choc est évidemment à son paroxysme, ceux qu’on a pu approcher étaient encore hébétés et n’arrivaient même pas à bouger, les réactions sont différentes, mais le traumatisme est visible à l’œil nu et on voit bien que ces personnes ne verront plus le monde de la même façon. Les six blessés graves hospitalisés ont été répartis selon la nature du traumatisme contracté, nous précisera Saïd Benkrane, directeur des activités sanitaires de l’hôpital Mohamed Boudiaf, qui affirme que deux victimes sont encore au service chirurgie femme, deux autres au service traumatologie, une en chirurgie infantile et une autre en réanimation.

Etat de choc aux urgences

Le tri des victimes de l’accident de la RN 56 se faisait évidemment au service des urgences, l’état de choc a rendu difficile l’accès à des témoins oculaires. Sous le choc, Ahmed a requis l’anonymat pour ne pas inquiéter sa femme et sa vieille mère restées à Alger. Nous ne dévoilerons pas sa profession qui pourrait trahir son identité. Celui qui porte sur lui tous les signes visibles de blessures légères tant sur les deux pieds, son crâne et son visage porte toutefois une blessure profonde que ses nombreux amis venus en foule aux services des urgences n’arrivaient pas à estomper.

«A 4h j’étais réveillé, alors que la moitié du bus dormait, je sortais petit à petit de ma torpeur, car ces moments de retour à l’aube sont les meilleurs du voyage pour moi. 4h30, le chauffeur conduisait sur la double voie toute nouvelle, 4h45, il entamait une déviation pour rentrer dans la voie unique. J’ai regardé ma montre à 5h15, et quand j’ai porté mes yeux en face, c’était le choc de ma vie: un camion semi-remorque nous rentrait dedans.

Je n’en croyais pas mes yeux, je pensais faire un cauchemar, je dormais sûrement et j’allais me réveiller dans 5 minutes à la gare routière de Ouargla. Non, j’ai vu le corps de la petite qui était assise à côté de ses parents à la deuxième place voler et retomber, le chauffeur a pris sur lui tout le choc de la collision avec les familles installées dans les trois premiers rangs, après, le car s’est renversé et la lutte pour la survie a commencé pour nous qui étions bloqués entre les sièges, mais en vie tout de même.»

Le récit de cette chronologie retrace un accident d’une violence inouïe.

«Contrairement aux autres, j’étais très fatigué à notre départ de la gare de Kharrouba, aussi je me suis endormi dès que le bus s’est ébranlé, un sommeil entrecoupé de fréquents réveils jusqu’à 4h.»

Là, notre interlocuteur commence à pleurer: «Je ne remercierais jamais assez Dieu d’être sain et sauf, j’ai vu tous les passagers qui étaient devant moi mourir sous mes yeux !»

Houria Alioua

je ponse a seji ouarglza ok
nessrine makhlouf - algèrine - mechirai, Algérie

15/10/2014 - 215048

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