Algérie - A la une


Herboristerie
«La première mission de l'Ordre des pharmaciens est d'encadrer l'exercice pharmaceutique et lutter contre la pratique illégale de la pharmacie», a souligné Lotfi Benbahmed, qui en est le président, dans un entretien accordé, hier matin, à la Chaîne III de la Radio algérienne dont il était l'invité.Il révèle que, depuis quelques années, l'Algérie est la cible d'un réseau international basé dans les pays du Moyen Orient qui s'installe dans notre pays, ouvre des chaînes d'herboristeries et lance, avec l'aide de chaînes de télévisions complices, de véritables campagnes de désinformations pour vendre de la fumisterie et des produits contrefaits, que l'on dit compléments alimentaires ou produits à base de phytothérapie, mélangés très souvent à des principes actifs, qui constituent un véritable danger pour la santé publique. Il fait savoir que l'Ordre des pharmaciens a alerté les pouvoirs publics (ministères de la Santé et du Commerce) sur les failles de la réglementation qui permettent la commercialisation, par les herboristes, de produits phytopharmaceutiques qui ne le sont pas, et sans aucune traçabilité ou contrôle digne de ce nom. Il a affirmé, en outre, que l'Ordre des pharmaciens a réagi plus de deux ans et demi avant l'affaire du RHB, avec une campagne à travers les 48 wilayas, où 250 élus à l'Ordre des pharmaciens, ont été appelés à se rapprocher des autorités compétentes pour signaler toutes les dérives constatées. Il a encoré déploré le fait qu'aucun écho n'ait été manifesté en temps réel, mis à part la fermeture de quelques herboristeries dans certaines wilayas, «mais le début de prise en charge de ce problème a été bloqué par les agissements d'un lobby», précise-t-il. L'affaire de la molécule du RHB est la partie émergée de l'iceberg, «il y en a une centaine comme elle, qui sont vendues dans ces boutiques d'herboristes, aidés en cela par des médias qui font dans la complicité de l'exercice illégale de la médecine». Pour lui, l'affaire RHB est l'affaire de trop, qui montre que le signal d'alarme doit être tiré. Et de rappeler qu'en termes d'organisation, beaucoup de travail a été fait sur la loi sanitaire, sur la mise en place de l'Agence du médicament qui doit permettre une organisation pertinente du secteur, et la mise en place d'une corrélation réelle entre la santé et le remboursement. «C'est-à-dire une synergie entre le ministère de la Santé et le ministère du Travail, ainsi qu'avec la Formation et l'Industrie». Il a aussi plaidé pour un véritable plan de développement pour le médicament et la pharmacie qui permet de potentialiser tous les moyens existants en Algérie. L'Agence du médicament aura des commissions pour la formation, pour la publicité et pour le réglementaire. Le secteur, fait-il observer, a besoin de plus de régulation. Une récente réunion de l'Ordre maghrébin des pharmaciens (OMP) a mis les jalons d'une étroite coopération régionale pour lutter contre l'importation frauduleuse. Il y a une contrebande du médicament vers les pays voisins, qui s'est mise en place du fait des prix bas des médicaments en Algérie, dit-il. Dans ce sens, il annoncera la tenue d'un forum international à Alger, avec une trentaine de pays africains. A propos de l'accroissement du montant de la facture des médicaments, il est du principalement, dit-il, à la prise en charge du cancer en Algérie, notamment par la pharmacie centrale des hôpitaux (PCH). Il fait observer qu'il y a eu augmentation en valeur de la production nationale avec un ratio maintenant de 50/50. «Il faut, voir l'utilisation de cette facture, quels sont les objectifs». Il reconnaîtra qu'il y a des ruptures d'approvisionnement des médicaments, qui sont contingentés en prix et en quantités, «ce qui entraîne des pénuries de médicaments, à cause de l'austérité ou de la régulation des dépenses (alors que les compléments alimentaires sont libres d'importation», signale-t-il. Mais il minimisera l'impact sur la santé publique. A ce propos, il a tenu à dénoncer l'importation du «médicament-cabas», et fait savoir qu'une dizaine de pharmacies ont été fermées pour cette raison. A propos de formation des étudiants, il signale qu'on est passé de quatre instituts de pharmacie à onze, sans que les conditions pédagogiques existent (pas de rangs magistraux partout, pas de travaux pratiques,...) comparativement aux facultés de pharmacie de Rabat et de Monastir, respectivement au Maroc et en Tunisie. «Il est absurde que des pharmacies fonctionnent sans pharmaciens alors que simultanément des pharmaciens n'ont pas de pharmacies pour exercer».
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