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Il y a 71 ans, la fête du Travail est célébrée dans le sang


Il y a 71 ans, la fête du Travail est célébrée dans le sang
La défaite du nazisme, en 1945, n’annonce pas hélas les meilleurs jours pour tous les peuples. En effet, malgré la participation des « indigènes » à l’effort de guerre, le système colonial ne compte pas rendre la liberté aux peuples qu’il subjugue.

Ainsi, au nom du principe de la généralisation des droits de l’Homme, les autorités coloniales les bafouent en foulant au sol les mêmes principes. Cela « confère à de telles actions un caractère particulier d’hypocrisie, de double langage », écrit Yves Benot, auteur du livre « les massacres coloniaux ».

Mais, compte tenu des promesses des alliés –lors de la conférence de San Francisco de mars 1945, les alliés réaffirment le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes –, les Algériens tiennent à faire valoir leur droit à la libération, et ce, bien que l’arsenal répressif colonial soit aux aguets. En tout cas, en dépit des risques encourus, le 1er mai 1945, la rue algérienne, notamment ces deux grandes villes, Alger et Oran, est prête à défendre crânement ses droits.

Pour le principal parti indépendantiste, le PPA (parti du peuple algérien), il y a un double défi. D’un côté, il veut rappeler les promesses des alliés et, de l’autre côté, il conteste la déportation de son chef charismatique, Messali Hadj, à Brazzaville, le 30 avril 1945.

Bien que les organisateurs aient peu de temps devant eux, ils parviennent tant bien que mal à préparer des pancartes et des banderoles. Sur celles-ci, deux slogans sont principalement martelés : « libérez Messali » et « Algérie libre et indépendante ».

Mais, est-ce que la liberté des uns vaut la liberté des autres ? La réponse est évidemment non. En fait, ce qui peut paraître comme un idéal à préserver chez les puissants de ce monde n’est qu’une forme de sédition quand il est revendiqué par les faibles. Cela leur confère, par la même occasion, le droit de les mater.

Pour dissuader les manifestants algériens, dès les premières heures du 1er mai 1945, la ville d’Alger est bouclée par les forces de police. En outre, après le refus de la CGT de laisser les Algériens intégrer leur cortège, la mission de la police coloniale devient du coup plus facile.

Dès l’apparition du drapeau algérien, le prétexte est aussitôt trouvé. Pour résumer l’ampleur de la répression, le témoin de l’époque, Henri Alleg, écrit : « il y avait eu quatre morts et sept autres blessés qui ne survivront que quelques jours à leur blessure. » Ce même scénario se répète évidemment à Oran, où le bilan est d’un mort et de plusieurs blessés graves.

Cependant, dès le lendemain, les dirigeants du parti clandestin se retrouvent dans une situation paradoxale. Ne pas appeler à la célébration de l’armistice, prévue dans une semaine, c’est renoncer au combat ; le faire, c’est exposer leurs compatriotes à une répression aveugle. Telle est donc la question à laquelle doivent répondre les dirigeants du PPA au plus vite.
Après une concertation de la direction clandestine, il est décidé que les célébrations devraient avoir lieu dans les villes où il n’y avait pas de violence. En effet, à l’instar de Sétif et de Guelma, où les manifestations du 1er mai n’ont pas provoqué de heurts, la célébration de l’armistice est maintenue.

En revanche, à Alger et à Oran, il est décidé d’annuler uniment tout rassemblement. Et qui plus est, anticipant tout risque, les militants les plus en vue dans ces deux grandes villes sont simplement arrêtés. Malheureusement, sans que la répression ne soit évitée le jour J.

Pour conclure, il va de soi que la répression du 1er mai 1945 n’est pas anodine, et ce, bien que celle de la semaine suivante la dépasse largement en horreur. Dans les deux cas, les Algériens ne sont armés que de leur courage en vue de conquérir leur liberté. Pour y parvenir, ces meilleurs fils de l’Algérie ont payé un lourd tribut. 71 ans plus tard, il appartient aux générations actuelle et future de préserver ce legs précieux.
Aït Benali Boubekeur



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