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L'ANEM de Khenchela au coeur d'un scandale de corruption



L'ANEM de Khenchela au coeur d'un scandale de corruption
Sur la liste des personnes impliquées figurent le directeur par intérim (le directeur en titre est absent pour raison médicale depuis plus d'une année) et deux employés de cette agence.Une enquête vient d'être ouverte par les services de sécurité au niveau de l'Agence nationale de l'emploi (ANEM) de Khenchela, et ce, suite à des dépassements enregistrés dans la gestion de cet organisme public, a-t-on appris d'une source fiable. Pour rappel, l'ANEM est sous la tutelle du ministère du Travail et de la Sécurité sociale. Sur la liste des personnes impliquées figurent le directeur par intérim (le directeur en titre est absent pour raison medicale depuis plus d'une année) et deux employés de cette agence.Selon notre source et d'après les documents que nous avons pu examiner, le directeur intérimaire a permis à sa s'ur de bénéficier d'un contrat d'intégration professionnelle (CIP) avec affectation au Musée régional du moudjahid de Khenchela depuis le 16 janvier 2013 alors qu'elle est déjà titulaire d'un poste de travail permanent au niveau de la direction des mines et de l'industrie de la wilaya depuis le 13 décembre 2008. Elle bénéficie donc, en toute illégalité, de deux salaires, ce qui est confirmé par une double affiliation à la CNAS.La formule du CIP concerne les jeunes de l'enseignement secondaire de l'éducation nationale, des centres de formation professionnelle, ou ayant suivi un stage d'apprentissage : un contrat d'insertion est établi entre l'ANEM, l'employeur potentiel et le bénéficiaire, contrat qui peut aller jusqu'à 3 ans et qui est renouvelable dans le cas d'une affectation dans les administrations et organismes publics (contrat non renouvelable et d'une durée de 6 mois à un an pour d'autres secteurs d'activité). Les bénéficiaires des contrats d'insertion professionnelle perçoivent une rémunération mensuelle de 8000 DA net, à la charge du budget de l'Etat.Dans le cas qui nous intéresse, même l'opération d'assainissement des listes de l'ANEM a épargné l'intéressée, qui continue de remettre les fiches mensuelles de pointage à l'administration concernée et de percevoir un deuxième salaire mensuel de 8000 DA. Et ce n'est pas la seule indue bénéficiaire : la même pratique, avec la complicité et le silence du directeur intérimaire, a permis à un employé de la direction de l'agence de wilaya de l'ANEM, qui plus est membre de la commission chargée de l'assainissement des listes, de faire bénéficier son frère d'un CIP, alors que ce dernier est en train de purger une peine de prison à l'établissement pénitentiaire de Khenchela. En outre, le frère d'un autre cadre de l'ANEM continue de bénéficier d'un salaire, malgré sa présence permanente en France depuis des mois, toujours avec le consentement du directeur intérimaire de l'agence.Par ailleurs, notre source affirme que dans les archives de l'ANEM de Khenchela, les services de sécurité ont retrouvé au cours de leurs investigations des dossiers incomplets de bénéficiaires et même des dossiers complètement vides, appartenant à des privilégiés, comme il existe des employeurs (du secteur privé essentiellement) qui ont bénéficié de plus de 20 contrats d'intégration professionnelle sans avoir d'adresse, alors que leurs «employés» perçoivent des salaires à la charge du budget de l'Etat par le canal de l'ANEM et en l'absence de bulletins de présentation.La direction générale ferme les yeuxPlus grave encore, dans cette affaire de corruption qui ne dit pas son nom et qui n'a pas livré tous ses secrets : on nous a confié que la direction générale de l'AMEM à Alger est au fait de ces pratiques en cours dans son agence de Khenchela et qu'elle n'a pas bougé le petit doigt pour mener ses propres enquêtes, alors qu'elle a été destinataire de rapports circonstanciés émanant notamment d'employés de l'agence de Khenchela.Pourquoi la direction générale de l'ANEM n'a pas réagi ' Visiblement, ces pratiques d'emplois fictifs, favorisées par la permissivité d'une législation et d'une réglementation facilement contournables et en l'absence de contrôles réguliers et efficients ? des emplois, faut-il le rappeler, financés par le budget de l'Etat dans le cadre de la lutte contre le chômage des jeunes ? se font à grande échelle et dans nombre de wilayas du pays, Khenchela étant loin d'être l'exception.Le ministère de tutelle de l'ANEM est interpelé : non seulement il doit diligenter ses propres enquêtes, mais aussi solliciter l'inspection régionale des finances, s'agissant de détournements de l'argent public, voire de la Chambre territoriale de Constantine de la Cour des comptes, qui est chargée, selon les textes en vigueur, du «contrôle des collectivités territoriales de son ressort, des établissements et organismes publics de toute nature dépendant desdites collectivités ou recevant des subventions inscrites à leur indicatif, ainsi que des entreprises publiques locales».Nous avons tenté une première fois, mardi dernier, de rencontrer le directeur intérimaire de l'ANEM de Khenchela pour avoir sa version des faits, on nous a dit qu'il était en réunion. Suite à une deuxième tentative dans l'après-midi le même jour, nous avons été reçus par son adjoint, qui nous a informé qu'au même moment le directeur intérimaire était chez le wali.



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