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L'histoire d'une région martyrisée



L'histoire d'une région martyrisée
L'auteur retrace notamment le parcours révolutionnaire du chahid Si Mustapha, de son vrai nom Saoudi Mohamed, tout en évoquant les nombreux crimes de guerre perpétrés par l'armée coloniale et ses supplétifs, les harkis.Voici un livre nourri de témoignages et de documents inédits sur les martyrs et les moudjahidine de l'Algérie profonde. Fruit de longues années de travail et de recherche, La guerre de Libération dans la région de Si Mustapha, Legata, Koudiat El Araïs, Zemmouri, Zaâtra (1954-1962) de Rabah Boumriche, un livre de 746 pages sur la Révolution algérienne, édité à compte d'auteur, retrace, grâce à de multiples témoignages, le parcours héroïque de nombreux martyrs de la révolution et des moudjahidine de l'une des régions les plus meurtries pendant la révolution. Nourri de documents et d'informations inédits, cet opus écrit avec une grande passion par un enfant de la région qui, lui-même, vécut les affres de la guerre alors qu'il n'était que gamin, est une véritable contribution à l'écriture de l'histoire. C'est donc un livre-document pour les historiens mais aussi un testament contre l'oubli s'agissant notamment de certaines pratiques assimilées à de véritables crimes de guerre commis par l'armée française et par les harkis."Notre région peut s'enorgueillir de compter parmi les siens d'illustres chouhada, à l'instar de Laïchaoui Mohamed, auteur de la Proclamation et l'Appel du Premier Novembre, et de Ahmed Ghermoul, l'un des fondateurs de l'UGTA", rappelle Rabah Boumriche qui évoque une région martyrisée où non seulement des centaines de moussebiline et de militants ont été sommairement exécutés, mais aussi des femmes, des enfants et des vieillards.Les bourreaux venaient des Gauleiters, Scarfo-Phénix, Mathieu-Lenfant, les Mélives de Félix Faure et de Courbet (Zemmouri).Ils avaient à leur tête notamment Paternot et Reid. L'auteur revient également sur le parcours révolutionnaire de Si Mustapha, de son vrai nom Saoudi Mohamed, comme il évoque les fameux camps de la mort utilisés par l'armée française pour ses exécutions. Il cite, à ce titre, la ferme Gautier ou le camp Germaine où furent tués toute la famille Bounous. Il décrit aussi certaines opérations militaires menées par l'ALN dans la Wilaya IV historique et l'engagement des femmes de la région pour la libération du pays.De nombreuses moudhahidate et moussabilate sont tombées, en effet, au champ d'honneur. "Elles étaient si nombreuses qu'un livre entier ne suffirait pas à relater leurs actions", ajoute l'auteur. Il cite l'exemple particulier de Bounous Lelloucha, née Bournissa, exécutée avec son mari et son fils par le Commando de la mort conduit par un sanguinaire, un sergent harki de l'armée française. L'auteur signale aussi l'engagement révolutionnaire de la famille Bayou, frères, oncles neveux, cousins, soit des dizaines d'entre eux qui sont morts au champ d'honneur.Le livre raconte avec moult détails le dernier combat de Si Mustapha et de son groupe, le 25 novembre 1958, au lieu-dit Mansourah, dans la commune qui porte aujourd'hui son nom. "Ma volonté est de mettre en lumière ces événements d'une rare intensité dramatique qu'a connus la région, le sacrifice de ces hommes et de ces femmes dont le sang a inondé le territoire national. Le recouvrement de la dignité nationale était à ce prix', précise-t-il.Etant encore enfant, Rabah Boumriche a vécu lui même une partie de ces événements tragiques. Ainsi, il a pu assister directement aux agissements atroces des colons ultras, à l'image du maire de l'époque, Georges Paternot, et de son adjoint Dustou Henri."Le vécu m'a permis de puiser dans cette banque de données qui est la mémoire. J'ai eu accès à des séquences et des éléments qui m'ont facilité l'écriture. La documentation et la lecture de livres d'histoire nationale m'ont permis de faire des recoupements et de vérifier que les événements de notre histoire locale s'imbriquaient parfaitement à la chronologie nationale."Ce livre passionnant d'une extrême importance pour les historiens s'adresse aussi au simple citoyen, notamment les jeunes qui veulent connaître l'histoire de leur pays et les sacrifices endurés par leurs parents. D'ailleurs, on ne peut qu'encourager Rabah Boumriche à poursuivre ce travail de mémoire, une tâche ardue peut-être mais ô combien exaltante.M. T.



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