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La culture dans la rue pour les Bamakois Culture : les autres articles


La culture dans la rue pour les Bamakois                                    Culture : les autres articles
Expositions, projections cinématographiques, rencontres, conférences et lectures sont les services que propose la Médina Arts et culture de Bamako à ses visiteurs. Ancien haut lieu de la mode et quartier de l'écrivain Amadou Hampaté Bâ, la Médina transmet les cultures du Sahel, au-delà des mers et des terres pour conscientiser et faire bouger la culture. Depuis quelques mois, la Médina participe à la plupart des festivals qu'organise l'Algérie et se positionne plus comme un label de qualité qu'un simple promoteur de culture.
«La première fois que j'ai entendu le nom 'Médina' à Bamako, je croyais que c'était une fantaisie d'un étranger ou d'un nostalgique de cette architecture typiquement arabe. C'est un ami qui m'a invité à une exposition de photographies et c'est ainsi que j'ai découvert ce bel endroit», raconte Lamine Demblé, critique d'art et enseignant. «J'avoue que le lieu où se situe la Médina est un quartier oublié de Bamako, j'étais doublement surpris !» La Médina de Bamako est un centre culturel multidisciplinaire, installé dans le vieux Bamako, le quartier de l'écrivain Amadou Hampaté Ba. Un quartier qui a marqué la ville dans les année 1970, grâce à l'influence artistique : écrivains, musiciens, artistes peintres' tous se côtoyaient dans ce haut lieu de la création. Aujourd'hui, cette époque est révolue, le quartier s'est vidé de son génie créatif, imposant aux habitants de nouvelles habitudes.
«Je crois que ce quartier mythique représente symboliquement toutes les crises qu'a connues notre pays. A travers le succès puis la décadence de ce lieu, ouvrir un centre culturel est un challenge audacieux qui mérite l'attention de tous», poursuit Lamine Demblé. La Médina est visible par le grand boulevard du Peuple. C'est un bâtiment blanc, soutenu par deux poutres où est inscrit le mot «Lire» traduit en plusieurs langues. «Le savoir est une arme. Inciter les gens à s'instruire contribue à leur garantir une indépendance intellectuelle», affirme Annie Toulousain, ancien cadre d'administration en Afrique de l'Ouest. Depuis qu'elle a pris sa retraite, Annie explore autrement Bamako et ses environs. «Malgré la crise que traverse le Mali, je reviens chaque année pour partager avec mes amis d'ici et d'ailleurs mes découvertes et mes coups de c'ur. La Médina de Bamako est une porte grande ouverte sur les arts. On n'en sort jamais vides. C'est à l'image des Bamakois, ils vous donnent le maximum d'eux-mêmes sans rien demander en retour.»
Architecture
Dès l'entrée, une belle vue sur le patio verdoyant et lumineux constitue le point central de la bâtisse. D'ailleurs, c'est là que le directeur de la Médina a disposé un comptoir fait de collages réalisés par des artistes locaux, de quoi garantir une ambiance conviviale à chaque vernissage. Cet espace est ouvert à la fois sur la salle d'exposition et la salle de lecture. Un escalier de mille couleurs réalisé par le dandy bamakois Amsyl, et soutenu par une rampe en bois mène au deuxième étage. «La Médina est toujours en construction. Nous avons mis en place les principaux espaces pour permettre aux artistes de s'exprimer. Cependant, nous prévoyons, dans les mois à venir, de poursuivre le processus de construction, en y ajoutant d'autres salles multimédias et surtout la résidence d'artistes», explique Lassana Igo Diarra, directeur de la Médina, éditeur et secrétaire régional Afrique de l'Ouest pour Arterial Network. A 43 ans, Lassana Igo Diarra sillonne les pays voisins et le monde pour porter un message positif sur l'image de son pays, de la région ouest africaine et du continent en général.
«Nous sommes les ambassadeurs de notre pays. A travers les manifestations que nous organisons, nous tenons à ouvrir la voie aux artistes nationaux et internationaux pour des collaborations communes», ajoute-t-il. Le but de la Médina est la promotion d'un savoir-faire. Pour son directeur, il est important que la culture «soit partout aussi bien dans les palais que dans les ghettos» ; cette démarche est décisive dans l'organisation du quartier même où se trouve la Médina. Entre le marché et le stade, les habitants ne peuvent pas espérer aller regarder un film à l'Institut français qui est loin, ou se promener dans le grand musée-parc de Bamako sous un soleil de plomb. «Il faut qu'on développe la culture de proximité, tout en étant exigeants, afin d'offrir de la qualité à nos concitoyens. Je souhaite ramener l'art dans les rues et installer des expositions pour les passants», précise Lassana Igo Diarra.
Coopération
Dakar, Paris, Amsterdam, Niamey, Alger, Casablanca ou encore Pretoria sont les lieux de l'échange qu'entretient le staff de la Médina avec les acteurs culturels des autres pays. «La coopération culturelle est extraordinaire et devrait être une priorité des ministères des Affaires étrangères et de la Culture !», s'enthousiasme Lassana Igo Diarra. Aujourd'hui, plusieurs structures panafricaines, souvent soutenues par l'Union européenne ou des fondations internationales, activent dans le domaine de la culture et contribuent largement à la mobilité des artistes. «L'expérience des pays occidentaux sur la diffusion de la culture est bénéfique et pérenne. Cette politique est une garantie pour les artistes qui sont les acteurs majeurs et même le baromètre pour connaître les pays où la liberté d'expression est plus importante», assure Halima Trabelsi, agent artistique et chercheure en politique culturelle. «Nos artistes doivent accéder aux manifestations internationales sans subir les contraintes des visas. La mobilité artistique est un concept testé et approuvé par plusieurs pays. Pourquoi ne pas encourager l'expérience dans notre continent '
On donne bien des visas à des gens qui souillent l'image du pays, alors que ceux qui ont un message positif à faire passer sont retenus par des contraintes administratives.» Lassana Igo Diarra, quant à lui, ne désespère pas : «J'ai ramené en Algérie plusieurs artistes dans diverses disciplines, et à chaque fois c'est bénéfique, puisque ce qui est important, c'est l'échange, le travail qui va suivre et l'expérience.» Que ce soit au Sila (Salon international du livre d'Alger), au Fibda (Festival international de la bande dessinée) ou, récemment, au Festival de la danse contemporaine, les artistes maliens qui viennent en Algérie développent un très beau rapport avec nos agitateurs culturels locaux.
Plusieurs rencontres ont été programmées lors de son séjour algérois, afin d'organiser la venue de la délégation algérienne, au prochain Festival international de littérature de jeunesse de Bamako «Kanla Kadi», qui se tiendra du 4 au 10 mars 2013, où l'Algérie sera le pays d'honneur. «Je suis impressionné par le travail de l'AARC (Agence algérienne pour le rayonnement de la culture), ou encore le stand qui a connu un grand succès au Sila, l''Esprit Panaf'' qu'a présenté Mme Narriman-Zehor Sadouni. Nous pouvons d'ores et déjà 'uvrer pour la durabilité des échanges bilatéraux afin de servir la promotion des arts entre pays africains.»
Infos pratiques :
Boulevard du Peuple
Médina Coura, BP 83, Bamako
nfosmedina@gmail.com


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