La Ligue arabe a joué et perdu

La Ligue des pays arabes, existe-t-elle encore ' Les évènements survenus dans sa sphère indiquent qu'elle a fini de vivre politiquement et sur le plan juridique, son statut est dépassé.Tous les points chauds dans sa sphère sont internationalisés. Il n'y a même pas eu de consensus pour s'unir contre toute menace qui pèse sur un pays membre. N'en parlons pas d'une riposte «militaire», ou, à tout le moins, d'une militarisation du discours. Elle a laissé se faire pendre un président arabe. Elle a laissé se faire assassiner un autre président. N'était-ce l'intervention russe, Bachar aurait été le troisième sur la liste de la mise à mort des chefs d'Etat arabes. Toujours pour ce qui concerne la Ligue, ses limites sont affichées. En mars 2003, l'agression contre l'Irak avait reçu la caution régionale arabe. Dans le cas syrien, elle se disait prête à aller jusqu'au bout, c'est-à-dire à transmettre le dossier aux Nations unies. Et pourtant, elle a précisé qu'elle est contre toute ingérence étrangère, voire une intervention militaire pour apporter une solution arabe à un dossier arabe. Si le dossier arrive aux Nations unies, c'est le Conseil de sécurité qui décidera. Elle a voulu donner le siège syrien à la Ligue à l'opposition syrienne. Et pourtant, cela n'était pas légal. L'Algérie, bien sûr, s'y était opposée comme elle a refusé de participer à l'alliance arabe levée par l'Arabie Saoudite. C'est ce qui a permis à l'Algérie une crédibilité dans son rôle de médiatrice. L'«opposition» syrienne en avait appelé à l'intervention de l'Otan pour établir une zone d'exclusion aérienne. Voilà le scénario libyen. Voilà le scénario irakien. Cela avait commencé comme ça. La Syrie n'est pas la Libye ' Cette dernière avait dit qu'elle n'était pas la Tunisie. Ce fut bien pire.