Algérie - Chômage, emploi informel

La silhouette familière des vendeurs ambulants Beignets, thé et bracelets en vente sur les plages


La silhouette familière des vendeurs ambulants  Beignets, thé et bracelets en vente sur les plages
A Tichy, Ain Brahim, Terga plage ou Rechgoun, ils se mêlent aux estivants. Ils slaloment au milieu des corps étendus, contournent certaines tentes et se dressent devant d'autres. Les vendeurs ambulants arpentent, du matin au soir, le sable pour vendre quelques babioles ou des beignets. Rencontré récemment à la plage de Cap Djinet, Ahmed Doucene nous a confié être venu de Touggourt. Dans ce qui s'apparente à une saison de la migration vers le Nord, il n'est pas arrivé seul mais en compagnie de cinq amis. « Ce n'est pas la première fois que nous sommes ici. On est des habitués de l'endroit ». Aucun d'eux ne veut, pour autant, passer son séjour à vendre et faire seulement plaisir aux autres. « Nous proposons différents gâteaux que nous achetons dans une pâtisserie de la ville. Le patron nous fait un prix. Il nous laisse 5 DA et nous augmentons l'unité de 10 DA. Nous avons un immense plat que nous confions chaque jour à l'un d'entre nous. Les autres se baignent quand lui travaille » explique Imad, un gringalet qui, en riant, indique que « ses études en langue anglaise à l'université de Ouargla ne l'ont pas préparé à ce genre de travail ». Ils ne manquent pas d'humour les gars. « C'est aussi un jeu. Chacun cherche à gagner plus que les autres » s'esclaffe Ahmed. Ils ont loué un F2 pour une quinzaine de jours à raison de 45.000 DA. A 45 DA la pièce, un simple calcul permet de déduire que s'ils ne peuvent récupérer le montant entier de la location, les économies sont assez substantielles. L'autre attraction est un petit chameau indifférent à toute l'agitation autour de lui. Son propriétaire venu d'Aflou secoue la tête. « Non, pour rien au monde, je ne vais courir après personne. Ce n'est pas à moi d'aller vers le client ». Visiblement, il ne se fatigue pas trop pour renflouer la petite sacoche enroulé autour de son cou. Pour 200 DA, les enfants peuvent faire un tour et pour 100 DA se faire prendre en photo. L'an dernier, il s'était essayé à la vente de lunettes, mais il s'est vite rattrapé. « J'en vendais trois à quatre par jour. C'était peu mais, là, je peux prendre la liberté de me reposer un jour par semaine pour me baigner à mon tour » nous affirme cet homme qui, dans un autre monde, est adjoint de l'éducation dans un CEM. C'est un besoin plus pressant qui pousse un jeune qui, chaque matin, arrive de Bordj Menaiel à griller sous le soleil. Il se protège de ses rayons avec un chapeau de paille. C'est simple, tout le monde l'appelle.... Clint Eastwood. Dès qu'il entend ce nom, il se presse pour servir, se dandinant avec une théière dans la main droite et quelques verres jetables accrochés sous forme de colliers à son avant-bras gauche. « Je ne vais jamais proposer ma boisson à un client, encore moins une cliente car certaines personnes sont violentes et j'ai eu à subir leur colère pour un sourire innocent ». Chaque soir, il repart à bord d'un J5 de transport public vers El Karia, ce village agricole où, nous dit-il, « tous les jeunes ont droit à la mer seulement les week-ends ». « Ils sont obligés de travailler dans les vignobles ou s'occupent à ramasser les pastèques et le melon » ajoute-t-il d'un air entendu. Il y a autant d'histoires que de marchands. Au Petit paradis, près d'Azzefoun, un jeune venu de Jijel a trouvé une astuce simple et rentable. Il a travaillé tout le reste de l'année dans les chantiers de construction mais lui aussi veut passer l'été les pieds dans l'eau. Il écoule de petits bracelets qui portent différents prénoms. « Je cible surtout les amoureux ; ils ne rechignent jamais à offrir à leurs dulcinées un de mes petits souvenirs » nous dit-il. Pour un estivant que nous avons approché récemment à la plage des Salines, près de Dellys, « ces jeunes ont toujours fait partie du décor des plages ». Ils rendent de menus services, même si leurs prix sont souvent au-dessus de la moyenne. Ils connaissent mieux que quiconque les caractères des estivants. Personne ne se méfie d'eux, un peu comme de lointains membres de la famille qu'on revoit, par intermittence.


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