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La vraie-fausse usine de Tiaret



La vraie-fausse usine de Tiaret
L'usine de montage automobile de Tiaret, c'est peut-être un gros scandale qui pointe à l'horizon, et pour cela, il faut attendre les résultats de la commission d'enquête du gouvernement «alerté» par des accusations de «tricherie» sur la réalité de l'investissement. En d'autres termes, cette usine ne ferait presque pas de montage sur ses véhicules de marque Hyundai, le constructeur qui lui livre des «kits». Il faut d'abord que cette commission puisse travailler en toute indépendance, et ensuite que ses résultats soient rendus publics sans subir de tripatouillage.La prudence est de mise car, par le passé, tant de commissions ont été vidées de leur substance dès lors qu'elles se sont interrogées ? ou devaient le faire ? sur «la responsabilité» des autorités publiques. S'il est prouvé que le patron de l'usine, Mahieddine Tahkout, a magouillé, la justice doit faire son travail. Pour l'heure, il s'en défend, invite la presse sur le site et parle de «jalousie» de concurrents.Mais la responsabilité première incombe au gouvernement qui aurait dû, dès le départ, s'assurer de la faisabilité du projet et éviter qu'il ne soit susceptible de déboucher sur un scandale public : sur le terrain devaient être exigées l'installation d'une vraie chaîne de montage, avec toute sa densité technique et humaine et la mise en cadence régulièrement contrôlée par des agents de l'Etat.En outre, au plan juridique devaient apparaître, dans le cahier des charges notamment, tous les noms et responsabilités des associés, dans ce cas de figure, celui de Hyundai dont le rôle et la participation seraient apparemment flous. La décision de création d'une commission d'enquête est en elle-même un aveu d'échec.Si la défaillance de ce projet est confirmée, c'est le ministre de l'Industrie, Abdessalem Bouchouareb, lui-même qui, le premier, devrait en subir les conséquences : il a eu à «gérer» ce dossier en choisissant la société de Mahieddine Tahkout, un homme d'affaires qui a fait «parler» de lui, pas toujours positivement, dans le transport public (étudiants et urbains). Il lui a fait bénéficier rapidement des crédits bancaires importants et l'a érigé en concessionnaire multimarques unique dans le pays.Lorsque Mahieddine Tahkout s'est vu octroyer la marque Hyundai, il a été dit ça et là que l'intention du ministre de l'Industrie était de dépouiller le traditionnel concessionnaire du constructeur sud-coréen, Issad Rebrab, investisseur mis dans le collimateur depuis bien longtemps. Voilà comment un règlement de comptes politique est susceptible de pervertir toute une stratégie d'Etat au demeurant louable, car visant à sortir l'Algérie de la dépendance des importations de véhicules par l'encouragement du montage de véhicules avec un taux d'intégration poussé.Ce règlement de comptes ? et cette affaire de vraie-fausse usine de montage de Tiaret ? rend caduc le discours sur la nécessité d'encourager les vrais investisseurs nationaux et sur l'urgence de contrer les faux investisseurs, en réalité des affairistes de l'import-import prêts à utiliser n'importe quel subterfuge pour arriver à leurs fins. Enfin, une nouvelle fois est mise à nu une gouvernance du pays dans laquelle des pratiques claniques sont privilégiées au détriment de l'intérêt de la collectivité nationale.



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