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Le montage de la filière n'est pas une utopie


La pêche et l'aquaculture continentale n'arrivent toujours pas à s'affirmer en tant que filière.Un état des lieux à moitié avoué sous la tutelle de l'ex-ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques, rattaché aujourd'hui à celui de l'Agriculture et du Développement rural, à telle enseigne qu'après quatre décennies de tentatives mitigées, il est question aujourd'hui de faire rapprocher des compétences scientifiques, administration, associations et professionnels concernés par le développement de la filière aquacole.C'est sous la forme d'un réseau national interdisciplinaire dont la charte a été adoptée samedi, à l'université du 8 Mai 1945 de Guelma, que ce vote est intervenu à l'issue d'un atelier national de travail, dont le thème a porté sur la stratégie de développement de l'aquaculture d'eau douce et géothermale. Il a été conduit en présence de Farid Harouadi, coordinateur du réseau aquaculture maritime et d'eau douce (AQUAMAED), et sous la tutelle du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique.En effet, lors de cet atelier, les responsables des directions de la pêche des wilayas de Jijel, Skikda, Annaba, El Tarf, Sétif, et la direction régionale de Guelma, englobant également les wilayas de Souk Ahras, Oum El Bouaghi, Tébessa et Khenchela, ainsi que les présidents des Chambres de la pêche des wilayas mentionnées ont présenté, tour à tour, les potentialités de leurs wilayas respectives en matière d'aquaculture et de pêche continentale.«Les ressources existent, mais demeurent sous exploitées», s'accordent à dire les intervenants.Une vision partagée par les nombreux chercheurs en poste, notamment, au niveau du CNRDPA (Centre national de recherche et de développement pour la pêche et l'aquaculture), chercheurs universitaires et surtout, pour le cas de Guelma en qualité de futur pôle en aquaculture dans les eaux géothermales, la position des scientifiques du centre de développement des énergies renouvelables (CDER).Ainsi la wilaya pourrait, à entendre les nombreux scientifiques présents à cet atelier, accueillir un pôle, notamment à Hammam Debagh et Hammam Ouled Ali : «Les ressources géothermiques à basse température (20-40°C) sont très utiles pour l'aquaculture. Les espèces se développent rapidement dans ce type d'eau. Les espèces principales sont le poisson-chat, la truite, le tilapia, l'esturgeon, la crevette rose d'eau douce géante et les poissons tropicaux.»Utopie pour les uns, véritable projet de développement à prospecter pour d'autres, la pêche et l'aquaculture continentale «ne trouvent pas preneurs, ou du moins peu d'investisseurs s'y intéresseraient !». Le cas de la wilaya de Annaba, contrairement aux idées préconçues, est une wilaya exempte de pêche continentale, «pour la simple raison que depuis l'indépendance du pays pas un seul barrage n'y a été construit», dira le représentant de la direction de la pêche de la wilaya de Annaba, et de conclure lors de la présentation de son secteur qu'«il existe des retenues colinéaires mais inadaptées aux normes, car en terre.La seule qui ait été construite en 2012 a été asséchée à plusieurs reprises par les agriculteurs». Un léger mieux à El Tarf. «La wilaya dispose de potentialités hydriques naturelles et artificielles appréciables : lac Mellah, lac Oubeira, lac Tonga, le Mafragh, le barrage Cheffia, Mexna et Bougous, des oueds et des retenues collinaires, soit des milliers d'hectares», dira le directeur du secteur.Et de conclure : «Sauf que ce type de pêche demeure rudimentaire, voire traditionnel, notamment pour l'anguille. Nous proposons la réouverture de l'exploitation des lacs (Tonga,Obeira) et la création des activités nouvelles autour desdits lacs, ainsi que la promotion en région d'El Bettah, par la création d'une zone d'activité aquacole (ZAA), très favorable à ce créneau d'investissement. Mais encore la promotion de la pisciculture en cages flottantes dans les barrages et cours d'eau en exploitation.»RIEN N'EST ENCORE GAGNEAu terme des exposés des différentes directions, c'est un goût d'inachevé et de ratage malgré les potentialités, que les auditeurs ont très vite retenu: «On nous parle de pêche de poissons d'eau douce, de dégustation, de valorisation et surtout de sécurité alimentaire. Mais ce qui manque c'est la mise en place de cette filière. Pêcheur-transformateur-distributeur, production d'aliments pour poissons et médicaments, chose pratiquement inexistante sous une forme élaborée et respectueuse du consommateur. Le poisson arrive dans des cageots à 100 DA le kilogramme, rare sont ceux qui le consomment à Guelma».Dans ce contexte, un autre son de cloche vient atténuer ce sentiment d'échec. «Notre sentiment, au ministère de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche est plutôt optimiste. Nous maîtrisons grâce à nos compétences le cycle de reproduction des poissons d'eau douce.Nous n'avons plus recours à l'importation d'alevins depuis plusieurs années», déclare Farid Harouabi, et de conclure : «Les compétences (scientifiques et porteurs de projets) ont l'opportunité aujourd'hui de s'unir et de présenter leur dossier. Après acceptation, nous les prenons en charge financièrement. Mais dans un domaine purement scientifique. L'accompagnement des projets dans leur phase économique, est quant à lui pris en charge par d'autres dispositifs».


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