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Le Sud, le grand écart



Le Sud, le grand écart
Vingt-et-une personnes ont été écrouées à Ghardaïa pour participation à des activités subversives, incitation à la haine et la violence, détention d'armes blanches prohibées, association de malfaiteurs et diffusion de documents et tracts subversifs appelant à la haine «ethnique». Egalement au chapitre des chefs d'inculpation, tenue de réunions illégales et incitation au désordre public. Un chapelet de griefs retenus contre les prévenus qui renseigne du degré de vigilance des services de sécurité dans cette région du Sud qui a connu, ces trois dernières années, des événements tragiques. En effet, les mis en cause sont soupçonnés d'avoir des liens avec les incidents meurtriers vécus à Ghardaïa entre Mozabites et Chaamba. Ce fait divers vient rappeler le contexte explosif et instable d'un Sud algérien qui se dit victime de la marginalisation du pouvoir central. «Sud de l'Algérie, turbulences à l'horizon» est l'intitulé du rapport de l'International Crisis Group (ICG), think tank dont la vocation est de «prévenir et de résoudre des conflits». Il revient justement sur cette région du pays qui cristallise le plus gros des émeutes cycliques qui secouent le Sud. D'Alger, la vue peut paraître floue et faussée par la lecture des rapports de circonstance et on oublie jusqu'à l'existence de ces populations vivant pourtant sur les seules richesses du pays exploitées jusque-là. Des villes de ce Grand Sud, immensités géographiques sans repères administratifs, Alger paraît inaccessible. La révolte y est permanente et les secousses populaires se font de plus en plus ressentir dans un environnement rendu d'autant explosif que la capitale n'a plus les moyens pour perpétuellement s'offrir cette paix sociale, achetée à coups de milliards de subventions. A titre illustratif, l'augmentation des factures d'électricité a déclenché une série de manifestations dans la région. Les événements sanglants de Ghardaïa ont mis la lumière sur une région qu'on croyait ‘'apathisée'' par le climat et l'éloignement. Les chiffres sont têtus et trahissent l'immense désespoir des Sudistes pris entre chômage, conditions climatiques extrêmes et pauvreté chronique. Si le Sud regroupe seulement 10% de la population totale du pays, il compte néanmoins 36% des localités les plus pauvres du territoire. Violences ethniques et interconfessionnelles mais aussi mobilisation contre le gaz de schiste et l'émergence d'un puissant mouvement d'activistes anti-chômage derrière des plus grandes manifestations jamais menées dans le sud du pays. Le rapport du think tank estime que l'accroissement rapide de la population, le déclin de l'activité agricole et la baisse du commerce transfrontalier, suite à la fermeture des frontières avec la Libye, la Tunisie et le Mali pour raisons sécuritaires, ont considérablement aggravé la crise économique et sociale dans une région riche sur le papier où paradoxalement le taux de chômage atteindrait près de 30%.



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