Algérie - A la une

Le vote, parlons-en
Si le vote est un acte citoyen d'utilité publique, il est pourtant important de s'attarder sur ses spécificités tout algériennes. Voter a toujours été perçu comme étant une «corvée» administrative concomitante et les plus de trente ans n'oublieront pas de sitôt l'obligation de présenter la carte de vote cachetée pour tout retrait du dernier des documents administratifs.La télévision algérienne a fini par définitivement consommer le divorce entre l'Algérien et les urnes à travers ses envoyés spéciaux dans les douars reculés montrant de pauvres villageois exhibant fièrement leur carte de vote devant eux comme s'il s'agissait d'un trophée de chasse sur fond de musique patriotique aussi kitsch que de mauvaise qualité. L'Algérien peut aller aux urnes, s'il lui arrive d'ordinaire de le faire loin des caméras de l'ex-unique, par ennui, les jours du vote ressemblent aux vendredis, par hérédité ou mimétisme ou pour sanctionner avec l'ascension politique de l'ex-Fis. L'Algérien est un grand champion de l'abstention, pas du boycott puisque ce dernier est en lui-même un acte politico-citoyen, puisqu'il sait pertinemment que même s'il ne va pas voter, il y aura forcément une main invisible qui le fera à sa place.En effet, la fraude est aux élections algériennes ce que sont les étoiles aux restaurants gastronomiques : indissociable. L'indigence du menu offert contribue également à cette désaffection des urnes. Les partis en lice, leurs programmes politiques recyclés si ce n'est du copier-coller sur le voisin, le profil désastreux des candidats proposés font que les Algériens préfèrent se morfondre dans la grisaille de ce jour que d'aller aux bureaux de vote. En effet, entre des islamistes opportunistes à souhait, partagés entre opposition et majorité, des démocrates de salon, des républicains sur courant alternatif et les partis de l'administration alias la majorité, le choix n'est pas royal.Et pourtant, il existe encore des militants honnêtes et des citoyens responsables, pas beaucoup mais il en subsiste toujours perdus dans les méandres de la politique à l'algérienne. Des hommes et des femmes qui se lèvent le matin, prennent leur petit-déjeuner et partent au bureau de vote le plus proche pour accomplir leur devoir civique. Mais cette espèce de gens est en voie de disparition aussi rapidement que la classe moyenne consumée par les lois de finances.


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