Algérie - A la une

«Les chercheurs ont anéanti définitivement la version officielle»




«Les chercheurs ont anéanti définitivement la version officielle»
Ce texte, publié sur un site de la droite dure, n'est qu'un grossier digest pseudo historique de l'argumentaire qui était celui du préfet Maurice Papon et du ministre de l'Intérieur, Roger Frey, en octobre 1961.Il s'agissait de nier l'ampleur du massacre et d'attribuer la responsabilité des violences, tout de même difficilement niables de la police, aux victimes. Tel est toujours le but poursuivi par les auteurs de ce pitoyable texte. Mais nous ne sommes plus en 1961, ni même en 1988, lorsque Papon pouvait encore soutenir ses mensonges sans trop de crainte d'être contredit.N'en déplaise à ces messieurs, depuis lors, non sans les fortes résistances que l'on sait, la vérité a fait son chemin. Jean-Luc Einaudi, puis Jim House et Neil Mac Master, et d'autres ont anéanti définitivement la version officielle, consultant notamment presque toutes les archives, finalement ouvertes aux chercheurs. Leurs conclusions font l'objet d'un fort consensus aujourd'hui : l'histoire d'Octobre 1961 est faite, les faits, pour l'essentiel, sont établis. Je ne crois pas qu'il soit nécessaire de concéder à ces gens une discussion point par point.Ce serait leur faire trop d'honneur. Le pensum de ce «collectif» serait seulement risible, ou pathétique, s'il ne consistait pas, comme toutes les tentatives de type négationniste, à assassiner une seconde fois les victimes. Ainsi nos disciples de Papon assassinent-ils une seconde fois Fatima Bedar, en prétendant que J.-P. Brunet aurait «démontré» qu'elle s'est suicidée. Brunet n'a rien démontré du tout : il répète les archives de la police - laquelle a évidemment archivé sa version mensongère sur l'assassinat de cette jeune fille de 15 ans et non son crime. C'est ce que Brunet a toujours fait et qui constitue son étrange méthode «historique». Je me permets ici de rappeler un propos public de Pierre Vidal-Naquet : «on peut donner l'agrégation à un âne, il n'en reste pas moins un âne».Pourquoi ce combat d'arrière-garde ' C'est sans aucun doute à mettre en rapport avec la tentative actuelle de l'extrême droite et la droite dure françaises de la réhabilitation de la colonisation elle-même, en dénonçant toute reconnaissance de ses crimes comme une «repentance». Une entreprise dont les acteurs sont des politiciens, des médias et quelques bateleurs trop bien connus qui se posent en briseurs de «tabous».Dans les années 2000, certains avaient déjà tenté de nier ou de minimiser l'usage systématique de la torture et des exécutions sommaires par l'armée française, en remettant en cause tout à la fois le témoignage des victimes et le travail extrêmement sérieux de chercheuses comme Raphaëlle Branche. Les mêmes, qui poursuivent la guerre d'Algérie par d'autres moyens, comme Robert Ménard à Béziers, pensent avoir à présent enfin une fenêtre de tir sur le 17 Octobre 1961 dans le cadre de cette offensive idéologique sur l'histoire comme un «roman national» intégralement édifiant. On les avait vu hurler à la démoralisation de la nation et de sa police en 2012 lors de la reconnaissance, pourtant bien timide par Hollande, de la «sanglante répression». Ils croient sans doute encore défendre l'honneur de la France. Je pense, quant à moi, qu'ils lui portent gravement atteinte.
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)