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Les Tunisiens ralentissent le flux des passagers



Les Tunisiens ralentissent le flux des passagers
On pensait avoir tout vu à la frontière et ne plus le revoir avec l'instauration, côté algérien, de la formule «autopassage» avec laquelle les passagers effectuent les formalités de police et de douane sans quitter leur véhicule.Une formule qui a aussi l'avantage de discipliner les passagers puisqu'ils sont traités selon l'ordre d'arrivée de leur véhicule dans la file. Autre avantage et non des moindres, il limite considérablement les passe-droits et les pratiques qui vont avec. «On n'a jamais vu ça au poste d'Om Teboul, c'est inouï. Nous allons frôler les 20 000 passages aujourd'hui, alors qu'au plus fort de cette saison, nous pensions avoir atteint un record en juillet avec un pic 10 000 passages», nous déclare d'emblée le commissaire Ouadfel Azzedine, chef du poste frontalier terrestre d'Om Teboul, le plus important du Maghreb où chaque année transitent plus de 400 000 passagers.«Cette année, contrairement à l'année passée, ce ne sont pas les moyens qui manquent ni les effectifs. Nous avons 14 box et les ordinateurs tournent 24h/24. Le goulot d'étranglement est de l'autre côté où les services tunisiens n'arrivent pas à suivre la cadence», nous explique encore le commissaire qui, avec ses hommes, organise la cohue créée par les véhicules qui se sont agglutinés à l'entrée du poste tunisien, oriente les automobilistes qui se garent vers la tranchée pare-feu qui sépare les deux postes. Le 15 août, un autre pic de passagers. Il est tout juste midi et il fait 36° sur les hauteurs du Djebel Haddada où sont perchés, face à face, les postes frontaliers algérien et tunisien.Avant d'y arriver, sur la route qui y mène, il y a un flux incessant qui tranche avec le calme habituel de cette magnifique région où la forêt et la mer apparaissent et s'effacent entre deux virages. «On ne dort plus, nous disent les riverains d'Om Teboul et de Haddada, c'est le va-et-vient toute la nuit, mais ça rapporte un peu car tous les jeunes se sont mis au change parallèle. Il y a des équipes de jour et de nuit», nous raconte Amir, un cambiste qui vend 1 Dinar tunisien (DT) pour 70 DA. Et, nouveauté cette année, au retour on vous reprend les DT qui restent ; donc, fini cette crainte d'échanger des DT en trop et ne pas quoi savoir quoi en faire par la suite. «Les Tunisiens qui viennent faire leurs emplettes chez nous les reprennent contre des DA qu'ils ont en trop. Bref, les cambistes d'Om Teboul font ce que n'a pas réussi à faire l'Union du Maghreb.Le DT n'a pas varié même avec le regain d'affluence de cette semaine, nous dit encore Amir, et il est moins cher que l'année dernière à la même époque où il s'échangeait à 78 DA.» La route monte, monte et puis dans le dernier virage, stupéfaction ! La chaîne des voitures commence à 2 km du poste que l'on aperçoit au sommet. Nous arrivons malgré tout à passer en expliquant aux automobilistes sur les nerfs à cause de l'attente sous la chaleur et qui nous jettent des regards furieux que nous sommes là pour des motifs professionnels et pas pour aller en vacances.Certains demandent même à voir la carte. «J'attends dans la file depuis 8h et cela fait trois heures (il était 11h) que j'attends devant les box car on dit que c'est bloqué devant, chez les Tunisiens», se plaint un chef de famille venu tôt de Skikda. Un habitué qui avoue être pris de court par cette affluence hors du commun. «Ça passait parfaitement bien en juin et en juillet, c'est certainement à cause du 15 août, ceux qui partent en vacances croisent ceux qui reviennent», ajoute-t-il.Le poste algérien est pratiquement désert depuis que les formalités se font à partir des voitures. Nous traversons la frontière pour aller jeter un coup d'?il du côté du poste tunisien. Difficile de passer même à pied, les voitures sont pare-chocs contre pare-chocs et il faudra que les agents de la PAF algérienne interviennent et envoient les véhicules se garer dans la tranchée pare-feu. «Maintenant, ce n'est plus la foule et le désordre qu'il faut gérer, mais c'est devenu une question de sécurité des personnes», nous dit un responsable. A l'intérieur du poste, c'est la foire d'empoigne.Les gens sont agglutinés tout le long du guichet. «Ils ne sont que 2 ou 3 derrière le comptoir pour le gros de la troupe et les autres sont à l'extérieur, ils prennent les passeports dans lesquels on a glissé un billet de 100 DT», se plaint un vacancier de Sétif qui dit qu'il a vu le manège et que c'est comme cela qu'on s'explique que certains passent beaucoup plus vite. Il est vrai que les agents tunisiens traînent cette triste réputation, mais comme nous l'explique un douanier algérien, «on disait ça de nous aussi, mais depuis qu'il y a l'autopassage, on n'en parle plus. Que les Tunisiens fassent vite la même chose, ça nous aidera autant qu'à eux. L'année dernière, c'est 1 million de touristes algériens qui se sont rendus en Tunisie.Ça vaut quand même la peine de leur offrir quelques box et un système informatisé.» Du 30 juillet au 13 août, 148 202 ressortissants algériens ont traversé la frontière par les deux postes d'El Kala (Om Teboul et El Aïoun) et à 14h, le 15 juillet, la douane enregistrait pour les deux postes également le passage du 51 881e véhicule avec la nouvelle formule électronique. Des vacanciers venus de toutes les régions d'Algérie : Oran, Sidi Bel Abbès, Tlemcen, Ghardaïa, Adrar, Tindouf, et bien entendu tout le Centre et l'Est du pays. Des familles et des groupes de personnes qui avouent aller rechercher en tout premier lieu la tranquillité, puis la propreté et la qualité du service.«Oui, s'accordent-ils à dire, l'Algérie est belle et elle a des atouts que n'a pas la Tunisie, mais on ne fait pas de tourisme qu'avec des paysages qui, par ailleurs, ne sont pas sauvegardés parce qu'ils sont de plus en plus dégradés et défigurés.» Les groupes de 2 ou 3 jeunes et les familles que nous avons interrogés partent en général pour un séjour de 8 à 10 jours autour de Nabeul et Hammamet pour les uns, alors que les autres préfèrent Sousse, même s'il faut plus chaud. La plupart n'ont pas fait de réservation et vont à l'aventure, mais beaucoup ont réservé par le biais d'agences de voyages.Selon les conditions sociales, les budgets consacrés aux vacances sont variables, très variables puisqu'ils s'échelonnent entre 150 000 et 300 000 DA. Beaucoup de commerçants, de professions libérales ou encore de jeunes retraites.
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