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Mafia politico-financière et blanchiment aux frontieres Est




Mafia politico-financière et blanchiment aux frontieres Est
Selon plusieurs élus, cadres et chefs d'entreprise de la construction et de la promotion immobilière, la situation socio-économique de la wilaya d'El Tarf est très aléatoire.Elle s'est aggravée depuis le début de l'année 2017 avec le rush de ressortissants tunisiens des régions frontalières en quête de produits alimentaires et énergétiques (essence, gas-oil- gaz butane...), ils sont des centaines de citoyens tunisiens des deux sexes et de tout âge à traverser quotidiennement et en toute légalité les postes frontaliers tunisiens et algériens d'Oum Teboul et El Aoun. Leur objectif est de pratiquer le change parallèle en convertissant leur monnaie nationale à plus de six fois sa valeur réelle en territoire algérien. Cette démarche réalisée avec des possibilités financières décuplées, ces «touristes» entament aussitôt leur seconde démarche, consistant à vider les étals des magasins d'alimentation générale, de la pièce auto, les stations d'essence. Tard le soir, leurs cabas, sacs et véhicules au réservoir plein à ras bord, bien remplis, ils prennent le chemin du retour. Bon nombre s'accordent le plaisir de goûter au repos dans un hôtel au prix de la nuitée abordable. Pour les habitants des communes frontalières comme Roum El Souk, El Frin, El Kala, El Aoun, cette situation est similaire à un retour de boomerang. Elle rappelle celle vécue par la cohorte de voyageurs «touristes» algériens en partance ou de retour de Tunisie. C'était durant les années 80 où l'allocation touristique était à 300 FF et le dinar algérien au plus haut niveau. Aujourd'hui, une autre situation s'installe. Elle n'est pas sans impact négatif sur le développement socio-économique de toute la région frontalière côté algérien. Ainsi, rupture des stocks dans les locaux commerciaux oblige, beaucoup d'habitants des zones frontalières sont contraints d'effectuer le déplacement vers d'autres communes limitrophes et même jusqu'à Annaba la wilaya voisine, pour s'approvisionner. Loin d'affaiblir la valeur du dinar tunisien par rapport à celui algérien (1 DAT contre 6 DA) ces acquisitions destinées à être exportées vers la Tunisie ont, au contraire, donné des ailes aux cambistes. Particulièrement à Annaba où le change parallèle de la devise se pratique à quelques dizaines de mètres des commissariats de police et des policiers. «Les cambistes parallèles de la monnaie tunisienne sont à chercher du côté de la mafia locale. Il ne se passe pas un jour sans que des valises pleines de monnaies tunisiennes et en euro ne passent la frontière dans le cadre d'opération de blanchiment d'argent. Ce qui a permis à plusieurs opérateurs économiques algériens spécialistes des transferts d'argent illégaux, d'acquérir des biens en Tunisie, en Italie et en Espagne. A Sousse, 65 hôtels en activité dans cette ville touristique ont pour propriétaires des Algériens originaires de Aïn Mlila, Oum El Bouaghi, Tébessa, Annaba, Oran et Tlemcen Ce sont majoritairement des animateurs de la mafia politico financière», a affirmé, sous le sceau de l'anonymat, un fonctionnaire des douanes en poste à El Tarf. D'autres ont avancé des noms d'anciens et nouveaux hauts responsables de l'Etat et des élus de l'APN dont l'enrichissement rapide ne semble pas intéresser, outre mesure, les services compétents. Il y a ceux qui, bien au fait de ce qui se passe dans les coulisses de l'administration locale, notamment en ce qui concerne les marchés publics, parlent d'opérations permanentes de mise à sac des richesses nationales commises par des décideurs. Sous la forme d'entreprises privées, ces derniers vident les fonds engagés par l'Etat pour de prétendus investissements publics. «Que l'on s'inquiète du pourquoi de la non réalisation de la gare routière de Batna deux années après que le marché ait été attribué et que 450 millions de DA aient été avancés pour la mise en place du chantier», révèlent des sources concordantes. L'on cite pour l'exemple un ancien élu qui, enseignant du moyen de son état, se retrouve aujourd'hui à la tête de plusieurs entreprises privées et des comptes en banque domiciliés à l'étranger. L'on remet au-devant de l'actualité, le scandale de l'ancien wali d'El Tarf et certains de ses proches collaborateurs : «l'enquête sur ce dossier a abouti à la mise sous mandat de dépôt de plusieurs cadres d'exécution. Le wali quant à lui a bénéficié de la mise sous contrôle judiciaire. Cela fait des années et l'enquête se poursuit toujours. A El Tarf, on est arrivé à la conclusion que l'on attend la prescription décennale pour enterrer le dossier», ajoutent les mêmes sources. Entre temps, avec ce que les spécialistes du tourisme considèrent comme étant l'une des plus belles côtes de la Méditerranée, ses sites archéologiques encore vierges de toute fouille, son parc national très riche, sa faune et sa flore, ses lacs, ses plages au sable d'or, son maquis où le Cerf de Barbarie a élu domicile, la wilaya d'El Tarf se meurt. Cette région véritablement féerique à fort potentiel touristique aurait dû être le pôle par excellence de développement du tourisme dans notre pays Ce qui n'est pas le cas. Tout porte à croire que ce secteur est le dernier des soucis des responsables algériens. Pour preuve, le rush des Algériens à destination de la Tunisie se poursuit. Il pourrait même augmenter dès juillet 2017 avec la mise en service de la liaison ferroviaire Alger/Tunis. S'il consolide l'amitié entre les deux peuples, il n'en demeure pas moins que cette ouverture est préjudiciable à l'économie algérienne. Rien ne se fait du côté des responsables algériens pour équilibrer ce type d'échange.

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