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Marches et grèves à Boumerdès



La vague de protestation suscitée par le rejet de la proposition d'amendement de la loi pour la promotion de tamazight prend de plus en plus d'ampleur à travers certaines localités de la wilaya de Boumerdès.Après plusieurs jours de grève, plus d'un millier d'étudiants de l'université M'hamed Bougarra ont organisé, hier, une marche pour exiger «la généralisation et la promotion de la langue amazighe». La masse estudiantine s'est ébranlée à partir de la faculté des sciences.
Elle arborait des drapeaux jaunes, verts et bleus qu'ornait le signe amazigh. Filles et garçons marchaient à pas cadencés par des slogans affirmant que «le tamazight demeurera toujours». Bien encadrés, les étudiants ont été rejoints par de nombreux citoyens de la région, très attachés à la culture et leur identité berbères. Arrivés devant la cour de justice, une minute de silence a été observée, avant que les manifestants scandent : «On n'est pas des Arabes, corrigez l'histoire !»
A 11h15 au siège de la wilaya, symbole de l'Etat, une halte fut imposée par les chefs de file. Puis, des chants furent entonnés. On y retrouvait le fameux Kabylie chouhada. Leur succédèrent des slogans plus virulents : «Pouvoir assassin !» «Y en a marre de ce pouvoir !», ou encore d'autres mots d'ordre hostiles au gouvernement. La marche revint vers le centre-ville où, là encore, les étudiants réitérèrent leurs revendications et l'ouverture d'un département de tamazight à l'université.
A Naciria, des centaines de personnes, majoritairement des lycéens et des collégiens, sont sorties dans la rue pour revendiquer une officialisation effective de la langue amazighe. «A quoi sert de déclarer tamazight langue officielle, si les documents administratifs sont faits en arabe ou en français et si nos officiels ne la maîtrisent pas ou si les juges interdisent aux avocats de l'utiliser dans les plaidoiries '» s'interroge Farid, un élève de terminale. Brandissant des drapeaux amazighs, les marcheurs ont arpenté les rues principales de la ville en scandant des slogans rappelant leur attachement à leur identité. Même le fameux Kadi Hmadache, un centenaire très apprécié dans la région, était de la partie et arborait une écharpe au-devant de la procession.
«Personne ne peut nous interdire de parler notre langue. Mêmes les colons français ont tenté de le faire, mais ils ont échoué», se remémore-t-il. Contrairement aux appréhensions des uns et des autres, la marche s'est déroulée dans le calme. A Chaâbet El Ameur, à l'est de la wilaya, les lycéens et les collégiens ont observé une grève durant toute la journée en signe de protestation contre le rejet par la commission juridique du Parlement d'une proposition de loi visant la promotion de tamazight. A noter enfin que cette langue ancestrale est étudiée par 8837 élèves dans sept communes sur les 32 que compte la wilaya, dont 911 du cycle primaire, 5989 du moyen et 1937 du secondaire. De nombreux élèves s'étonnent du fait que son enseignement est interrompu après la fin du cycle moyen, comme c'est le cas dans les communes de Beni Amrane et Ammal.
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