Algérie - Urbanisme

Massif de l’Edough à Annaba: Une zone à haut risque "en matière de construction"


Massif de l’Edough à Annaba: Une zone à haut risque




Surplombant la ville de Annaba, la partie montagneuse du massif de l’Edough est en danger. Ce constat émane de la direction des ressources en eau de la wilaya.

«Cette zone représente un réel danger de par sa lithologie constituée de formations métamorphiques (les micaschistes). Ces formations subissent une altération météorique et hydrothermale très importante qui peuvent influencer la stabilité et la capacité de cette région à recevoir des projets dans le cadre de la promotion et du tourisme», alerte Zouhir Boulehbel, directeur de cette institution, dans une lettre adressée à la commune de Annaba.

En effet, cette zone qui abrite plusieurs projets de promotion immobilière est devenue instable, à telle enseigne qu’un important glissement de terre a concerné, en septembre dernier, le chemin de wilaya CW N°15, reliant la commune de Annaba à celle de Seraïdi via Sidi Aïssa. L’incident a scindé la route bitumée en deux. Cette route est depuis, fermée à la circulation.

Comme mesure conservatoire, le défunt wali de Annaba, avait décidé l’arrêt immédiat de tous les travaux de chantiers dans cette zone, devenue un risque latent.

Contactée, Neïla Bouhafs, alors directrice des travaux publics de la wilaya à ce moment, a confirmé que: «Ce dégât est causé par l’excès de construction de plusieurs projets de promotions immobilières. Il faut savoir que cette zone est entrain de connaitre un effondrement excessif dont j’avais soulevé le risque par écrits officiels aux autorités locales depuis déjà deux ans.

J’ai justifié mes correspondances par l’article 10, du décret présidentiel N°91/175 du 28 mai 1991 définissant les règles générales de l’urbanisme et de la construction. Il stipule que la construction doit être érigée à 35 mètres et les équipements à 25 mètre de la route.»

Abondant dans le même contexte de réglementation, la même source a ajouté que: «Mon avis pour le plan d’occupation de sol (POS) concernant ce lieu, je l’ai adressé à la commune de Annaba en date du 18 mai 2014.»

Promotion sans gêne !

Cette même route, faut-il le rappeler, a été déjà l’objet d’un affaissement moins grave en 2013, ce qui a poussé l’ex wali à décider de sa fermeture.

En effet, selon la décision n° 1603 du 5 septembre 2013, signée par l’ex wali, la DTP a été instruite à l’effet de fermer ce tronçon après qu’un effondrement eut été causé par les travaux d’un promoteur privé. Une décision dont a pris acte tout l’exécutif concerné.

De son côté, Farid Merabet, le président de la commune de Annaba avait expliqué que «cet incident a été enclenché suite aux travaux de nombreux chantiers sur place. L’APC ne peut délivrer un permis de construire sans conformité avec la règlementation, c’est-à-dire selon les avis favorables de différentes directions».

Concernant, le chantier en cause, le même président de l’APC affirme que «le service de Contrôle Technique et de Construction (CTC) n’a pas donné son avis au promoteur pour attirer son attention sur la fragilité du site».

Pour pallier à ce risque, la direction des ressources en eau suggère «le lancement d’une grande étude géologique, lithologique et structurale pour étudier le phénomène, faire intervenir des experts locaux et internationaux dans le cadre d’un colloque, consacré exclusivement à cette zone d’étude».

De l’autre côté, les propriétaires de chantiers de la promotion immobilière, implantés à Sidi Aïssa et à côté de l’hôpital Ibn Rochd, ne craignent plus l’administration notamment après la disparition de l’ex wali. En effet, les pelles des engins lourds exécutent quotidiennement des travaux de creusement sinon de terrassement affectant sérieusement la stabilité du piedmont de l’Edough.

Absence de l’Etat

Mais pourquoi les promoteurs de la wilaya de Annaba ne respectent-ils pas les décisions de l’administration, encore moins celles de la justice? s’interroge-t-on.

Pour eux: «les nouveaux riches locaux qui sont issus de la progéniture des hauts officiers militaires et civile ne reculent devant rien pour séduire sinon menacer ceux qui sont à la charge d’appliquer la réglementation régissant l’urbanisme, autrement les décisions de la justice».

En effet, en l’absence de l’Etat à Annaba tout est permis. Ni wali, ni chef de daïra et des directions de l’exécutif qui assurent juste le service minimum car fonctionnant par intérim. Les dépassements sont devenus une monnaie courante.

«Censés secouer la machine économique, les projets CALPIREF sont limités à des showrooms, des salles des fêtes et des stations de services dont les terrains sont souvent des terres agricoles.

Il y a quelques jours, un jeune de 25 ans (bijoutier) a fêté en grande pompe à la l’hôtel Sabri l’acquisition de son permis de construire d’une promotion immobilière, initialement une salle des fêtes dont le terrain est situé dans une zone humide sur la RN44. Il a été acquis dans le cadre du Calpiref. N’est-il pas là un exemple de l’absence de l’Etat où la loi de l’argent règne en maitre des lieux ?», estiment les observateurs locaux.

A suivre…

Photo: Affaissement de la CW15


Gaidi Mohamed Faouzi

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