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Nacer Djabi, sociologue




Nacer Djabi, sociologue
Le Temps d'Algérie : Quel rapport entretiennent, aujourd'hui, les jeunes à la politique 'Nacer Djabi : Il n'est un secret pour personne que les jeunes algériens ne s'intéressent plus à la politique. Nier cette évidence c'est faire preuve de naïveté ou de fuite en avant. Cette désaffection envers la chose politique ne date pas d'hier. Les précédentes consultations électorales dévoilent de manière saisissante ce divorce des jeunes avec la politique. Plus qu'un désintérêt, le comportement des jeunes révèle une aversion totale vis-à-vis de la politique, mais également de ses représentants. Les causes de ce divorce sont multiples. Les Algériens, les jeunes en particulier, ont la certitude que les partis politiques ne parviendront pas à changer leur quotidien, élaborer des projets pour leur avenir ou leur assurer des emplois, et au final une vie décente. Le personnel politique est perçu chez les jeunes générations comme étant incapable et incompétent. De plus, dans la rue, n'importe quel jeune algérien vous dira que les candidats courent derrière les sièges de l'APN pour leurs propres intérêts. La perversion de la pratique politique, les scandales en cascade qui mettent en cause les hommes politiques ont fait l'effet d'un miroir repoussoir. Ceci a fait que les Algériens ne croient plus aux vertus de la politique. A cela s'ajoute le conflit de génération qu'on n'a pas encore réglé. Un conflit qui a provoqué une rupture sociologique sans précédent. Il est difficile, aujourd'hui, de convaincre les jeunes du bien fondé du discours politique ou de l'utilité du vote quand toutes les représentations politiques ne font même pas l'effort de passer le témoin aux jeunes générations. Ce désintérêt est-il le même dans les grandes agglomérations que dans l'Algérie profonde ' L'Algérie rurale, dans un passé encore récent, représentait un gisement électoral important que se disputaient les formations politiques. Les voies des électeurs, dont celles des jeunes, étaient précieuses et fort convoitées. Cette donne a changé. Les études sociologiques démontrent, aujourd'hui, que le comportement des citadins vis-à-vis de la politique est le même chez les ruraux. Les préoccupations sont communes. Preuve en est, la contestation populaire, les manifestations et les émeutes souvent menées par des jeunes ? qui étaient circonscrits aux grandes villes ? se sont propagées à l'intérieur du pays. A cela, il faut ajouter l'avènement des nouvelles technologies et les réseaux sociaux qui jouent un rôle de catalyseur. D'Alger à Ghardaia, les jeunes algériens partagent la même désaffection envers la politique.
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