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Le 13 avril 1847, Mohamed Ibn Abdellah, surnommé Boumaza, âgé d’environ 25 ans, instigateur et dirigeant de la révolte du Dhara, se rend au colonel de Saint Arnaud à Renault (aujourd’hui Sidi M’hamed Ben Ali).

« Bou-Maza est entre mes mains! Il est ici depuis deux heures. C’est un beau et fier jeune homme! Nous nous sommes regardés dans le blanc des yeux », écrit Arnaud Jacques Leroy de Saint-Arnaud dans une courte lettre du 13 avril 1847, adressée à son frère. Plus tard, il prend la peine de s’étendre plus pour décrire le personnage : « Bou-Maza n’est pas un homme ordinaire. Il y a en lui une audace indomptable jointe à beaucoup d’intelligence, dans un cadre d’exaltation et de fanatisme ».

L’homme dont il est question est, Mohamed Ibn Abdellah, dit Boumaza, l’homme à la chèvre. Né dans un village non loin de Chlef, il est issu d’une famille maraboutique de Arch Ouled Khouidem.

Il se présente comme le héros de la providence et il est décrit par les français comme un mystique. Il suscite la crainte de tous et pour cause : il soulève toutes les tribus du Dahra et de l’Ouarsenis. La vallée de Chlef est quasiment en feu. Le retentissement gagne la Kabylie, l’ouest et le sud de Dellys… il pourrait presque arriver aux portes d’Alger. De tous les côté, des « agitateurs » se dressent sous son commandement et se font appelés Boumaza. Les français en perdent presque leur latin ! Cette impression qu’il est ici et partout ailleurs, cette ubiquité comme disent les envahisseurs, en fait un héros et un presque prophète. Il incarne à lui seul un miracle face aux puissants occupants qu’il ne cesse de harceler. On prète volontiers un caractère mystique à la résistance de ce jeune homme qui semble-et qui se veut- habité par une force surnaturelle.

Avec Boumaza, les français doivent faire face à une nouvelle forme de guerre. Bugeaud l’appelle « la fièvre d’insurrection tourmentant les arabes ».

En parallèle à la résistance de l’Emir Abdelkader, Boumaza- qui deviendra son Khalifa- mène la sienne avec rage. Et contrairement à l’Emir, le jeune mystique tue tout sur son passage : pas de prisonniers et pas de concessions. C’est d’ailleurs en représailles à sa révolte que Cavaignac, Canrobert et Pélissier commettent les sinistres enfumades du Dahra entre 1844 et 1845.

Après des opérations de grandes envergures, Boumaza finit par se rendre le 13 avril 1847. Il choisit son plus grand ennemi, Saint-Arnaud.

Ce dernier raconte : « Il a de suite pris sa détermination et a dit « Menez-moi à Orléansville au colonel Saint-Arnaud lui-même, » ajoutant que c’était à moi qu’il voulait se rendre, parce que c’était contre moi qu’il s’était le plus battu. Les autres ont obéi, ils tremblaient encore devant Bou-Maza, qui a gardé ses armes et ne les a déposées que chez moi, sur mon ordre, deux pistolets chargés de huit balles. En amenant Bou-Maza, mes quatre Mokrazeni étaient effrayés de son audace. D’un signe Bou-Maza les aurait fait fuir. L’influence de cet homme sur les Arabes est inconcevable ».

Il sera emprisonné en France, à Brest au Fort de Ham. Il s’évadera à la veille de la chute de monarchie de juillet du roi Louis Philippe, mais sera très vite arrêté et remis en prison jusqu’au 22 juillet 1849.


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