Algérie - Festival RACONTE ARTS

Raconte Arts, Une caravane culturelle unique en son genre



Raconte Arts, Une caravane culturelle unique en son genre
La douzième édition de Raconte-Arts sera sûrement l’histoire d’une rencontre, une rencontre
entre un festival défricheur (Raconte-Arts) et un village précurseur (Iguersafen). Si ce
dernier attend avec impatience de vivre Raconte-Arts pour ce qu’il va lui apporter en termes
de créativité culturelle, les animateurs de Raconte-Arts, quant à eux, ont hâte de rencontrer
ces Don Quichotte de l’autogestion que sont les responsables de ce village de montagne, qui
vient de décrocher la palme de village le plus propre de Kabylie. En réalité, ce titre ne reflète
pas vraiment sa qualité car il mérite, à notre sens, la médaille de village le mieux géré d’Algérie.
En effet, ce n’est pas seulement la propreté qui le caractérise mais aussi et surtout la
capacité de se prendre en charge, c’est-à-dire de ne compter avant tout que sur ses propres
forces. Le résultat est impressionnant. Les villageois ont réglé le problème d’eau ; construit
et décoré les fontaines qui sont toutes fonctionnelles, balisé les routes ; construit une salle
polyvalente ; aménagé un espace-jeux pour les enfants ; construit des abris-bus, des toilettes
publiques et aménagé des placettes avec bancs. Et bien d’autres choses que nous ne saurons
citer ici tellement la liste est trop longue à énumérer.
En regardant de près, et après trois visites sur site, il apparait clairement que la problématique
de cette année doit se décliner en trois thèmes principaux : Iguersafen village martyre
(Histoire de la guerre d’Algérie), le compter sur soi (autogestion) et le sens de l’environnement
(écologie).
Iguersafen et la guerre d’Algérie
Il faut savoir que ce village a été entièrement rasé par l’armée française le 4 décembre
1957 et que la population n’a dû son salut qu’à un ordre de dernière minute venant d’Alger
intimant aux militaires d’épargner les habitants. La population fut éparpillée par monts et par
vaux jusqu’à l’indépendance en 1962. Le village peine alors à renaître de ses cendres. Ce n’est
qu’en 1969 qu’une mission danoise dépêchée, sans doute, par l’ONU a reconstruit le village.
On aperçoit aujourd’hui encore sa base-vie faite de petites maisons alignées au cordeau. En
visitant Iguersafen, on voit tout de suite qu’il est encore marqué par son histoire tragique,
puisqu’en son centre on remarque un cimetière des martyrs et un musée de la guerre. Même
dans le document de présentation du village, des pages entières sont consacrées à l’histoire
de ce hameau durant la guerre d’Algérie. Le statut de village martyr est un de ses mythes
fondateurs. L’histoire joue ici le rôle de ferment de la cohésion sociale. On ne peut donc
passer outre cette donne.
Pour cela, nous allons inviter des historiens qui vont nous replonger dans cette page douloureuse
de notre histoire. Pas pour remuer le couteau dans la plaie, mais juste pour abonder
dans le sens de ces villageois qui veulent comprendre une page sombre de leur passé récent.
L’autogestion ou le sens du compter sur soi
Le comité de village organisation héritée de l’ancienne tajemait traditionnelle kabyle joue
le rôle de gouvernement local. Tout passe par cette entité souveraine qui fait l’unanimité
en Kabylie. Certes, sur le plan de la pensée, Iguersafen puise sa substance de la sagesse de
tajmaat (ancestralité) mais en termes de gestion de la cité il s’appuie sur une nouvelle organisation
dotée d’outils actuels (modernité). Nous avons là un exemple concret de combinaison
gagnante entre un passé nourricier (humus ancestral) et un présent prometteur, résolument
tourné vers l’avenir. Au rythme où vont les choses, ce village est en train de devenir un état
dans état. Et quelle gouvernance ! Une véritable leçon de gestion pragmatique. Nous allons
convier des associations et des comités de village qui ont réalisé des projets intéressants pour
nous parler de leur expérience. Il serait intéressant aussi d’inviter des spécialistes qui vont
nous parler de Tajmaat et de son avenir dans ce contexte mondialisé qui fait souvent fi des
réalités locales.
La qualité de l’environnement et le sens du patrimoine bases de tout
développement durable
On ne peut pas parler de développement durable si on ne met pas l’écologie et le patrimoine
au centre du développement local. L’équipe qui préside aux destinées d’Iguersafen
ne gère pas seulement le quotidien des villageois, elle réfléchit aussi à la réalisation de projets
structurants. En d’autres termes, elle a le souci évident du développement durable de
son bourg. Que ce soit sur le plan social, culturel et économique, elle n’a pas lésiné sur les
moyens pour améliorer le sort de ses administrés. Ce qui fait la force de ce comité, c’est
d’avoir compris que tout développement passe par la qualité de l’environnement. Et à partir
de là, la machine Iguersafienne s’est mise en branle pour tout nettoyer. Mais cela n’a rien
d’extraordinaire si elle s’en était arrêtée là. En fait, la prouesse de ce village a été de réaliser
ce qu’aucun village, ni ville d’Algérie, n’ont pu réaliser : organiser le tri sélectif des déchets.
Oui, ils ont atteint cette maturité là, alors que partout ailleurs, sauf quelques exceptions, le
pays croule sous les ordures. Une journée durant le festival sera consacrée à l’écologie et
aux problèmes d’environnement qui affectent une aussi belle région comme la Kabylie. Pour
essayer de comprendre pourquoi Iguersafen n’est que l‘exception qui confirme la règle.
Du 24 au 31 juillet 2015, deux cas d’école seront en confrontation positive. Chacun de
nous essaiera de se nourrir de l’expérience de l’autre pour conforter son propre parcours.
Il va sans dire que l’édition qui s’annonce puisera son énergie de cette jonction entre deux
partenaires qui ont prouvé leur sens de l’entreprise. Raconte-Arts 2015 n’en sera que plus
percutant. Pour notre part, nous sommes en admiration totale devant ces bâtisseurs infatigables.
Aussi, ce sera avec une grande humilité que nous nous rendrons chez nos hôtes cet
été.
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)