Algérie - A la une

Ramadhan
Des milliers de travailleurs vivent une situation dramatique à la veille du mois sacré.Les premières conséquences de la politique d'austérité mise en ?uvre par le gouvernement commencent à se faire sentir sur la scène socioéconomique du pays. L'une des victimes les plus ciblées, car vulnérable, n'est autre que le travailleur. Des dizaines de milliers d'employés n'ont pas perçu leurs salaires depuis 3 ou 4 mois voire plus d'une année à cause de la situation financière difficile que traversent leurs entreprises. Marches, grèves, sit-in et autres actions de protestation sont organisées ces derniers jours par les ouvriers de nombreuses entreprises pour exprimer leur ras-le-bol et attirer l'attention des pouvoirs publics quant aux contraintes sociales qu'ils vivent. Leur inquiétude a atteint son paroxysme d'autant plus le Ramadhan, mois des dépenses par excellence, approche à grands pas.La crise financière que subit actuellement l'Algérie, quand bien même minimisée par l'exécutif, provoque des dégâts au sein de la société en général et dans le monde du travail en particulier. L'Entreprise publique de matériaux de construction (EPMC) de Tamanrasset est l'exemple le plus édifiant qui illustre parfaitement ce constat.Ces 1 200 employés n'ont pas perçu leurs salaires depuis plus de...11 mois. Ils viennent, pour la nième fois, d'investir la rue pour réclamer leurs rémunérations après plus d'une année de travail.Leur situation devient de plus en plus intenable à quelques jours du mois sacré. Père de quatre enfants, Salem, la trentaine révolue, employé de cette société, vit les moments les plus pénibles de sa vie. Il ne sait plus à quel saint se vouer. Il n'a plus de ressources pour couvrir les besoins de toute une famille à charge. Pis encore, déplore-t-il, "confrontés à des problèmes familiaux, des employés ont fini par divorcer. D'autres ont rompu avec leurs fiancées à quelques mois de la date du mariage. Des jeunes travailleurs ont, quant à eux, eu une dépression suite à l'indifférence des autorités à prendre en charge nos problèmes", regrette Salem. "Si on ne nous verse pas les 30% des arriérés de salaires soit 6 mois, promis par les pouvoirs publics, on assistera à une catastrophe parmi les employés", avertit notre source. Car, argue-t-il, "nous avons patienté pendant plus d'un an. Nous ne pouvons plus consentir d'autres sacrifices". Comment ces ouvriers vivent-ils cette précarité' "Il y a des gens bienfaiteurs qui nous apportent assistance notamment sur le plan financier. Par contre, d'autres se sont endettés pour faire face aux dépenses de leurs familles", explique un des collègues de Salem. Il trouve inconcevable qu'avec toutes les richesses que recèle la wilaya, on n'arrive pas à verser les mensualités des travailleurs d'une seule entreprise ! "Nous sollicitons l'intervention du ministère de tutelle pour qu'il assainisse cette situation parce que la direction du groupe n'est pas en mesure de tenir sa promesse étant donné les difficultés financières auxquelles fait face l'entreprise", demande Salem. Pour l'instant, relève-t-il, les différentes actions de protestation organisées se sont avérées vaines. Les restrictions budgétaires décidées par le gouvernement pour atténuer un tant soit peu la baisse des ressources financières ont touché de plein fouet le secteur du BTPH. Outre le problème de recouvrement de leurs créances, les entreprises font face, aussi, à la pression des charges obligatoires induites par les échéances de paiement des salaires, des charges sociales et fiscales.Incertitudes Les créances de centaines d'entrepreneurs qui datent de plusieurs années sont dues au manque flagrant de trésorerie dont souffrent les maîtres d'ouvrage, engendré lui-même par la chute des revenus pétroliers. Ce qui constitue une menace sérieuse pour des milliers de postes, puisque le secteur du BTPH emploie près de 18% de la main-d'?uvre globale dans notre pays. Plus de 60% des 3 500 entreprises du BTPH en Algérie, soit près de 2 100, sont confrontées à un sérieux problème de financement. Pour l'ensemble de la branche, un million d'emplois sont menacés. La crise peut également s'étaler vers d'autres créneaux en relation directe tels que les matériaux de construction, l'industrie du bâtiment. Au bord de l'asphyxie, ces entreprises risquent à tout moment de mettre la clef sous le paillasson, licencier des milliers d'ouvriers et provoquer le marasme de centaines de familles, des milliers de bouches à nourrir.L'impact de la crise est, en outre, perceptible dans d'innombrables sociétés en activité dans divers secteurs. On dénombre plus de 75 unités employant 32 000 personnes de la zone industrielle de Rouiba qui souffrent actuellement d'une instabilité criante. Plus de 500 syndicalistes de la zone industrielle de Rouiba ont initié il y a quelques jours une marche, suivie d'un sit-in pour dénoncer "la situation désastreuse que traversent de nombreuses entreprises publiques en raison du manque de plan de charge et du non-paiement des créances qu'elles détiennent auprès de l'Etat". Les protestataires se sont élevés également contre l'érosion du pouvoir d'achat des travailleurs. "L'Entreprise publique hydrotechnique n'a pas payé ses 2 000 employés depuis deux mois en raison du manque de crédits de payement. L'Etat a une dette de 3 milliards de dinars envers cette entreprise", soulignent ces contestataires. Toutefois, juste après cette action de protestation, l'Etat a débloqué la situation. Mais, le problème risque de resurgir de nouveau dans les mois qui viennent, avertissent les syndicalistes, contactés hier. C'est dire que la crise actuelle fera subir au gouvernement la période la plus délicate de son existence.


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