Algérie - Précarité

Ras El Oued (Bordj Bou Arréridj) - Des enfants vivent de la décharge publique


Ras El Oued (Bordj Bou Arréridj) - Des enfants vivent de la décharge publique




Dans une Algérie forte et digne, des dizaines de familles des hameaux situés autour de la ville sont amenés par la misère vers ces lieux.

Vivre dans l’extrême pauvreté est souvent synonyme de dépendance étroite avec son environnement, même un environnement dégradé.

En effet évoquer le travail des enfants dans notre société, c’est remettre sur le tapis une situation socio-économique faite de conditions de vie lamentable, voire de misère pour certaines familles sans ressources et sans aucune couverture sociale.

A quelques encablures de la ville de Ras EL oued (80.000 habitants) se trouve l’une des décharges sauvages les plus polluantes de la région, autour de celle-ci il y a toute une organisation du travail qui comprend la fouille dans les ordures, la récupération et la mise en paquet de certains matériaux.

Sur cette décharge, travaillent des dizaines d’enfants et de jeunes qui viennent particulièrement des hameaux pauvres qui gravitent autour de la ville, à l’instar de Bellot et Mezing (noms de fermiers colons hérités de l’époque coloniale); ils récupèrent du plastique, du fer, des quignons de pain rassis, etc.

Grâce à ce travail, des familles survivent à peine.

Cette terre est sans cesse remuée. D’abord lorsque des enfants (mais aussi des adultes) la fouillent pour récupérer ce qu’ils peuvent revendre pour procurer aux leurs une pitance, et ce, «dans une Algérie forte et digne».

L’idée qui taraude l’esprit du visiteur, -même s’il sont rares les gens qui se rendent dans ce lieu insalubre-, est de savoir si on choisit volontiers de passer des heures et des heures dans une décharge où cohabitent différentes espèces animales au milieu des fumées asphyxiantes et des odeurs nauséabondes.

Salim (14 ans), vit depuis qu’il était gamin avec sa mère divorcée ; pour lui l’Etat est responsable en grande partie des malheurs qui s’abattent sur sa famille.

Il nous parle de sa situation: «L’Etat pouvait nous extirper ma famille et moi de cette déchéance, mais malheureusement rien n'a été fait ; et pour répondre à ta question, on ne choisit pas de vivre dans un lieu insalubre, c’est la misère qui nous y amène.»

Il poursuit: «Au-delà de ces conditions de travail, il est de mon devoir de bâtir un équilibre familial ; il faut dire que la DAS n’a rien fait pour nous, aucune aide ne nous a été dispensée.»

Notre présence près de ces pauvres gosses nous donne à penser que la réalité est beaucoup plus dure, plus complexe. Le plus admirable chez eux, est qu’en dépit de l’absence d’une quelconque autorité parentale, et de la liberté totale dont ils jouissent, à aucun moment l’on a le sentiment qu’ils ont dévié vers la délinquance. Nous leur faisons part de ce sentiment.

L’un de ces adolescents, Yacine, 15 ans, nous dit qu’il rend grâce à Dieu de lui avoir donné une conscience.

A travers ces discussions, nous avons pu savoir que derrière chacun de ces enfants, il y a une famille qui se bat pour maintenir l’unité de ses membres.

* Photo: Au milieu de la fumée et des mauvaises odeurs, on récupère tout pour acheter de quoi se nourrir.


Abderrahmane Djafri



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