Algérie - Flore

Régions forestières à El Milia (Jijel): Des richesses pillées au grand jour



Régions forestières à El Milia (Jijel):  Des richesses pillées au grand jour




Des zones entières ont perdu toute leur vocation, face à l’avancée dévastatrice du béton et du silence intrigant des autorités.

La région d’El Milia, jadis couverte de chaînes forestières très denses, est en passe de perdre ce patrimoine, décimé au grand jour par des mains prédatrices. Des individus, animés par leur cupidité insatiable, ont fait main basse sur des surfaces entières de forêt.

Le pillage de cette richesse est menée avec une telle assurance qu’il a permis à des gens qui n’ont rien à voir avec la forêt d’accaparer de vastes espaces, notamment dans certaines localités, comme à Ouled Arbi, Ouled Salah, plus précisément autour du barrage de Boussiaba, ou au lieudit Taghza, au nord-est de la ville d’El Milia.

Le commun des visiteurs empruntant le chemin menant à cette dernière localité est intrigué par la perte de son couvert forestier au profit de zones qui ont été délimitées pour en faire des propriétés privées par les auteurs de cette déforestation.

La forêt dense de cette localité, qui va de la ferme agricole Kherrab Abdelmadjid, qui a elle-même perdu ses terres à cause de l’inexorable avancée du béton, jusqu’à la localité de Lemroudj, sur l’ancienne route de Collo, n’est plus qu’une terre déboisée, qui a perdu sa vocation forestière.

Tout autour du barrage de Boussiaba, ou à Ouled Salah, le constat est le même, sinon pire.

«Mais pourquoi on laisse faire sans intervenir, la forêt a été squattée, tous ses espaces accaparés, il n’y a plus rien, il n’y a plus d’espace, même pas pour une chèvre», peste un natif de la région.

Dénonçant cette agression contre les sites forestiers, notre interlocuteur, un quadragénaire, maçon de son état, s’élève contre la cupidité de ces gens qui sont venus prendre ce qui ne leur appartient pas.

«La forêt, c’est la liberté, c’est pour se promener dans la quiétude, c’est pour les bêtes qui y trouvent leur nourriture, c’est pour la sauvegarde de la nature, cette forêt, c’est à nous, c’est notre vie, pourquoi ces gens viennent délimiter ses espaces et interdire aux autres d’y accéder?», fulmine-t-il sans trouver de réponses à ses interrogations.

«Mais là où le bât blesse, c’ est que certains ne s’arrêtent pas à ce stade, ils vont jusqu’à vendre les espaces forestiers qu’ ils ont accaparés», s’indigne encore notre interlocuteur.

En plus du béton, qui a eu un effet dévastateur sur les forêts qui cernaient le périmètre le plus proche du centre urbain de la ville d’El Milia, les incendies ont achevé ce qui reste de ce patrimoine, avant que l’homme ne porte son coup fatal à ces espaces.

«Ce qu’on constate, c’est d’abord un flagrant laxisme, la forêt a subi un effet dévastateur sous l’effet de l’extension de la ville, pour que cette agression s’arrête, il faut qu’on prenne conscience de sa valeur économique et naturelle», dira à son tour un chercheur en sciences forestières à l’université de Jijel.

Du côté de la direction des forêts, où on confirme cependant ces atteintes, nos tentatives de joindre les responsables du secteur sont restées vaines pour cause d’absence du directeur et de son adjoint.

«Il y a un travail de coordination qui se fait sur le terrain et les agents ont pour mission d’intervenir pour endiguer ce phénomène», nous a-t-on dit.


Photo: Des localités entières sont menacées par les effets de la déforestation

Amor Z.

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