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Riyadh joue son va-tout




Riyadh joue son va-tout
Avec autant d'argent, le roi pourra acheter toutes les consciences occidentalesLes grandes puissances salivent à l'odeur de l'argent. Les droits de l'homme, la démocratie, le droit des peuples s'effacent devant la rationalité économique.L'Arabie saoudite a annoncé un plan de relance économique lourd de 2 000 milliards de dollars. L'objectif du royaume est de sortir de la dépendance au pétrole à l'horizon 2030. Mais cette volonté affichée par le roi Salman ne concerne pas seulement les aspects strictement économiques. Il est vrai que l'Arabie saoudite a véritablement besoin de diversifier son économie, mais l'objectif du roi saoudien est bien plus stratégique.Les observateurs de la scène internationale ont, d'ailleurs, constaté la différence de style entre le roi Salman et son prédécesseur. Autant ce dernier cherchait le consensus et évitait les conflits inutiles, autant L'actuel souverain développe une politique belliqueuse et ne cache pas une ambition dominatrice de tout le Monde arabe. La nature ayant peur du vide, Riyadh a vu dans l'écroulement de l'Irak et l'affaiblissement de l'Egypte, matière à alimenter son désir de prendre le gouvernail du Monde arabo-islamique. Il n'a pas hésité à allumer le feu au Yémen, entretenir le brasier syrien, obliger quelque 34 nations à adhérer à son pacte militaire «sunnite» contre le terrorisme et même bouder les Etats-Unis après l'accord nucléaire conclu avec l'Iran.Un rêve de dominationLes intentions du roi Salman relèvent du secret de Polichinelle et les moyens d'y parvenir semblent mieux se dessiner à travers le plan à 2000 milliards de dollars. L'Arabie saoudite prend à travers cette aventure, première du genre dans le monde, le risque de se planter et de tout perdre, mais les risques ont été sans doute calculés par le vice-prince héritier, à l'origine du fameux plan. Des experts ont travaillé trois longues années sur ce chantier et ont donc soupesé les aspects positifs et négatifs. Cela pour dire qu'il n'y a pas d'improvisation de la part de la famille royale. L'arrivée de Salman sur le trône devait annoncer une nouvelle orientation de la politique du royaume. Plusieurs peuples victimes l'ont appris à leurs dépens, ainsi que les observateurs. Mais jusqu'à aujourd'hui, le déploiement de l'Arabie saoudite se faisait avec les «moyens du bord». La seconde phase est autrement plus déterminante.Le roi s'attaque au gros poisson et l'appât est conforme à la réputation des grandes puissances. Celles-ci, on ne le dira jamais assez, salivent à l'odeur de l'argent et lorsque l'enjeu pèse 2000 milliards de dollars, il n'y a pas à hésiter.Les droits de l'homme, la démocratie, le droit des peuples et tous les concepts universels s'effacent devant la rationalité économique.Avec autant d'argent, le roi pourra acheter toutes les consciences occidentales. Les mégaprojets envisagés dans le fameux plan serviront de monnaie d'échange pour permettre à l'Arabie saoudite d'étendre son influence dans toute la région arabo-islamique.Il y a d'abord l'Iran à contrer, ensuite des régimes arabes à soumettre ou à détruire, au besoin. Tout cela ne pourra se faire qu'avec l'assentiment et même la complicité des grandes nations qui se partageront le gâteau de 2 000 milliards de dollars. Les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne et l'Allemagne ne cracheront pas sur les largesses du roi et feront ce qu'il faut pour lui permettre de réaliser son rêve de domination.Un détail important vient apporter un éclairage assez significatif des intentions de Riyadh. Il s'agit d'un très important contrat d'armement militaire que l'Arabie saoudite négocierait avec la Russie. Le marché se monte à plusieurs milliards de dollars et concerne l'achat d'un grand nombre de chars russes.L'objectif, rapportent certaines sources consiste à gagner la «sympathie» d'une Russie, actuellement en grande difficulté économique et ne pourrait tourner le dos à un contrat juteux. Couper la Russie de ses alliés traditionnels parmi les pays arabes et islamiques, ou au moins réduire de la solidité de ces liens, donnerait à l'Arabioe saoudite les moyens de conforter sa position de leader de tout le croissant fertile. Le projet est peut-être trop ambitieux, peut-être n'arrivera-t-il même pas à ses objectifs, mais il est certain qu'il est bel et bien déployé à travers un plan pharaonique qui court sur 15 longues années.L'épisode DaeshLe roi Salman et son héritier de fils qui ne cachent pas leurs ambitions ne feront qu'une bouchée des pays qui se mettraient en travers de leur chemin. Disposer du soutien de trois membres du Conseil de sécurité, d'une puissance financière phénoménale et de l'aide discrète des lobbies sionistes donne aux dirigeants saoudiens une force de frappe inégalée dans l'histoire du Monde arabe. Ils ont les moyens de leur politique diraient beaucoup d'observateurs, mais l'Histoire ne s'arrête pas aux démonstrations de force. Elle se fait aussi sur des actes de résistance. Celle dont fait montre l'Algérie est assez révélatrice de sa volonté de maintenir intacte sa souveraineté.La visite du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, à Moscou et le séjour de Abdelkader Messahel en Syrie, témoignent d'une volonté de développer une autre approche pour la région, qui privilégierait la non-ingérence dans les affaires internes des Etats et promouvrait le principe du dialogue au lieu de celui de la force, actuellement marque de fabrique du régime saoudien dans la région. Mais les voeux de la diplomatie algérienne sont autrement plus difficiles à se réaliser que les calculs froids de Riyadh. Il reste que l'histoire réserve beaucoup de surprises aux puissants.Cela pour dire que si la démarche d'Alger sur plusieurs dossiers, à l'image de celui du Mali, de la Libye ou de la Syrie, a fini par payer, il n'est pas exclu que la force de conviction de la diplomatie algérienne parvienne à faire en sorte à ce que les grandes puissances ne voient pas leurs intérêts que dans les contrats.L'épisode Daesh a démontré que ce que gagne l'Occident d'une main, il peut le perdre de l'autre en raison de l'instabilité que génère cette organisation terroriste au coeur de l'Europe.D'ailleurs, dans les investigations réalisées autour du phénomène, plusieurs pistes conduisent en Arabie saoudite.La thèse de la création de cette organisation «sunnite» pour «chasser» les chiites et les chrétiens du Moyen-Orient trouve de plus en plus d'adeptes et la concomitance des intérêts de Daesh avec ceux de l'Arabie saoudite et Israël saute aux yeux.En fait, il est évident que le déploiement du roi Selmane n'est pas seulement économique. Il y a dans les 2000 milliards de dollars, beaucoup de politique, de stratégie et de d'envie démesurée de domination.


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