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Sinistrose et gabegie




Sinistrose et gabegie
Dans tous les cas de figure, c'est, en dernière instance, le consommateur qui trinque. Sinon comment interpréter cette ubuesque situation de débandade généralisée qui règne dans le secteur du commerce 'On savait que ce secteur était boiteux, fonctionnait par à-coups et ne donnait guère l'image du dynamisme vanté par ses responsables. Et, encore une fois, la réalité rattrape les chimères tant vantées par tous les ministres qui se sont jusque-là succédé à la tête de ce ministère.Aujourd'hui, alors que les producteurs de tomate industrielle jettent leur production dans les oueds faute d'usines de transformation en nombre pour absorber cette production, sur les marchés ce ‘'fruit'' est commercialisé à plus de 45 dinars le kilogramme. Est-ce normal ' Bien sûr que non!Autre anomalie: alors que les prix des produits agricoles repartent vers la hausse, la production est, quant à elle, conséquente, avec des records pour certaines spéculations. Alors, question: que font les ministères du Commerce et de l'Agriculture pour réguler cette situation abracadabrante, mettre sur le marché des produits de qualité à des prix raisonnables, ne pas sanctionner les producteurs et les encourager et traquer les spéculateurs 'En vérité, tous les Algériens le savent d'Alger à Tamanrasset, d'Oran à Tindouf, et de Constantine à Ouargla: absence alarmante de contrôle, laisser-aller et seuls les lampistes sont sanctionnés, alors que les réseaux de contrebande de moutons par exemple, prospèrent à chaque approche de l'Aïd el-Kebir. C'est comme cela dans ce monde mystérieux du Commerce en Algérie.A Chlef ville, la tomate est vendue entre 20-35 le kg, alors qu'à 15 km de là, à Ouled Farès, ou à Oued Foddha, des zones de production, elle est jetée dans les oueds faute d'être vendue aux transformateurs. Cela relève-t-il de la responsabilité de quelqu'un, ce désastre pour les agriculteurs et cette surenchère sur les prix à quelques jours du grand pont de l'Aïd el-Kebir'A vrai dire, personne ne se sent à ce stade du gaspillage responsable. Le fait est que l'Algérien, à quelque niveau que ce soit, adopte l'attitude espiègle et maligne du personnage de Djeha: «Que ça ne tombe pas sur ma tête !»Dès lors, c'est toute la société algérienne qui est prise dans un engrenage démentiel, où chacun tente de tirer profit d'une situation, d'une position dominante, pour écraser sinon éliminer son vis-à-vis, son voisin, son ennemi. Même si tout le monde va à la mosquée. Le but étant de survivre dans une jungle créée de toutes sortes d'éléments irréels, autant l'irresponsabilité ambiante que l'absence de ‘'eddoula'', comme disent les vieux, qui assistent avec un grand désarroi et une profonde consternation au délitement accéléré de la société algérienne. Au point que des informations ‘'insolites'', comme cette bagarre entre Algériens dans un avion de ligne de la compagnie aérienne turque, un fait extrêmement rarissime dans l'histoire des transports aériens, montrent à quel point la société algérienne a besoin d'un médecin. Psychiatre, psychanalyste, généraliste, spécialiste, qu'importe, un médecin pour aller au chevet d'une société malade de ses vices, de ses tares, de ses responsables, de ses excès et de ses carences.Comment expliquer à un être doté de toutes ses facultés mentales qu'on jette de la tomate dans la campagne, à moins de 10 km d'une ville où cette même tomate est vendue quatre fois son prix de vente ' A partir de là, les lignes ne sont pas droites, ni même asymétriques, mais troubles, avec une incroyable succession de croisements et d'enchevêtrements sociaux, politiques, tribaux et claniques. Aucune cohérence, rien. Le vide plus que sidéral. C'est un peu l'image que renvoie l'Algérie, vue du monde extérieur. Quelle sinistrose !
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