Algérie - Ecologie

Tipasa - Amnésie autour d’un projet de massacre environnemental



Tipasa - Amnésie autour d’un projet de massacre environnemental




En décidant de construire le grand port commercial stratégique centre à l’Est de la ville de Cherchell , la communication officielle s’est illustrée par son silence sur la répercussion de ce projet, qui entraînera la disparition de 3.000 (trois milles) hectares de terres agricoles à haute valeur agronomique, notamment l’arboriculture, la viticulture, les cultures maraîchères et les semences.

Nonobstant les exploitations agricoles du secteur privé, plus d’une soixantaine d’exploitations agricoles collectives (EAC) et une dizaine d’exploitations agricoles individuelles (EAI), 03 fermes pilotes et une pépinière, toutes seront appelées à fondre dans le béton chinois.

« Le bureau d’étude international sud-coréen » a fait délibérément le choix du site sans aucun souci.

Avec leurs œillères sur leurs visages, les algériens sont chargés à présent d’occuper le terrain pour prendre les mesures, avant de procéder au recensement général de toutes ces superficies qui se trouvent «dans le couloir de la mort», après la décision hâtive et inexplicable des hautes autorités du pays.

Le Président Abdelaziz Bouteflika avait été induit en erreur en choisissant ce site paradisiaque. Il avait pourtant signé des textes de lois pour protéger tous les sites naturels forestiers, le littoral, les sites qui renferment des richesses agricoles et culturelles. Aucun ministre n’avait effectué une visite d’inspection au niveau de ce site situé à l’Est de la ville de Cherchell, afin de pouvoir s’enquérir de la réalité du site avant de décider de l’implantation de ce grand port commercial.

Entre le site Cap Rouge (Ouest de Cherchell) jusqu’à l’entrée Est de la localité côtière de Sidi-Ghilès, la possibilité de construire un grand port commercial avec un coût inférieur à celui d’El-Hamdania, existe bel et bien. Ce n’est qu’à la fin du mois de février 2016, deux mois après la décision politique de la fin de l’année 2015, que le dossier d’étude relatif à la construction du port de Cherchell et de l’autoroute qui reliera ce port à l’autoroute Est/Ouest avait atterri dans les bureaux de la wilaya de Tipasa.

L’amnésie autour de ce projet dévastateur qui provoquera ; s’il est maintenu dans le site d’El-Hamdania ; un crime écologique sans précédent dans cette partie du littoral méditerranéen est inquiétante. Aucun média n’a daigné effectué un reportage sur le site d’El-Hamdania pour dévoiler les paysages paradisiaques sur lesquelles sera construit le port et ses annexes. Le Premier Ministre Abdelmalek Sellal avait répété à maintes reprises que le grand port commercial sera construit à l’Ouest de Cherchell.

Messieurs Bedoui Nordine, Amar Ghoul, Ferroukhi Sid Ahmed, Nouri Abdelouahab, Azzedine Mihoubi, respectivement responsables des départements ministériels de l’Intérieur et des collectivités locales ; de l’aménagement du territoire ,du tourisme et de l’artisanat ; de l’agriculture et de la pêche ; des ressources en eau et de l’environnement ; de la culture ; feront mieux d’effectuer une visite ensemble sur le site, pour voire de visu l’étendue des dégâts d’abord et ensuite faire le parallèle entre leurs discours officiels et la décision qu’ils viennent d’approuver lors du Conseil des Ministres en date du 30 décembre 2015 , en cas où les chinois entameront la démolition totale du littoral, des plages, des criques ,des collines boisées et des terres agricoles avant d’ériger le grand port commercial à El Hamdania.

Les marins pêcheurs connaissent parfaitement les fonds marins qui longent le site. L’utilisation de la dynamite en très grande quantité est inéluctable. Les conséquences seront désastreuses. Les 22 canons du 15ème siècle immergés (monuments historiques, ndlr) et les vestiges archéologiques vont disparaître. En plus de la disparition de 03 ZET (zone d’expansion touristique) d’une superficie de 231 ha ; sans tenir compte des criques, les 03 plages (Hamdania 1 et 2 plus Oued Bellah) d’une surface globale de 140.000 m2 connaîtront le même sort. Le secteur de l’hydraulique avait investi des centaines de milliards de centimes au niveau du périmètre irrigué de la Mitidja Ouest.

Le tracé de la nouvelle autoroute d’un linéaire de 40 kms prévu pour ce port n’épargnera pas les parcelles agricoles incluses dans ce périmètre. Pour la réalisation de ce grand port commercial à El-Hamdania, les autorités algériennes se sont précipitées pour signer le 17 janvier 2016 ; soit 02 semaines après la tenue du Conseil des Ministres ; un protocole d’accord et de partenariat portant création d’une société mixte de droit algérien chargée de l’étude, de la réalisation et de l’exploitation du port centre d’Algérie.

C’est le même schéma adopté avec les canadiens pour la construction de la centrale électrique de Hadjret-Ennous, localité située à l’Ouest du site El-Hamdania, 13 kms. Tout avait été fait dans la précipitation sur un terrain paradisiaque. Les canadiens exploitent cette centrale pour une durée de 25 ans à partir de sa mise en service. Après le départ des canadiens, ce sera un amas de ferraille sur le littoral. SNC Lavalin fait parler d’elle jusqu’à ce jour. Elle vend de l’énergie électrique produite par cette fameuse centrale. Chakib Khelil, l’ex Ministre de l’Energie avait suivi la réalisation de ce projet qui avait enregistré le retard avant son démarrage.

Quant au projet du port centre d’Algérie, nos amis chinois qui participent à son financement et à sa construction, auront ensuite la charge de son exploitation durant 35 ans après sa mise en service. Stratégiquement, ce grand port commercial contribuera au développement économique national et en particulier à la création des emplois et des richesses à l’échelle locale. Il fera à l’avenir de la concurrence aux grands ports commerciaux du sud de la méditerranée et à nos voisins de l’Afrique du nord. Un paramètre qu’il faut à tout prix prendre en considération en ces moments de tensions internationales.

La COP 21 n’aura servi à rein pour l’Algérie, car les responsables algériens avaient décidé dans une incroyable, de surcroit étonnante précipitation, de l’implantation d’un grand port commercial, sans véritablement consulter les premiers concernés, qui sont algériens et aiment leur pays, l’Algérie.

«Le PV de la réunion du Conseil des Ministres n’est pas un Coran, des rectifications à apporter demeurent possibles, les sud-coréens et les chinois se fichent de notre pays et de son avenir», nous dira ce haut cadre algérien, très déçu de l’entêtement des gestionnaires de ce projet, mais surtout le fait qu’ils avaient caché la vérité au Président de la République d’une part et d’autre part, par le silence des élus (APN, Sénat, APW, APC) de Tipasa.

Quant aux fonctionnaires, craignant les représailles d’en haut, avaient opté pour le mode «écoute-exécution» dans leurs démarches.


M'hamed Houaoura





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