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Tizi-Ouzou
Le village d'Ath El Kaïd, un repère identitaire et historique, témoin d'une organisation sociale propre aux habitants des hautes montagnes de la Kabylie, se trouve dans un état de dégradation avancé, a-t-on constaté.Malgré l'effort des populations et des associations culturelles dans la sauvegarde et la préservation de ce joyau architectural qui a longtemps résisté aux aléas des temps modernes et à l'agressivité du béton ayant envahi les villages, les maisons se sont effondré l'une après l'autre au fil des mois et des années. De ce village traditionnel relevant de la commune d'Agouni Gueghrane, dans la daïra des Ouadhias à une quarantaine de kilomètres au sud de la wilaya de Tizi Ouzou, érigé sur un monticule rocheux de 617 mètres d'altitude en milieu d'un décor naturel des plus époustouflants faisant face à la majestueuse chaîne montagneuse du Djurdjura, il ne reste désormais que des vestiges.A chaque hiver qui passe, ce sont quelques piliers centraux (Ajgu) de plus, des murs et des toitures qui cèdent. Même les ruelles (Tizenqatin) qui servent de passage entre les ilôts (lharat), sont bloquées par les décombres des maisons en ruines, a-t-on constaté. Quant aux accessoires intérieurs comme les banquettes (Takeddart), les écuries (adaynin), le foyer (Lkanun), les silos (Ikoufan) et les décorations murales en signes berbères (arqem), des aspects présents dans toute maison traditionnelle kabyle, ils sont détruits ou enterrés sous les amas de pierres et de terre provenant des effondrements.Au village d'Aït El Kaïd, classé patrimoine national depuis 2006 et secteur sauvegardé depuis 2011, la dégradation a dépassé toutes les prévisions et les habitants ont complètement déserté les lieux pour trouver refuge ailleurs.Sur l'ancien site, il ne reste plus que cinq (05) familles qui n'ont pas d'autres propriétés terriennes pour construire de nouvelles maisons, a expliqué à l'APS Hocine Rekkad, père d'une famille de neuf (09) enfants qui vit encore sur place. "Nous sommes cinq familles à vivre encore sur ce site. Suite à la dégradation des nos anciennes bâtisses qui sont aujourd'hui en ruine, nous étions contraints de réaliser de petites extensions en brique et en béton pour nous abriter", a-t-il souligné.Malgré l'exiguïté et les conditions de vie particulièrement dures dans ce hameau, Hocine et sa famille, Nna Tassadit (une vieille dame qui vit seule) et trois autres familles continuent de mener tranquillement leur vie sur cette terre héritée de leurs parents, en attendant mieux."Des délégations officielles visitent le site régulièrement. Des promesses de relogement nous ont été faites par les responsables locaux dans le cadre d'un projet de restauration de l'ancien village, mais les mois et les années se succèdent et rien n'est encore fait", a regretté ce septuagénaire, non sans remercier Dieu pour la petite demeure qui l'abrite encore.Pourtant, le projet de restauration du village traditionnel existe depuis 2008 et l'ambition de le transformer en musée à ciel ouvert qui allait contribuer également à la promotion de l'activité touristique a été clairement manifestée par les responsables de la direction de la culture de l'époque.Des années sont passées depuis et le village a subi des dégradations importantes sans que les travaux ne viennent réconforter le peu qui reste de ce monument. Des travaux d'urgence et un montage financier pour le sauver Contactée à ce sujet, la directrice de la culture, Nabila Goumeziane, a déclaré qu'un avis d'appel d'offre a été lancé récemment par ses services pour réaliser, dans un premier temps, des opérations d'urgence sur le site.Ces premières actions ont été arrêtées suite à l'étude réalisée par le secteur dans le cadre du plan permanent de sauvegarde du village Ath El Kaïd, a-t-elle expliqué. "On est très conscients de l'état de dégradation du village, d'où la décision de mettre en place un montage financier auquel participeront différentes directions de wilaya", a-t-elle précisé, signalant que le wali de Tizi-Ouzou a donné des instructions, à l'issue de sa dernière visite sur site, pour engager une enveloppe financière entre les différents secteurs et prendre en charge les actions de restauration et de réhabilitation.Mme Goumeziane a évoqué également une demande introduite auprès du ministère de la Culture en vue d'obtenir un financement pour la restauration global du site, en plus des opérations qui seront menées dans le cadre du montage financier initié au niveau local.Les premiers travaux porteront sur la voirie et réseaux divers (VRD), puis la réhabilitation des maisons et, dans une troisième phase, l'installation de petits équipements d'accompagnement qui profiteront aux touristes de visite dans le village, a-t-elle fait savoir.La directrice de wilaya de la culture a précisé dans ce sillage que toutes les actions seront menées dans le respect le plus total de l'aspect traditionnel du village, des normes architecturales et de toutes les composantes de la maison kabyle ancienne.


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