Algérie - 07- Occupation Française

Tlemcen, Quand les anciens condamnés à mort se souviennent




L’association nationale des anciens condamnés à mort (54-62) a organisé ce jeudi, au siège de l’APW de Tlemcen une rencontre en 3 thèmes. Cette dernière a eu lieu à l’occasion de la commémoration de la mort des frères Diaf Tedj et Djedid Ahmed condamnés et fusillés par les bourreaux du colonialisme, le 27/7/60 à Tlemcen. Ont assisté à cette rencontre le wali de Tlemcen et de hauts responsables du pays.

Après l’allocution d’inauguration des travaux prononcée par le wali, ce fut le tour de M. Boumadi Mustapha, président de l’association nationale des anciens condamnés à mort, qu’ils considèrent comme des martyrs vivants, de rappeler le dur combat et la lutte menée contre la torture dans les geôles coloniales. A ce titre, il attirera l’attention des présents sur le nombre effarant de 199 guillotinés durant la période de 54-62 et narrera avec tristesse l’épreuve subie par Zabana, le premier guillotiné en Algérie. Mais dira-t-il «il faut écrire l’histoire, car il y a une volonté pour que notre Histoire ne soit pas écrite. Les historiens doivent avoir tous les moyens, les témoignages, les films, les archives pour que toutes les vérités soient mises à jour. Il faut une force, un front, contre ceux qui ne nous laissent pas écrire notre Histoire».

M.Ziane Abdelhamid rendra un vibrant hommage à ces deux héros du jour et amis de cellule, Diaf Tedj et Djedid Ahmed (dit Salah) fusillés le 27/7/60 à 4h du matin, à Tlemcen. Il rappellera qu’à Tlemcen il y a eu 46 condamnations à mort à l’encontre de citoyens dont 11 ont été guillotinés, 3 fusillés et 19 sont encore vivants de nos jours.

Le Dr Négadi Mohamed, historien et enseignant à l’université Abou-Bakr Belkaïd à qui on avait demandé de prononcer quelques mots sur les trois condamnés à mort du corps médical de Tlemcen, une belle image de sacrifice d’intellectuels qui se sont retrouvés au premier rang dans la lutte armée et qui avaient un amour de la patrie, un militantisme sacré et une conscience de l’indépendance de la «nation algérienne», ne s’est pas arrêté à un historique des martyrs de la Révolution mais a imposé une nouvelle vision des choses. A quoi a-telle servi la mort de ces gens-là? Qu’avons-nous fait, nous, pour reprendre l’Algérie? Si ces gens-là sont morts pour que vive l’Algérie, comment vit- elle actuellement? Est-ce qu’ils sont morts pour une bonne cause? Jusqu’à présent on ne peut pas le dire car l’Algérie n’a rien fait pour que nous puissions dire que nous avions eu des gens qui sont morts pour que l’Algérie soit libre. Elle est libre, indépendante politiquement mais le suivi de l’économique qui fait qu’un pays est libre, n’existe plus en Algérie. Est-ce qu’il y a vraiment une nation algérienne? Une nation est composée de gens qui ont la volonté de vivre en commun. Nous avons acquis cette notion de «nation» avec le mouvement politique qui a été créé après la Première Guerre mondiale. Les Algériens sont passés durant les deux grandes guerres de citoyens d’un pays divisé à une Nation constituée. Lorsqu’on parle des mouvements des partis en Algérie on parle de mouvement nationaliste parce que ces partis-là ont créé la nation algérienne. Nous avons eu un début de nationalisme en 54 et nous l’avons perdu en 62. S’il y avait une nation, jamais un Algérien n’aurait pu tuer un autre Algérien durant les années 90. Il faut qu’on revienne à une véritable politique nationale.

Les gens qui se sont battus pour que vive l’Algérie ont perdu la vie et n’ont rien gagné. Ce n’est plus le matériel qui fait une nation. Nous avons perdu cette volonté de vivre en commun à partir de 62. Pour la reprendre il faut que nous écrivions seuls notre Histoire».

 



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