Un artiste désabusé

Mouddène Mehdi est un artiste qui a observé, tout au long de sa carrière, l'évolution de la chanson algérienne dans ses diverses facettes et genres musicaux.Né en 1937, il a débuté sa carrière en 1956 à Kénadsa. Ce luthiste et violoniste est aussi parolier et compositeur de chansons populaires.
En plus de sa participation à des troupes artistiques, son répertoire musical est riche de 17 chansons déposées auprès des radios régionales de Béchar, Adrar, Tindouf et Tlemcen. A l'indépendance, Mouddène Mehdi, qui a rejoint la troupe musicale de Benghali Norredine à Blida et participé à de nombreux galas dans les fêtes nationales aux côtés de prestigieux artistes algériens comme Abderrahmane Aziz, Hachemi Garouabi, Nora et El Anka, se plaît à évoquer cette période avec nostalgie. Le musicien a une préférence pour la chanson populaire et «El melhoun». Pour lui, «le véritable chanteur est celui qui crée et produit ses propres ?uvres et innove en même temps, au lieu de mimer les autres chanteurs nationaux ou étrangers».
Parolier, il compose actuellement des chansons pour la nouvelle vague d'artistes et l'interpelle à ?uvrer dans le sens de la création et de l'innovation. «Car, se désole-t-il, nous disposons d'un patrimoine d'une richesse inépuisable, mais faute de création, il se perd».
Mehdi est cependant gagné par l'amertume et s'estime marginalisé de la part de plusieurs institutions publiques, qui ne font plus appel à lui lors des soirées musicales à l'occasion des fêtes nationales et religieuses, alors, affirme-t-il, qu'il est encore en mesure d'activer sur la scène musicale. Adhérent à l'ONDA depuis 2003, l'artiste ne perçoit aucun avantage lié à ses activités. Retraité d'une entreprise publique, il perçoit une modique pension, insuffisante pour entretenir sa famille et mener une vie décente, avoue-t-il, désabusé.