Algérie - A la une

Un tabou à exorciser



Le pays est traversé par des courants contraires qui le mènent insidieusement vers des contrées inhospitalières, menaçant même sa stabilité. Des échauffourées ont eu lieu près de Bouira entre manifestants qui ont bloqué la route menant vers Tikjda et gendarmes dépêchés pour ouvrir la voie. La contestation sociale et culturelle dans certaines régions ayant comme carburant l'amazighité n'a pas semblé interpeller les représentants du peuple à l'APN. Aucun écho, aucune réaction d'ailleurs même de la part du gouvernement, qui semble encaisser les coups, comptant sur la fatigue et l'épuisement pour un rétablissement de la situation. Dès lors, comment interpréter la réaction d'une députée, furieuse de l'absence du chef de la diplomatie à l'APN pour répondre à «ses» questions écrites ' La réaction de cette députée montre en réalité toute la distance qu'il y a entre la réalité sociale quotidienne du pays et les centres d'intérêt des représentants du peuple.La crise actuelle qui secoue, une fois encore, la Kabylie repose en termes beaucoup plus durs le rôle de ces députés et leur emprise sur la vie sociale des Algériens, à défaut de les représenter et défendre leurs intérêts avec le gouvernement. Pire, l'APN a perdu son rôle social d'intermédiaire entre le peuple et le gouvernement, sa véritable mission politique, celle d'être au service des aspirations populaires lorsqu'une loi de finances dure et impopulaire, impliquant une plus grande paupérisation des salariés, est votée à l'unanimité. Non, l'APN aujourd'hui représente tout, sauf les électeurs, ceux qui ont voté pour que les institutions de la République se renouvellent, fonctionnent et fassent tourner la machine à adopter les lois qui font tourner le pays.
Sur beaucoup de questions, l'APN est absente et n'a jamais, sinon en de rares occasions, utilisé son pouvoir discrétionnaire pour interpeller le gouvernement sur les grandes questions sociales, y compris celles qui ne devraient pas fâcher, l'amazighité. Une question certes devenue un fonds de commerce politique et culturel, mais, au demeurant, qui mérite d'être traitée non pas comme un tabou que l'on doit exorciser, mais comme un élément fondamental de la culture et l'identité des Algériens. On en est là hélas au 3ème millénaire. En restant muette sur cette question, l'APN est complice de cette situation et n'aide pas vraiment le gouvernement à dépasser et trouver des solutions définitives, une fois pour toutes, à cette question qui empoisonne les Algériens. Car si dans les textes l'amazighité est consacrée, dans la réalité, les frilosités, les blocages et les réactions intempestives de l'Etat demeurent et il appartient au plus haut point au gouvernement et à l'Assemblée du peuple de trouver les canaux nécessaires pour que chacun ne se sente pas lésé, laissé en rade de la République.
L'Algérie est vaste, un pays fier de sa multiculturalité et de son histoire. Dès lors, il est temps d'éradiquer ces cloaques culturels qui bloquent le pays là où cela ne le devrait pas. Et, surtout, ne pas consacrer à des questions qui auraient dû être réglées il y a longtemps avec la bonne gouvernance politique et le respect des droits humains plus de temps qu'il n'en faut.
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