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Yennayer, c'est s'aimer les uns les autres pour le vivre-ensemble



Au soir de ce jeudi 11 janvier, l'espace Bachir-Mentouri de l'établissement Arts & Culture a offert l'hospitalité à l'habitué mais aussi à l'anonyme curieux de l'art, venus y prêter main-forte aux convives pour déloger "l'amghar ouchouqyaye" et son baluchon si plein d'épreuves, de l'infortune, de privations mais aussi de dèches que le vieillard avait semés durant l'an écoulé. Donc, autant dire qu'il y avait de l'enthousiasme autour du rituel de Yennayer, notamment l'histoire de "l'Âadjouza" qui s'était moquée de l'hiver qu'elle croyait déjà loin au royaume des saisons. Alors, contrarié, l'hiver fit l'emprunt (Amerdil) de deux jours auprès de furar (février) comme s'il s'agissait d'un prêt sur gage et stria le ciel d'éclairs d'orages qui emportèrent la mégère ainsi que sa chèvre chez les At-Yenni. Et depuis, la hargneuse chipie s'était muée en statue de pierre.Autant de récits qu'avait inclus l'archéologue Hamid Bilek dans sa conférence qu'il avait animée ce jour, dont Ayred, ce carnaval que les habitants de Beni Snouss à Tlemcen fêtent chaque année à l'occasion de Yennayer, où les jeunes villageois se déguisent en roi lion, à l'image de la puissance qu'incarna Massinissa, le roi de Numidie.
Ils collectaient des dons qu'ils distribuaient aux nécessiteux, a-t-on su du conférencier. "Outre cela, Yennayer revêt cette année une saveur particulière, du fait que la fête est incluse à l'agenda des journées chômées et payées. Donc, et à l'opposé de ce qui précède, tamazight est revenu de loin aux côtés de ses enfants après d'âpres luttes, où beaucoup de militants de la cause amazighe ont payé le lourd tribut pour qu'il soit aujourd'hui ce legs mémoriel qu'ils ont légué à la postérité. D'où l'intérêt de revisiter l'histoire profonde de Yennayer dans l'éphéméride amazigh qui fut l'?uvre en 1980 de Ammar Neggadi, dit le Chaoui. À ce sujet, Yennayer requiert de l'éclairage afin d'évaluer son impact sur l'économie, puisqu'il s'agit de le rentabiliser au mieux, en révisant d'abord nos rapports avec notre terre nourricière et de s'investir dans l'agriculture biologique. Pour ce faire, il est requis de s'engager pour la protection de l'environnement afin d'endiguer l'avancée du désert et d'atténuer le réchauffement de la planète", a ajouté le tribun.
De plus, l'archéologue Hamid Bilek n'a eu de cesse de consulté le temps où a surgi l'épopée première du roi berbère Chachnaq 1er (Sheshonq) qui fut intronisé pharaon d'Egypte après qu'il eut proclamé l'acte de l'unification de l'Egypte.
Du reste, les révélations ont tenu en haleine l'auditoire avec l'?uvre de fiction en tamazight Adrar Ay Uccen de l'universitaire Hacène Halouane (ed Atfalouna), qui a déclaré : "C'est l'histoire du retour d'un globe-trotter à sa taddart natale, lui qui croyait qu'il allait séjourner le temps d'une visite éclair au piedmont d'idhourar. Mais il était dit que la montagne n'est pas seulement un rocher, puisqu'elle suggère également le retour vers les siens, à l'aide de la brise du rameau d'olivier. Et tout ce qui a trait aux souvenirs de l'enfance s'est mis à lui parler ! Notamment la pierre qu'il faisait voltiger au-dessus du ruisseau, le figuier de son premier maraudage ainsi que la couleur des choses et la maison de l'aïeul qui tombe en ruine. Ce n'est donc ni un repli ni une ghettoïsation, sinon que l'envie d'être par les siens et de se faire une place au c?ur de sa maman même s'il faut repartir un jour."
En ce sens, l'alchimie qu'a concoctée la dame Fouzia Laradi entre Hamid Bilek et Hacène Halouane s'est avérée ce liant qui a permis aux Algériens de s'asseoir à la même maïda, où il sentait bon l'effluve du couscoussier qui augurait des délices de l'imensi (dîner) de Yennayer. Assegwas amegaz.
Louhal Nourreddine
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