Algérie - Actualité littéraire

Forum d’El Moudjahid Yamina Cherrad Bennaceur revient sur son combat révolutionnaire


Forum d’El Moudjahid Yamina Cherrad Bennaceur revient sur son combat révolutionnaire
A l’occasion de la célébration de la Journée internationale de la femme, le Forum de la Mémoire d’El Moudjahid en coordination avec l’association Machaal Echahid, a abordé, mardi matin, le combat de la femme algérienne durant la Révolution algérienne.


Pour ce faire la moudjahida Yamina Cherrad Bennaceur a été, conviée pour présenter son livre Six ans au maquis, publié par les éditions El Kalima, en septembre dernier lors du Sila.

D’emblée, Fouad Soufi, chercheur au Centre de recherche en anthropologie sociale, a indiqué que le livre de Yamina Cherrad Bennaceur est un condensé de pudeur. Il note, également, que la génération dite «novembriste» a compté beaucoup de femmes de tous les âges et toutes les conditions matérielles et sociales, mais pendant longtemps, elles sont restées la face cachée de l’histoire. Il reconnaît qu’il n’y pas eu beaucoup d’Algériennes qui ont participé à l’écriture de leurs mémoires.

«Ce qui est intéressant, note-t-il, c’est le silence de ces femmes qui sont inversement proportionnelle à leur engagement. Plus elles ont travaillé moins elles ont parlé. Il y a déjà eu un travail historique dans ce sens là en 2004.» Faisant une analyse de données textuelles de Six ans dans le maquis, Fouad Soufi constate que «ce qui est fascinant dans ce livre, c’est la vie de Yamina Cherrad avant le maquis, au maquis et après le maquis».

«Elle nous dit que toutes ces années étaient belles, ses jours étaient beaux et ses moments étaient fantastiques. Si tout cela était beau et fantastique, parce que c’était porté par un idéal. Et c’est cet idéal qui vaincra l’armée coloniale. La description qu’elle nous donne de la vie à Sétif, c’est de l’anthropologie sociale» argumente-t-il.

Yamina Cherrad est issue dans une famille modeste, un père lettré, une mère, détentrice d’un certificat d’études dont elle ne parle pas beaucoup et d’une sœur qui l’a formée au nationalisme. Après l’école primaire à Bel Air de Sétif, elle rentre à l’école d’infirmière de la même ville et en ressort, en 1953, major de promo. Fouad Soufi ajoute qu’il y a de l’émotion tout au long de ce livre, «même quand elle décrit sa venue à Alger pour la première fois à l’âge de seize ans ou encore quand elle a gardé le souvenir de cet éclair de douleur atroce sur le visage de sa mère, quand elle apprend qu’elle rejoint le maquis».

Yamina Cherrad rejoint le maquis le 12 novembre 1956, alors qu’elle n’a que vingt ans. Toujours selon Fouad Soufi, Yamina Cherrad nous fait partager son admiration pour tous les combattants de la cause nationale et nous fait découvrir, aussi, toutes ces régions qu’elle a parcourues à pied ou à cheval.

Dans l’un de ses chapitres, la maquisarde se demande où est passé le carnet de notes de son défunt mari, Bachir Bennaceur, tombé au champ d’honneur le 1er décembre 1961 et avec qui elle aura un fils, Saïd qui naîtra dix jours après la disparition de son père. Avant sa mort, Bachir Bennaceur a jeté un carnet de notes sur la terrasse d’une maison et «apparemment il aurait été donné à l’historien Mohammed Harbi. Quand j’ai posé la question par l’intermédiaire de quelqu’un qui connaît Harbi, il m’a fait répondre qu’il ne s’en souvenait pas. L’historien est très malade», éclaire Fouad Soufi.

Avec la timidité et la douceur qu’on lui reconnaît, la maquisarde Yamina Cherrad Bennceur avoue qu’elle s’est décidée à laisser un legs cinquante ans après l’indépendance de l’Algérie pour ses petits-enfants et à tous les enfants de son pays. «Je ressens la nécessité de laisser le témoignage d’une femme qui a vécu la lutte d’indépendance et qui, alors, même que notre société n’était pas préparée à l’engagement des femmes, a fait son devoir.»

Après avoir fait un rappel magistral de son parcours, Yamina Cherrad Bennaceur a tenu à rendre un hommage appuyé à la femme rurale, qui a eu à affronter au quotidien, durant la Révolution nationale, le danger et la peur. La femme rurale a fait preuve de beaucoup de générosité envers les maquisardes qui approchaient son foyer…

L’auteure de Six mois au maquis, Yamina Cherrad Bennaceur, ne pouvait pas clore son intervention sans émettre un vœu : celui de voir son livre traduit en langue arabe.




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