Algérie - 05- La période Ottomane

La force Publique du Beylek
La force publique avait deux destinations bien distinctes : assurer, d'une part, l'exercice du pouvoir central, en soumettant le pays à son action uniforme, et, de l'autre, veiller à la tranquillité des tribus et au maintien de l'ordre.
Comme instrument de la force publique pour assurer l’action du pouvoir central, il y avait :
- La milice.
- Les zemoul.
- La deïra du makhzen.

L'autre branche de la force publique comprenait les deïra au service des divers fonctionnaires et les zemala des cheikhs et des kaïds, ou les deïra mezerguia.

La milice :

Avant la prise d'Alger par les Français, la Milice se composait exclusivement de Turcs ; on y admettait à peine quelques Kulughlis. Le recrutement des Turcs se faisait sur les côtes des deux Turquies et particulièrement à Istambul et à Smyrne. Transportés de ces deux villes à Alger, ils étaient aussitôt incorporés dans un des régiments qui composaient l’odjak, et devenaient, sans autre instruction préliminaire, soldats de la milice. Ils recevaient à ce titre, tous les quatre mois, une solde en argent ; après trois ans, leur solde leur était payée tous les mois.

Les Kulughlis (fils de Turcs et de femmes indigènes), pouvaient être inscrit comme soldats et étaient dès lors traités, tant pour l'avancement que pour la solde, sur le même pied que les Turcs.

Le service de la milice se divisait, par année, en service de nouba ou de garnison, et en service de mahalla, ou de colonne expéditionnaire,

Chaque nouba se composait de plusieurs sefra (tables), ou escouades, comprenant de quinze à vingt hommes.

Voici, d’après le Tachrifat, de M. Devoulx, quels étaient, en 1829, dans la province de Qacentina, le nombre et la position des noubas :
Nouba de Qacentina : 5 sefra, 73 hommes.
Nouba de Bône : 5 sefra, 71 hommes.
Nouba de Biskra : 4 sefra, 72 hommes.
Nouba de Bougie : 3 sefra, 44 hommes.
Nouba de Tébessa : 2 sefra, 29 hommes.
Nouba de Djidjelli : 2 sefra, 29 hommes.
Nouba de Hamza : 1 sefra, 15 hommes.
Total : 22 sefra, 333 hommes.

Ces nouba étaient exclusivement consacrées à la garde des villes ou des postes qui leurs étaient confiés, et ne pouvaient en sortir sous aucun prétexte. Elles étaient renouvelées chaque année au commandement du printemps.

Dans chaque nouba, il y avait un corps de bombardiers (bonbardjïa), et un corps de canonniers (tobdjïa).

Ces corps restaient constamment dans les villes auxquelles ils étaient attachés, et ne changeaient point de garnison avec les noubas. Ils devaient suivre le bey dans les expéditions où il avait besoin de leurs services. Le commandant en chef d'une nouba prenait le nom d'agha en nouba.

Le service des mahalla, ou colonnes expéditionnaires, avait lieu deux fois par an, au printemps et à l'automne. Ces colonnes, partant d'Alger, étaient destinées à assurer la rentrée des impôts dans les trois provinces. Elles étaient composées d'un certain nombre de tentes ou chambrées renfermant chacune dix neuf hommes. Les corps de troupe fournis par les Zouaoua faisaient partie des mahalla.

Le corps des Zouaoua, soldats volontaires, se recrutait, dans le principe, parmi les tribus kabyles de ce nom. Plus tard, on y admit indistinctement tous ceux qui voulurent s'enrôler sous les drapeaux de la milice.


Le nombre de tentes de la colonne de l'Est était de soixante, ainsi divisées :
Corps du bey 20 tentes.
Corps du Khalifa 20 tentes.
Corps de Bougie 20 tentes.

Des quinze cents Turcs qui arrivaient chaque année au printemps pour parcourir la province et lever l'impôt, 1.250 hommes retournaient à Alger en automne, et 250 passaient l'hiver à Qacentina, casernés dans la Casbah, ou bien campés aux portes de la ville, sur les bords de l'Oued Rhummel. C'est ce qu'on désignait sous le nom de mahallet ech chetta, colonne d'hiver. Ces 250 hommes partaient à l'automne avec le cheikh el Arab, pour aller lever les contributions dans le Sahara, et revenaient au printemps.

Les Zemouls : ou gens de Zemala.

Ils constituaient, dans la province de Qacentina, la plus ancienne et la plus redoutable cavalerie du makhzen, étaient établis dans la plaine de Melila, sur la route de Qacentina à Batna. Ils formaient une tribu guerrière dont le chef militaire et administratif portait le titre de kaïd zemala. Sur un ordre du bey, ils devaient prendre les armes, monter à cheval et lui prêter Main forte, soit pour châtier les rebelles, soit pour faciliter l'exécution des mesures administratives. Pour chaque cinquante cavaliers environ, on nommait un chaouch qui n'exerçait qu'une autorité purement militaire. Sous le dernier bey, Hadj Ahmed, ils comptaient plus de cinq cents cavaliers commandés par dix ou quinze chaouchs, selon que les circonstances l'exigeaient.

Les deïra :

On comprenait sous cette appellation tous les gens de guerre des tribus autres que celles des Zemoul. Comme ces derniers, ils devaient prendre les armes toutes les fois qu'ils en étaient requis ; mais leurs privilèges étaient moins étendus. Au lieu d'être entièrement affranchis de l'impôt en argent, ils devaient en payer les deux cinquièmes. Ils avaient pour chef militaire et administratif l'agha ed deïra ; mais ce fonctionnaire résidait à Qacentina, et, en fait, les cheikhs restèrent les vrais administrateurs des tribus deïra. Cette cavalerie comptait environ mille hommes, elle était commandée par vingt ou trente chaouchs.

Voici les principaux groupes de deïra et les points qu’ils occupaient :

- Dans la vallée de Oued Boussela, entre Aïn el Khacheba et Djemila ils portaient le nom de deïra el oued,
- Au Sera, au sud de Mila : ces cavaliers s'appelaient deïra seraouia.
- A Oued ez Zenati, sur un terrain que leur cédèrent les Guerfa.
- A Qacentina même, où on recrutait environ cinquante cavaliers.

Outre ces tribus essentiellement guerrières, chaque grand cheikh ou kaïd avait auprès de lui un certain nombre de cavaliers, désignés sous le nom de deïra mezerguia (lanciers) dans les grands commandements, et de zemala pour les kaïdats ordinaires. Ils ne payaient, comme ceux du makhzen, que les deux cinquième du hokeur et étaient exempts de la gherama, toujours considérable comme étant l'impôt des vaincus.

Du reste, les cavaliers du makhzen, quels qu'ils fussent, ne recevaient jamais de solde. Lorsqu'on les employait à la perception de l'impôt en argent ou d'une amende, ils avaient droit à un dixième en sus de la somme cotée, dixième qui leur était payé par les contribuables, et dans les razzia on leur abandonnait le butin qu'ils enlevaient. Une fois l'expédition terminée, ils rentraient dans leurs foyers pour s'y livrer à la culture des champs ou à l'élevage de leurs troupeaux.

Quant aux Kabyles, on assure qu'ils eussent pu mettre sous les armes de 15 à 20.000 fantassins. Cependant leurs rassemblements les plus nombreux n’ont jamais dépassé quelques milliers d'hommes.

En somme, les forces de la province pouvaient s'élever à 22.000 fantassins et 23.000 cavaliers, en tout 45.000 hommes ; mais, même en faisant, appel à toutes ces forces, on n'a jamais pu réunir plus, de 5 ou 6.000 cavaliers et à peu près autant de fantassins.

Enfin, pour établir la sûreté des communications, il existait, sur les principales routes, des knak ou bivouacs, commandés par des cheikhs qui étaient responsables, dans un certain rayon, de la sûreté des voyageurs et des caravanes. Ces knak étaient, en partant de Qacentina pour se rendre à Alger, Bir El Beguirat, Draâ et-Tobbal, Kareb, Medjez el Hammar, Sétif, Taghrout, Sidi M’Barek, Draâ Lahmar, Médjana, Beni Mansour, Dehous, Hamza (Bouira), Ben Henni, Draâ el Beghal el Haouch (dans la Mitidja) et Alger.


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